Interdiction de la traversée vers les îles de Loos : la colère des piroguiers du port de Boulbinet

Abdoulaye Camara, piroguier
Momo Sylla, syndicat des piroguier

Comme annoncé précédemment, le gouverneur de Conakry a annoncé hier la fermeture des plages de la capitale et l’interdiction de la traversée vers les îles de Loos jusqu’au 15 janvier prochain. Cette décision de Mathurin Bangoura provoque la colère des piroguiers du port de Boulbinet, qui voient leur activité bloquée au moment où elle devait être le plus intense.

Interrogé par un reporter de Guineematin.com, ce jeudi 31 décembre 2020, certains d’entre eux ont dénoncé une mesure incompréhensible, rejetant l’argument de Covid-19 brandie par les autorités pour la justifier.

 

Décryptage !

Abdoulaye Camara, piroguier

Abdoulaye Camara, piroguier : « cette décision du gouvernorat de Conakry va nous causer assez de préjudices. Les autorités auraient pu nous dire de réduire le nombre de passagers dans les pirogues ou encore nous dire de ne pas traverser de telle heure à telle heure, pour qu’on ne puisse pas perdre la clientèle en ces jours de grande affluence. Dans cette vie, chacun a son travail. Et nous aussi, c’est ici que nous gagnons à manger, que nous assurons la scolarité de nos enfants.

 

L’argument utilisé pour justifier cette interdiction ne tient pas du tout. Si c’est par rapport à la Covid-19, pourquoi la foire et les autres lieux de loisir restent-ils ouverts au public à l’occasion des festivités de fin d’année ? Je me demande même s’ils ne l’ont pas fait pour faire la promotion de la foire pour que les gens viennent là ou qu’ils prennent part aux différents concerts. On ne peut pas certes outrepasser la décision des autorités, mais il faut qu’on leur dise à quel point cela nous affecte ».

Amara Sylla, piroguier au port de Boulbinet

Amara Sylla, piroguier : « cette décision a été amèrement accueillie au sein de notre corporation. Ça nous a vraiment touchés. Nous qui travaillons ici, nous vivons du jour au lendemain. Si on nous interdit de traverser pendant ces jours, ça va jouer sur notre quotidien. Comme on n’y peut rien, on est obligés de nous soumettre. Mais ce n’est vraiment pas une bonne décision. Pourtant, nous savons tous que Koffi Olomide doit jouer dans un hôtel de Conakry ainsi que Bambino.

 

Si c’était vraiment lié au coronavirus, si c’était pour empêcher les regroupements, les autorités n’allaient pas accepter la tenue de ces spectacles. Depuis l’apparition de cette pandémie, le tourisme a pris un sérieux coup et cela a eu un impact sur notre chiffre d’affaires. Pendant qu’on s’apprête à recevoir beaucoup de gens en cette fin d’année, nos autorités prennent une telle décision. Nous sommes vraiment peinés par rapport à ça ».

Momo Sylla, responsable du syndicat des piroguiers des îles de Loos

Momo Sylla, responsable du syndicat des piroguiers des îles de Loos : « Depuis l’avènement de la pandémie du coronavirus, nous souffrons ici. Les visites sur les îles ont drastiquement baissé. Et maintenant que croyait pourvoir faire un bond, ce communiqué du gouvernorat vient nous affecter de nouveau. Donc, il faut vraiment que les autorités revoient cette décision. Parce que c’est en ce moment que nos piroguiers ont beaucoup de clients. J’invite plus particulièrement le gouverneur Mathurin de penser à la précarité de ces jeunes piroguiers qui n’ont que ce travail pour vivre ».

Propos recueillis par Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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