Gouvernance de la Guinée en 2020 : le bilan est « mitigé », selon Dansa Kourouma

Dr Dansa Kourouma, président du CNOSC-G
Dr Dansa Kourouma, président du CNOSC-G


En ce début d’année 2021, la rédaction de Guineematin.com donne la parole à plusieurs acteurs de la vie nationale pour faire le point de l’année écoulée et voir les enseignements qu’il faut en tirer. C’est le cas notamment de Dr Dansa Kourouma, le président du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CNOCS-G), interrogé ce lundi 4 janvier par un de nos journalistes. L’activiste de la société civile a dressé un bilan « mitigé » d’une année fortement marquée par la lutte contre la pandémie du coronavirus.

« 2020 n’est pas une année où on peut faire un bilan économique ou un bilan social mais une année qui a été dominée à 80% par la lutte contre la Covid-19. Alors, sur ce plan, permettez-moi de vous dire que la Guinée a déjoué les pronostics défavorables à la fois de l’OMS ; mais, même des partenaires financiers. D’abord, c’est un pays qui a bénéficié de moins de financement contrairement à d’autres pays, mais l’Etat guinéen a pu résister face à Covid-19.

L’économie s’est montrée résiliente et la stratégie nationale de lutte contre Covid-19 a eu un impact positif. Parce que le taux de mortalité en Guinée est l’un des plus faibles dans la sous-région, le taux de positivité en Guinée est l’un des plus faibles dans la sous-région. Ceci porte à croire que le premier bilan que je peux attribuer au régime du professeur Alpha Condé, c’est la gestion efficace et rationnelle de la riposte nationale contre la Covid-19 », a indiqué le président du CNOSC-G.

Cependant, Dr Dansa Kourouma soutient que les droits de l’homme ont pris un sérieux coup en 2020. Cela, en raison notamment des restrictions imposées aux citoyens au nom de la lutte contre la Covid-19. « S’il faut parler de l’impact de cette politique de riposte pour la population, le bilan reste mitigé. D’abord, il y a eu une restriction drastique des libertés. Au nom de la sécurité sanitaire, les libertés publiques ont pris un coup dur, notamment les libertés de manifester, les libertés même de critiquer, les libertés d’association et les libertés de  presse. Ce sont des libertés fondamentales qui ont pris un coup au nom de la riposte contre Coronavirus.

Les subventions ou les mesures d’atténuation que l’Etat guinéen a envisagées pour aider la population, il faut reconnaître que ces mesures ont eu très peu d’impact sur la population. Parce qu’on a parlé de la gratuité de l’électricité, alors que moins de 35% de la population guinéenne a accès à l’électricité. Donc, cette mesure ne profite qu’à moins de 30% de la population guinéenne. La gratuité des transports publics, il n’y a que moins de 7% des guinéens qui utilisent le transport public. Donc, cette mesure n’a eu de l’impact que pour 7% de la population guinéenne », a-t-il dit.

Sur le plan politique, l’activiste de la société civile trouve que la gouvernance n’a pas du tout été bonne au cours de l’année écoulée. « Ce qui n’a pas marché en 2020 est plus que ce qui a marché. La gouvernance n’a pas marché en 2020. Il y a eu un sérieux problème au niveau de la gouvernance politique en 2020. Les élections générales (législatives, référendum et présidentielle) ont été organisées dans un contexte de tension et de rupture du consensus politique. Les élections se sont passées dans la légalité, mais leur légitimité reste discutable.

Parce que les grandes entités de la vie socio-politiques nationales n’approuvent pas la manière dont les élections se sont tenues. La deuxième chose qui n’a pas marché, ce sont les restrictions des libertés globales : les interpellations, arrestations, manifestations, contre-manifestations avec leur cortège de violences, morts d’hommes. C’est la page la plus significative de l’année 2020 », a dit notre interlocuteur, qui déplore également la dégradation très poussée des infrastructures routières.

« En 2020, la Guinée a connu le niveau de détérioration des infrastructures le plus poussé à ma connaissance. Toutes les routes urbaines, à l’intérieur du pays, étaient dans un état de délabrement très poussé, comme si la pluie qui tombait en 2020 était une pluie complètement érosive. Mais en fin d’année 2020, on a vu le démarrage de grands chantiers routiers, notamment à Conakry et à l’intérieur du pays. Ce qui est un ouf de soulagement », souligne Dr Dansa Kourouma.

Parlant de ses attentes au compte de l’année 2021, le président du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne souhaite voir une amélioration de la gouvernance, qui doit commencer par le dialogue entre les acteurs politiques. « Il faut renouer avec le dialogue politique pour une discussion politique, pour que les acteurs politiques puissent convenir, surtout les principaux partis politiques d’opposition qui sont en dehors du parlement. Il faut donner de l’espace politique pour que l’opposition extraparlementaire puisse participer au débat national. Et, ceci ne peut pas se faire sans un cadre de dialogue inclusif », estime l’activiste de la société civile.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

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