Prix de la Presse Panafricaine : « Quand les lions… »

Olivier THIBAUD, fondateur du Prix de la Presse Panafricaine

Le palmarès de la troisième édition du Prix de la Presse Panafricaine aurait dû être dévoilé en mars 2020, dans le cadre du Salon Livre Paris. Pour cause de pandémie, il vient tout juste de nous être révélé.

Nous accueillons aujourd’hui Ambre Delcroix, la présidente de l’association MOKANDA qui organise ce prix depuis ses débuts.

Ambre Delcroix, la présidente de l’association MOKANDA

Oscar :

  • Ambre, nos lecteurs vous connaissent peu, je dirais même pas du tout ! Pouvez-vous nous dire qui vous êtes ?

Ambre Delcroix

Je suis franco-invoirienne, j’ai 36 ans, je vis à Paris et je suis la maman d’un garçon de 9 ans et d’une petite fille de 5 ans. Je viens du monde du journalisme et de la communication.

Depuis le 22 novembre dernier je préside l’association MOKANDA (1), une association culturelle qui organise notamment le Prix de la Presse Panafricaine.

Je succède en cela à son fondateur Olivier THIBAUD qui a choisi de ne pas demander le renouvellement de son mandat.

  • Disons que vous êtes une Parisienne ?

Ambre Delcroix

Je dirai oui et non. Permettez-moi de vous apprendre que je suis née au Ghana et que j’ai passé ma principale jeunesse en Côte d’Ivoire.

Je connais néanmoins votre pays la Guinée puisque j’ai vécu à Kankan durant trois années . A cela j’ajouterai le Mali…

  • Passons maintenant au livre, si vous le voulez bien.

La France compte pas moins de deux mille prix littéraires :

Ne pensez-vous pas que ça fait un peu trop de prix ?

Alors, en quoi le vôtre serait-il différent des autres ?

 

Ambre Delcroix

Vous faites bien de me poser cette question !

Le fondateur (n.d.l.r. Olivier THIBAUD) avait constaté que la totalité des prix littéraires était décernée à des auteurs principalement venus du nord par des jurys également constitués de personnes venues…du nord !

N’y avait-il pas une lacune quelque part ?

L’Afrique, qui compte 54 Etats, n’aurait-elle pas ses propres écrivains ? N’aurait-elle pas ses propres ressortissants capables de distinguer les meilleurs de ses auteurs ?

C’est là que je me dois de vous confier la célèbre phrase du grand écrivain nigérian Chinua Achebe.

En effet, l’immense auteur nigérian Chinua Achebe aimait à dire :

« Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, l’histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur ! »

Voilà le principe fondateur qui inspire ce Prix attribué par un jury panafricain à des auteurs africains.

Olivier THIBAUD fondateur du Prix de la Presse Panafricaine

Olivier THIBAUD, fondateur du Prix de la Presse Panafricaine
  • Le succès a été immédiat !

Ambre Delcroix

Les résultats de ce prix ont dépassé tout ce que nous avions pu imaginer !

Témoin la lauréate de notre deuxième édition de 2019, la Camerounaise Djaïli Amadou Amal, couronnée du prestigieux Prix Goncourt des Lycéens l’année suivante 2020, précisément le 26 novembre dernier.

J’ajoute d’ailleurs que les Guinéens la connaissent bien puisqu’elle était invitée d’honneur aux 72 Heures du Livre à Conakry de 2019 organisées par le très dynamique Sansy Kaba Diakité. Permettez-moi d’ailleurs de saluer Sansy Kaba Diakité qui a propulsé Conakry en 2018 au devant de la scène culturelle internationale en décrochant le magnifique label « Conakry capitale mondiale du livre de l’UNESCO » !

Et comme un succès n’arrive jamais seul, permettez-moi également de vous présenter notre lauréate pour l’année 2020, Roukiata Ouédraogo du Burkina-Faso, que vous connaissez bien puisqu’elle a crevé la scène en avril 2018 en présentant à Conakry sa pièce à succès : « Je demande la route ».

Je pense d’ailleurs que Roukiata ne manquera pas de marcher sur les traces du succès de Djaïli puisque je viens d’apprendre qu’elle était pressentie pour le fameux Prix des Cinq Continents décerné par l’O.I.F. (Organisation internationale de la francophonie).

Et vous même Oscar Ben Barry, vous n’avez pas échappé à la sagacité de notre jury puisqu’il vient de vous élire meilleur auteur de bande dessinée pour l’ensemble de l’Afrique Francophone !

  • Ambre Delcroix, pouvez-vous donner une brève conclusion à notre entretien ?

Ambre Delcroix

Je dis que l’Afrique est pleine de talents, et nous allons nous employer à les faire connaître !

  • Alors, Chère Ambre, permettez-moi d’ajouter ma conclusion à la vôtre ! Comme le dirait Chinua Achebe s’il était parmi nous : Vous êtes une lionne !

Ambre Delcroix

(Silence) … Pourquoi pas, si vous le dites ! (rires)

Oscar, dans son bureau au journal BINGO, à Conakry – Guinée

Oscar, dans son bureau au journal BINGO, à Conakry – Guinée

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(1)  définition du mot MOKANDA

Le lingala est une langue bantoue essentiellement parlée dans les deux Congo (Congo Brazzaville et République Démocratique du Congo).

Selon le dictionnaire en ligne https://dic.lingala.be/fr/mokanda, il signifie : lettre, papier, peau , ou livre.

En clair, mokanda signifie à la fois l’écrit et son support.

Les lauréates du Prix de la Presse Panafricaine

2019 – Djaïli Amadou Amal pour « Munyial, les larmes de la patience » publié en France l’année suivante sous le titre « Les impatientes », Prix Goncourt des Lycéens 2020

2020 – Roukiata Ouédraogo pour « Du miel sous les galettes »

A lire : « Tout s’effondre » (Editions Actes Sud) de Chinua Achebe : le livre « culte » traduit en 40 langues et qui s’est vendu à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires.

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