Liberté de la presse : « 2020 aura été une année singulière pour les médias en Guinée » (URTELGUI)

Aboubacar Camara, président par intérim de l'URTELGUI
Aboubacar Camara, président par intérim de l’URTELGUI


L’année 2020 qui vient de tirer sa révérence ne laisse pas de bons souvenirs au président par intérim de l’Union des Radiodiffusion et Télévisions privées de Guinée (URTELGUI). Aboubacar Camara estime que cette année aura été particulièrement difficile pour les médias membres de son organisation. Il l’a dit dans un entretien avec un journaliste de Guineematin.com hier, mardi 5 janvier 2021.

A l’issue de chaque nouvelle année, le moment est mis à profit pour marquer une pause, regarder dans le rétroviseur, pour dresser le bilan de l’année écoulée. Et, en ce qui concerne les médias audio-visuels guinéens, 2020 a été une année de dure épreuve. Selon Aboubacar Camara, le président par intérim de l’association regroupant les patrons des radios et télévisions du pays, les conditions n’étaient pas réunies pour que ces entreprises de presse travaillent comme il se devait.

« L’année 2020 aura été une année particulièrement singulière pour la presse en général dans notre pays et l’audio-visuel privée en particulier. Cette presse privée audio-visuelle a connu plusieurs péripéties et c’est qui m’amène d’ailleurs à citer le problème récurrent qui, jusqu’à ce jour, n’a pas pu être jugulé : c’est le problème majeur des finances dans ces médias. Le problème de revenu des médias audio-visuels privés va crescendo. Et, ça commence à nous préoccuper. Le phénomène est tel que nous avons constaté dans les médias audio-visuels privés, le plus souvent les médias naissent grands, avec beaucoup d’ambitions, mais à un moment donné, ces médias s’effilochent. Et, certains médias finissent par fermer carrément portes et fenêtres. Parce que tout simplement, l’espace économique n’est pas en train d’évoluer », a-t-il relevé.

Outre ces problèmes économiques, Aboubacar Camara regrette la façon dont les hommes de médias ont été traités au cours de l’année écoulée. Pour lui, les journalistes ont été brimés dans leurs droits. « 2020 aura été aussi une année singulièrement particulière pour la presse audio-visuelle privée dans le cadre du respect de la liberté de la presse. Au-delà du fait que la Guinée soit dotée aujourd’hui de l’une des lois les plus accomplies en matière du respect de la liberté de la presse, je veux parler de la loi L002 qui dépénalise de passage les délits de presse, au-delà de cela, on a été très peiné de constater que nombreux sont les détenteurs de pouvoirs publics, notamment des magistrats, des auxiliaires de justice, je veux parler de la Direction de la Police Judiciaire, qui n’arrivent pas jusqu’aujourd’hui, à s’approprier du contenu de cette loi qui est très claire en matière d’encadrement de la pratique journalistique dans notre pays.

L’année 2020 aura été une année singulière parce que nous avons vu des journalistes qui ont été à un moment privés de leur liberté, alors que la faute ou les fautes pour lesquelles on les reprochait, ces fautes s’il y en a, avaient été commises par voie de presse. Et, la loi est très claire en la matière : lorsque ces événements se passent, c’est un procureur qui doit être saisi par la partie qui se sent offensée, et le procureur à son tour, va adresser une citation directe comme ce fut le cas dans l’affaire Nabaya avec les journalistes Moussa Moïse et Cie. Aujourd’hui, on ne doit pas tomber sur un journaliste comme un cheveu tombe à la soupe parce que tout simplement quelqu’un s’est senti frustré par le travail journalistique fait par ce dernier », souligne le président de l’URTELGUI.

Le Directeur général du groupe Gangan fonde l’espoir que 2021 ne sera pas comme l’année écoulée. « Nous appelons les autorités à beaucoup plus d’ouverture d’esprit en ce qui concerne le travail que les journalistes mènent sur le terrain. Nous pensons aussi que cette nouvelle année va connaitre la signature de la première convention collective des journalistes et techniciens des médias privés dont la première mouture est déjà terminée. Elle a été envoyée aux associations de presse pour correction. Pour cette nouvelle année, nous souhaitons ardemment que des mesures soient prises par les autorités pour élargir l’assiette de la subvention qu’on accorde aux médias », a dit M. Camara.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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