Partage des études de cas sur les pratiques locales de gestion foncière dans les quatre régions naturelles de la Guinée. C’est le thème d’un atelier national de deux jours, qui a été lancé ce jeudi, 07 janvier 2021, dans un espace hôtelier de Conakry. Cette rencontre regroupe une quarantaine de participants dont des cadres des Ministères de l’Agriculture, de la Ville et de l’Aménagement, de l’Administration du Territoire et de Décentralisation et des représentants d’ONGs venus des quatre régions de la Guinée, des représentants du secteur privé, ainsi que des partenaires techniques et financiers dudit projet. C’est une initiative de l’ONG ACORD GUINEE, en collaboration avec les départements sectoriels avec l’appui technique et financier de l’Agence Française de Développement (AFD), à travers le comité technique du foncier et du développement (CTFD).
Dans son discours d’ouverture, le Directeur général du Bureau de Stratégie et Développement (BSD) du Ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire, Kerfalla Touré, a, au nom du gouvernement, salué cette initiative de l’ONG ACORD GUINEE. Il a rappelé que le code foncier actuel est le seul document de référence en matière de gestion foncière en Guinée, et que ce code traite surtout de l’urbain. Or, le foncier est beaucoup plus rural dans notre pays et dans la sous-région. Le Directeur général du Bureau de Stratégie et Développement (BSD) du Ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire a alors insisté sur la nécessité d’amender ce code pour l’adapter à nos réalités afin qu’il y ait moins de conflits fonciers et favoriser ainsi un développement durable et résiliant en Guinée et dans la sous-région.
« Cette rencontre nous offre l’opportunité de partager les expériences et bonnes pratiques de sécurisation foncière ayant fait la preuve en Guinée et dans la sous-région, ainsi que d’échanger sur les enjeux et les perspectives relatifs aux réformes foncières engagées par le gouvernement guinéen », a indiqué monsieur Touré.
Avant de terminer son propos, le DG du BSD du Ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire a remercié l’ensemble des acteurs pour leur bonne collaboration et surtout leur soutien pour la réforme foncière. « Je réaffirme ici l’engagement ferme du Ministère de la ville et de l’aménagement du territoire et la disponibilité de l’ensemble de ses services à consolider la dynamique multi acteurs autour d’une gouvernance foncière responsable en République de Guinée », a-t-il promis.
Pour sa part, le Directeur pays de l’ONG ACORD GUINEE a rappelé le processus qui a amené cette organisation à cette capitalisation des études des cas de bonnes pratiques dans les 4 régions naturelles de la Guinée. Selon monsieur Macky Bah, « chaque communauté a ses cultures, ses valeurs, ses traditions auxquelles. Il faudrait donc en tenir compte pour qu’une symbiose puisse être obtenue afin de pouvoir uniformiser la législation foncière », a-t-il justifié.
De leur côté, madame Aissata Yattara et monsieur Camara Mamadou Saliou, respectivement membres de la confédération des organisations paysannes de Guinée et chef du bureau de l’ONG ACORD GUINEE, ont parlé des approches utilisées en Basse Guinée et en Guinée forestières ayant permis une bonne cohabitation entre agriculteurs et éleveurs. « Les campagnes de sensibilisation organisées par l’ONG ACORD GUINEE a eu un impact positif dans ces deux régions. Car, si avant la tenue de ces séries de formation il y avait un conflit entre ces deux couches, maintenant, il y a une parfaite harmonie entre ces acteurs qui vivent en parfaite harmonie. Aujourd’hui, nous sommes parvenus à faire cette intégration entre agriculteurs et éleveurs qui vivent ensemble. C’est pour cette raison que nous souhaitons à ce que ces différentes approches soient vulgarisées dans les autres zones du pays », ont-ils sollicité.
Le travail mené ces dernières années par la plateforme multi acteurs de la Guinée sur le terrain a été salué par les différents partenaires du projet. C’est le cas notamment du consultant Mamadou GOITA et du représentant du GRET, Iba Mar FAYE, qui accompagnent cette initiative. Mamadou GOITA, en provenance de Bamako (République du Mali) a exprimé toute sa satisfaction des résultats enregistrés en Guinée, qu’il dit être en avance, contrairement aux autres pays de la sous-région en matière d’engagement d’acteurs évoluant dans le domaine foncier.
« En Guinée, l’évolution a été assez rapide et aussi l’engagement des différents acteurs du processus est assez profond. Chose qui est un atout parce qu’on ne peut pas parler de foncier aujourd’hui sans qu’il n’y ait une convergence de l’ensemble des acteurs. La plate-forme multi acteurs s’est mise en place progressivement. Elle s’est consolidée et est devenue un acteur incontournable de la chaîne de la gouvernance foncière en Guinée », a-t-il noté.
Venu du Sénégal, Iba Mar FAYE a, au nom du comité technique foncier et développement qui est une plateforme multi acteurs, apprécié lui aussi les résultats positifs enregistrés en Guinée par la plateforme nationale multi acteurs. « On voit nettement qu’en Guinée il y a une évolution très rapide de la dynamique où le dialogue se construit et se passe bien. Donc, il nous parait important d’appuyer et de continuer à renforcer sur le plan technique et institutionnel la Guinée pour que tout le travail qui est attendu puisse se faire très rapidement. En tout cas, le comité technique est satisfait parce qu’on s’est rendu compte que l’initiative est en train d’évoluer positivement en République de Guinée. Et, nous tirerons des leçons ici pour pouvoir améliorer ce qui se fait dans les autres pays », a-t-il ajouté.
Enfin, des thématiques ont été présentées aux participants pendant la première journée. Ce sont notamment des thématiques comme « l’analyse du cadre légal du foncier en Guinée ; la présentation des résultats de l’étude sur la Haute Guinée (cas des Kourankos ) ; la présentation des résultats de l’étude sur la Basse Guinée (cas de Kolenté) ; la présentation des résultats de l’étude sur la Moyenne Guinée (cas de Labé, Dalaba, Gaoual et Koundara) ; la présentation des résultats de l’étude sur la Guinée forestière (cas de Sérédou et de Samoe) ». Des présentations suivies de questions/réponses.
Il est à noter que d’énormes progrès ont été réalisés ces dernières années. Ce qui a permis d’aboutir à un certain nombre de documents de consensus, à des rapports qui sont aujourd’hui utilisables pour les états généraux qui seront bientôt organisés en République de Guinée.
Par Oumar M’Böh