Télécommunications en Guinée : les défis d’un secteur dominé par le copinage et le pot de Vin

Kaba Mamadi, Consultant, Spécialiste en Digitalisation-Télécom-NTIC
Kaba Mamadi, Consultant, Spécialiste en Digitalisation-Télécom-NTIC

Par Kaba Mamadi, Consultant, Spécialiste en Digitalisation/Télécom/NTIC : La position géographique de la Guinée, les investissements colossaux en infrastructures de ces dix (10) dernières années, ainsi que le taux de pénétration téléphonique grimpante font des télécommunications de notre Pays l’aubaine dont rêvent plusieurs Etats de la sous-région. C’est donc regrettable qu’un tel potentiel serve plus des individus et groupes d’individus en lieu et place de l’Etat qui est toujours en déficit budgétaire. Une situation de routine imputable à tous.

Si Gouverner autrement est l’ambition du Chef de l’Etat, je dirais que nos régies financières et notre Economie doivent être gouvernées autrement en premier. Pour ce faire, l’Etat n’a pas besoin que de la ressource humaine compétente, elle a aussi besoin d’Hommes animés d’intégrités et de volonté à sacrifier le pain individuel au pain pour tous.

La réalité épineuse du secteur des télécommunications est le fait que la compétence ne soit pas une priorité. La priorité est donnée aux copains d’école et des Hommes qui ont échoué dans d’autres responsabilités mais reste proche du pouvoir. Reconnaitre que le secteur souffre d’une gestion opaque héritée et osez s’attaquer à la vraie cause qui est la ressource humaine en partie incompétente et accros aux pots de vin, est à mon avis le défi majeur que doit relever l’actuel Ministre en charge de l’Economie numérique.

Retour sur les Investissements de l’Etat dans le secteur :

Les efforts de l’Etat de ces dernières années ne doivent pas être en vain ! Aujourd’hui, plusieurs milliards d’investissements dans le secteur semblent perdus, devenus la ruine d’équipements dégradés. Faute à l’amateurisme et au manque d’expérience spécifique à l’environnement guinéen des télécommunications de l’élite choisi par le Chef de l’Etat au début de son premier mandat.

Comment résoudre cette problématique ?

Faire un audit technique de tout le secteur des télécommunications et de l’économie numérique est nécessaire afin de situer les forces et faiblesses de ce qui reste des investissements de l’Etat et autres. Cet audit, doit être secondé par une politique nationale de relance du secteur avec des stratégies axées sur les réalités techniques actuelles.

Je propose que la majorité des investissements soit ouvert à l’actionnariat ! trouver des partenaires privés aidera non seulement à avoir des ressources financières, mais aussi permettra le renforcement des différentes ressources techniques.

Créer de la concurrence dans l’octroi des marchés publiques ! d’une analyse personnelle, j’affirme que tous les marchés publics du secteur ces dernières années ont été octroie à une seule société par Gré à Gré pour la majorité. Cette absence de concurrence ne favorise n’y le flux économique interne, n’y la décence des emplois dans ledit secteur.

Une réorganisation de la ressource humaine ainsi que la redéfinition des objectifs et enjeux des agences sous tutelle du Ministère des postes et Télécommunications sont plus que nécessaires. Ces agences sont primordiales dans la résolution de la problématique liée aux investissements en ce sens où elles sont responsables de la gestion des infrastructures nées de ces investissements.

Assainissement de l’Autorité de Régulation des postes et Télécommunication :

Difficile de reconnaitre, mais de nos jours, la loi n’est pas faite par l’autorité de régulation mais par un opérateur. La stratégie et méthodologie de vente de la Licence 4G sont une illustration de cette réalité. Comment réguler conséquemment quand le régulateur lui-même n’est pas correcte ?

L’Article 29 de la loi portant sur l’audit des comptes de l’institution et l’article 45-46 portants sur les fonds de service Universel et solidarité numérique de la loi L/2005/018 sont loin d’être appliquée au sein de l’institution. De la corruption liée à la modification des rapports d’audit permettant de recouvrer des indemnités liées à des anomalies et fraudes sur les infrastructures télécoms de certains opérateurs de téléphonies, radio diffusion, etc. aux recouvrements douteux des redevances ; pas étonnant que la recette de cette institution ne soit jamais à la hauteur du potentiel qu’a son champ d’action.

Je propose la mise en place de nouvelles législations permettant à l’Etat de superviser et maitriser le flux lié aux nouvelles tendances du secteur qui sont les Services Mobiles Money et annexes, très probables booster de notre économie.

En faisant une étude analytique des tableaux de dépouillements 2020 des services Momo de MTN et Orange Money d’orange de la direction nationale des impôts et les données liées aux revenus des deux services de l’avant dernier trimestre de l’an 2020 de l’ARPT, je conclu que plus de recettes pourront être encaissés par l’Etat via ce secteur. Je propose pour un début, la mise en place d’un observatoire composé de l’ARPT, la BCRG et la DNI !

Par Kaba Mamadi, Consultant, Spécialiste en Digitalisation/Télécom/NTIC

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