Boursiers guinéens en Inde : « je n’ai pas pu faire les examens du dernier semestre à cause du non payement de mes bourses »

C’est un désenchantement pour les étudiants boursiers guinéens en Inde. En plein dans la galère à cause du non payement de leurs bourses d’entretien par l’Etat guinéen, ces étudiants vivent aujourd’hui un véritable traumatisme. Actuellement, ils ne parviennent plus à passer les examens dans les universités indiennes ; et, ils se nourrissent grâce au peu d’argent qui leur est envoyé par leurs pauvres parents.

Selon des informations confiées à un journaliste de Guineematin.com, ces étudiants guinéens en Inde (tout comme ceux qui sont au Maroc, en Malaisie et ailleurs) ont bénéficié en 2018 d’une bourse spéciale de la part de la présidence de la République. Cette bourse- différente de la bourse d’excellence qui est octroyée chaque année aux lauréats du BAC- est destinée à payer les frais de scolarité et l’entretien des bénéficiaires dans les universités des pays où ils ont été envoyés.

Pour les deux premières années, tout s’est bien passé pour ces boursiers. Mais, depuis mars 2020, c’est la descente aux enfers. Avec l’apparition de la pandémie de COVID-19, l’Etat guinéen a cessé de payer les bourses à ces étudiants. Et, depuis, les problèmes se sont donnés rendez-vous chez ces apprenants. Actuellement, les problèmes d’hébergement, de restauration, d’achat de manuels…font leur quotidien. Certains ne mangent que grâce à quelques billets de banque qui leur sont envoyés par leurs pauvres parents qui vivent en Guinée.

A cause du non payement de leurs bourses, certains étudiants ne parviennent plus à s’acquitter de leurs frais de scolarité qu’ils doivent payer à leurs universités. C’est le cas de ce jeune étudiant dans une université de New Delhi, qui a contacté la rédaction de Guineematin.com pour expliquer le calvaire qu’il traverse actuellement. Pour éviter d’éventuelles représailles de l’Etat guinéen (qui pourrait retirer sa bourse et l’empêcher de continuer ses études), cet étudiant a préféré garder l’anonymat. Mais, il jure qu’à cause du non payement de sa bourse, il n’a pas pu passer ses examens du dernier semestre. Et, aujourd’hui, il est extrêmement préoccupé pour son avenir et celui de ses camarades boursiers dans la même situation, d’autant plus que l’Etat ne donne aucune information sur cette situation qu’ils traversent.

« J’ai bénéficié d’une bourse de la présidence de la République de Guinée, à travers l’ONABE (Office National des Bourses Extérieures). Je recevais la bourse chaque année. Je l’ai reçue par exemple en 2019. Les bourses venaient au mois de mars. Mais, à cause de cette maladie de COVID-19, en 2020, on n’a pas pu recevoir notre bourse. On nous a dit que le gouvernement était concentré sur la lutte contre cette pandémie. Donc, on nous a dit d’attendre ; et, maintenant, nous sommes en 2021. A chaque fois qu’on laisse un message à l’ambassade (de Guinée en Inde) ou à l’ONABE, on ne trouve pas de réponse. La dernière fois, on nous avait dit que les dossiers sont déjà prêts, ils sont à la banque centrale. Donc, le problème serait au niveau de la banque centrale, parce que normalement les documents sont signés au niveau de la présidence et à l’ONABE. Nous demandons vraiment au gouvernement de veiller sur ce dossier, parce que la vie et les études des boursiers sont directement liées à ça. C’est à travers cette bourse que nous payons notre scolarité, notre logement et même la nourriture. Moi, personnellement, j’ai été privé de passer les examens du semestre passé à cause du non payement de mes bourses… Je ne suis pas le seul dans cette situation. Nous sommes au nombre de trois ici en Inde. Et, à ma connaissance, il y a d’autres étudiants au Maroc, en Malaisie, en France… », a expliqué ce boursier dans un désarroi palpable.

Pour cet autre étudiant boursier (qui a également requis l’anonymat), le non payement de sa bourse l’a obligé de rentrer au bercail sans boucler ses études. Il était pourtant à New Delhi pour faire un « Master Ressources Humaines ».

« Nous, c’est au niveau de la soutenance qu’on est bloqué à cause du non payement de la bourse. Nous avons lancé assez de cris de cœur de part et d’autre ; mais, nous ne sommes pas parvenus à nous faire entendre. Aujourd’hui, du côté de la Chine, de l’Inde, du Canada et beaucoup d’autres pays, nos amis boursiers ont été mis dehors depuis avril 2020. Ils n’ont plus la possibilité de suivre les cours, de compléter les programmes ou de faire les soutenances, parce que tout simplement la bourse n’est pas payée. Et, pourtant, c’est une bourse spéciale de la présidence de la République. Les étudiants en master sont pris en charge pour couvrir leurs besoins en recherche, en logement, en nourriture et en soutenance. Moi, personnellement, j’ai fini le programme de recherche ; mais, je suis encore bloqué pour la soutenance. Car, la soutenance n’est programmée à l’université que lorsqu’on paye les frais de scolarité. Donc, à cause du non payement de la bourse, j’ai été obligé de quitter l’Inde et rentrer en Guinée. Actuellement, je suis à Conakry. Parce qu’à New Delhi, on paye le loyer, la nourriture… Donc, c’est difficile ; et, on ne peut pas continuer à prendre l’argent de nos pauvres parents pour régler tout ça. Je suis à Conakry depuis trois mois maintenant », a-t-il confié.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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