
Cher ami,
C’est toujours un plaisir pour moi de prendre la plume pour te dire ce qui est au fond de mon cœur. Cette fois je ne te parlerai pas de moi mais de notre pays. Lequel multiplie les crises. Mais comme une crise cache une autre, celle qui met aux prises le pouvoir et l’opposition ou une partie de l’opposition a occulté l’autre crise.
Quelle crise, alors, me demanderas-tu ? Je veux parler de la crise interne au sein du pouvoir. Cette crise implacable est au pouvoir ce que le cancer est au corps humain. Dans les lignes qui suivent tu verras que je n’exagère rien. Pour le moment, nous parvenons à gérer cette crise mais le jour où elle va éclater, elle risque de déchiqueter le parti. Lequel parti pourrait alors connaître le sort de ses deux prédécesseurs au pouvoir.
C’est vrai que cette situation ne date pas d’aujourd’hui. Mais la goutte d’eau qui a déborder le vase est la sortie d’un livre qui accuse le Premier ne nos ministres d’avoir été l’un des plus farouches partisans de la détention de notre patron. Coïncidence ou pas, ce livre sort à un moment où un remaniement du gouvernement est attendu. Alors beaucoup ont vu une volonté d’écarter le principal artisan du troisième mandat. Ce dernier ayant accompli sa mission, son mentor veut s’en débarrasser.
Mais un coup de théâtre se produit. Le fameux ouvrage est interdit de vente par son héros. Cette interdiction est présentée comme une autre volonté de tourner la page. Le patron ne veut pas remuer le couteau dans la plaie. Le parti lui emboite le pas. Celui qui espérait se refaire une place au soleil grâce à la sortie de son livre essuie des critiques de toute part à la place des félicitations.
Alors, il change de fusil d’épaule. Et met en place ou plutôt remet en place toute son armada de communicants. Je te rappelle que ce monsieur fait partie de ce qu’on appellera dans ce pays les communicants dans les partis politiques. Lui-même s’est fait remarquer à travers les ondes. C’est ce qui explique qu’après l’évènement de l’opposant historique au pouvoir, cette recette a fait tache d’huile. C’est autant dire que cet homme dispose d’un véritable bataillon de communicants. Ce qui fait de lui un homme plus craint que celui qui dispose d’un bataillon de soldats.
Bref, si tu suis un peu les désormais incontournables réseaux sociaux, cette armada de communicants a commencé à sévir implacablement contre l’autre camp. Celui du Premier de nos ministres. Mais cet autre camp ne se laisse pas faire. Il répond coup sur coup. Ce qui fait dire aux observateurs que la guerre de succession a déjà éclaté.
Mais, cette guerre n’est pas sur un seul front. D’autres protagonistes ont ouvert d’autres fronts. C’est dans datte logique qu’il faudrait mettre cette autre affaire qui défraie la chronique depuis quelques temps. Celle relative au détournement de 200 milliards. En parlant de cette affaire, laisse-moi ouvrir une parenthèse. Durant la fin de règne de celui que nous avons tous combattu les détournements se faisaient en termes de millions. Désormais ils sont en termes de milliards. Mais encore une fois, cette affaire serait, elle aussi, dans cette logique de guerre de succession.
Il y a une autre affaire dont tu n’as probablement pas entendu parler. Et pour cette raison que j’ai un devoir de t’écrire. Cette autre affaire est celle qui met en scène l’ancienne et l’actuelle douce moitié du patron. Ceux qui en veulent à la première ont écrit que la seconde est sa bonne. Cela fait suite à une série d’articles qui présentent l’actuel ministre du plan comme probable remplaçante de son patron qu’elle avait défié, si tu te souviens, avec le fameux plan de riposte contre le COVID-19.
Bref, comme entre 2005 et 2008, notre pays est plongé dans un imbroglio politico-familial sans précédent.
Dans cette histoire, chaque protagoniste a mis en place son plan voire son clan. En l’occurrence ceux-là qu’on appelle désormais dans ce pays les mercenaires de la plume. Plus redoutables et plus nuisibles que les mercenaires que nous avons connus autrefois. C’est pour cette raison que je souhaite que le contenu de cette correspondance soit strictement confidentiel. Afin que je ne sois pas dans la ligne de mire de ces mercenaires. Car, et pour une fois, j’observe une stricte neutralité dans cette guerre de succession.
Ton ami, le ministre neutre mais inquiet pour son pays.
Habib Yembering Diallo
Tél. : 664 27 27 47