Détention d’opposants : « l’Etat peut se rétracter au nom de la paix » (Dansa Kourouma)

Dr Dansa Kourouma, président du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne
Dr. Dansa Kourouma, président du CNOSC

Le Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CNOSCG) ne reste pas les bras croisés face à l’incarcération de nombreux opposants au 3ème mandat du président Alpha Condé. La structure faitière dit avoir mené plusieurs démarches au cours des dernières semaines en vue de leur libération. C’est son président Dr Dansa Kourouma qui l’a fait savoir dans un entretien avec un journaliste de Guineematin.com, ce lundi 11 janvier 2021.

Comment mettre un terme à la crise politique (née de la décision du président Alpha Condé de changer la constitution pour s’octroyer un 3ème mandat) qui dure depuis plus d’une année en Guinée et permettre au pays de se focaliser sur l’amélioration des conditions de vie de la population ? C’est l’une des préoccupations actuelles du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CNOSCG).

Et pour atteindre cet objectif, les responsables du conseil pensent qu’il faut libérer les nombreux responsables et militants de l’opposition ainsi que les activistes de la société civile détenus à la maison centrale de Conakry. Ce qui permettrait à leurs yeux de faire baisser les tensions dans le pays et ouvrir la voie à un dialogue serein. C’est pourquoi, le bureau dirigé par Dr Dansa Kourouma a interpellé les autorités guinéennes sur la question.

« D’abord, on a sorti une déclaration formelle à la veille de l’investiture du président Alpha Condé pour solliciter sa largesse afin que des libertés conditionnelles soient accordées aux détenus pour des faits politiques. Cette déclaration a été largement relayée. Mais nous avons aussi adressé une lettre confidentielle au président de la République pour plaider à ce que cette liberté soit accordée, ne serait-ce que conditionnelle, aux personnages qui sont malades et dont les procès ne sont pas finis.

C’est-à-dire ceux dont la procédure est en cours pour qu’ils recouvrent leur liberté en attendant. En dehors de ça, nous avons également demandé à la justice de traiter avec diligence les dossiers de ceux qui sont formellement inculpés. C’était pour qu’à l’occasion de la grâce présidentielle accordée chaque année, ces détenus condamnés puissent bénéficier de la grâce présidentielle.

Nous avons fait ce que nous pouvons faire en matière de plaidoyer et rassurez-vous que nous continuons d’agir. C’est vrai qu’on a un problème d’interlocuteur à cause de l’absence d’un gouvernement, mais le chef de l’Etat a déjà reçu la lettre de plaidoyer que la société civile lui a adressée pour une liberté conditionnelle de ces détenus », a confié Dr Dansa Kourouma.

L’activiste de la société civile reconnaît que la situation est compliquée, mais pas impossible à résoudre. Avec une volonté d’apaiser les tensions, il estime que le pouvoir peut bien trouver une solution à ce problème sans violer la loi. « La situation est compliquée. On ne peut pas demander au Chef de l’Etat de faire injonction dans les procédures judiciaires ; mais, il a le droit de grâce. Et notre plaidoyer va aussi à l’endroit de la justice.

Et au-delà de ça, c’est le pouvoir qui a porté des accusations de déstabilisation de l’Etat ou d’atteinte à la quiétude sociale contre certaines personnes. Donc, l’Etat qui est accusateur peut se rétracter de ses prétentions au nom de la paix. C’est cela qu’on a demandé au Chef de l’Etat, on ne lui a pas demandé de faire pression sur la justice pour faire cesser toutes les poursuites judiciaires contre ces personnes parce que cela ne relève pas de ses prérogatives », a dit le président du CNOSCG.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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