Boubacar Diallo « Grenade » à la Cour d’Appel de Conakry : « les gendarmes ont tiré sur moi »

Boubacar Diallo, alias Grenade, et son avocat, Me Salifou Béavogui
Boubacar Diallo, alias Grenade, et son avocat, Me Salifou Béavogui

Le procès en Appel de Boubacar Diallo, alias ‘’Grenade’’, s’est ouvert ce vendredi, 29 janvier 2021, à la Cour d’Appel de Conakry. A la barre, ce militant de l’UFDG, détenu depuis juin 2018 à la maison centrale de Conakry pour « tentative de meurtre et port illégal d’arme », a vivement clamé son innocence dans cette affaire. Le prévenu s’est aussi interrogé sur les motifs de son emprisonnement, tout en disant à la Cour que ses geôliers (le régime Alpha Condé) veulent seulement attenter à sa vie, rapporte un journaliste que Guineematin.com a dépêché sur place.

En première instance, Boubacar Diallo avait plaidé non coupable des charges qui pèsent sur lui. Mais, le tribunal de Dixinn l’avait pourtant condamné à 10 ans de réclusion criminelle. Cette décision avait alors indignée ses avocats qui avaient immédiatement interjeté appel pour que l’affaire soit portée devant la Cour d’Appel de Conakry. Et, ce vendredi, la Cour a évoqué ce dossier.

A l’ouverture de l’audition, les avocats de l’accusé, par la voix de Me Salifou Béavogui, se sont présentés devant la cour pour expliquer les motifs de leur Appel. La défense a mis cette occasion à profit pour demander la libération de l’accusé.

« Dans cette affaire, ce n’est pas le Droit qui a été appliqué. Il (Boubacar Diallo) a été arrêté et condamné parce qu’il milite à l’UFDG. Les juges de première instance n’ont pas eu le courage de dire le Droit dans cette affaire. Les gendarmes qui l’ont dénoncé ne sont jamais venus témoigner. Alors, par faute de preuves valables, nous demandons à la Cour de le renvoyer des fins de la poursuite », a dit Me Salifou Béavogui.

Par ailleurs, l’avocat a accusé le parquet de Dixinn d’avoir organisé une « publicité » autour de Boubacar Diallo, alias Grenade.

« La publicité qu’on a organisée autour de ce dossier a été organisée par la justice elle-même. Un jour, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn est sorti à la télévision nationale pour dire que c’est grenade qui tire sur les militants de l’UFDG à l’occasion des manifestations… Donc, il (Boubacar Diallo) est victime de son appartenance à l’UFDG », a déclaré Me Salifou Béavogui.

A la barre, Boubacar Diallo a de nouveau plaidé non coupable des faits à lui reprochés. « Je n’ai jamais porté une arme. C’est à la gendarmerie qu’ils m’ont photographié avec l’arme », a-t-il dit, tout en accusant ses geôliers de vouloir sa mort. « Je me demande pourquoi ; mais, ils veulent me tuer. Je me demande pourquoi jusqu’à présent je suis en prison », s’est interrogé Boubacar Diallo.

Revenant sur les circonstances de son arrestation, Grenade a accusé des gendarmes qui étaient postés au niveau de l’ancien siège du parti au pouvoir, le RPG arc-en-ciel, à Hamdallaye, d’avoir tiré sur lui…

« On revenait de l’enterrement de Mamadou Saïdou Bah au cimetière de Bambeto. Après l’enterrement, le président du parti (UFDG) a donné consigne à tous les militants de rentrer tranquillement, de ne pas répondre aux provocations. C’est ainsi que comme je détenais la banderole que je devrais envoyer au siège du parti, j’ai pris la route avec la foule. Je devais réunir les 35 banderoles et les acheminer au siège de l’UFDG avant de rentrer chez moi. Arrivée au siège du RPG arc-en-ciel à Hamdalaye, les gendarmes ont lancé deux grenades lacrymogènes. Entre temps, deux gendarmes sont venus au niveau du trottoir. Ils m’ont appelé par mon surnom (Grenade). Dès que j’ai tourné le dos,  j’ai reçu une balle tirée par un gendarme à la poitrine. Je suis allé à l’hôpital Jean Paul 2 pour les premiers soins. Puis, je suis allé à la maison. Et, trois mois après, je suis allé à Dakar pour continuer mes soins. A mon retour, ils (les agents de sécurité) m’ont arrêté. Or, je ne me reproche de rien. Si je me reprochais de quelques choses, j’allais rester là-bas ou continuer de l’autre côté. Pour le port d’arme, je n’ai jamais porté une arme. C’est à la gendarmerie qu’ils m’ont photographié avec l’arme », a insisté Boubacar Diallo.

Au terme des débats, la Cour a renvoyé l’affaire au 12 février prochain pour les plaidoiries et réquisitions.

A suivre !

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

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