Dubréka : un grand carnaval organisé pour dire stop à l’excision

Comme annoncé précédemment, la Guinée a célébré hier, samedi 6 février 2021, la journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF). A cette occasion, la direction préfectorale de l’Action Sociale et de l’Enfance a organisé un carnaval dans la ville pour sensibiliser les citoyens sur les méfaits de l’excision et la nécessité d’abandonner cette pratique, a constaté Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

« Unissons-nous pour transformer les normes sociales néfastes, finançons les approches novatrices et celles qui se sont montrées efficaces, et agissons pour mettre fin aux mutilations génitales féminines à l’horizon 2030 », c’est sous ce thème que la journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines a été célébrée ce samedi 7 février en Guinée.

Pour marquer cette journée, la direction préfectorale de l’action sociale et de l’enfance de Dubréka, en collaboration avec Plan International Guinée, a organisé un grand carnaval de sensibilisation dans la ville.

Arborant des t-shirts et des casquettes de couleur blanche, plus de 100 jeunes filles et des femmes ont marché de la maison des jeunes de Dubréka, au quartier Dogbèrè, jusqu’à la mairie de la ville, au quartier Mafoudia. Elles ont manifesté ainsi leur opposition aux mutilations génitales féminines et leur adhésion au combat visant à éradiquer cette pratique. Après ce carnaval, une grande cérémonie a été organisée dans les locaux de la mairie de Dubréka pour sensibiliser toujours les citoyens à l’abandon des MGF. C’est en tout cas l’objectif de Madiou Diallo, directeur préfectoral de l’action sociale et de l’enfance de Dubréka.

Madiou Diallo, directeur préfectoral de l’action sociale et de l’enfance de Dubréka

« A travers cette fête, nous avons voulu faire comprendre à tout le monde d’abord que les MGF sont interdites en Guinée. C’est pourquoi d’ailleurs, le président de la République, en accordant de l’importance à cette lutte, a créé un département dédié uniquement au droit et à l’autonomisation des femmes, qui s’occupe désormais de tout ce qui est lié à l’abandon des pratiques néfastes à savoir, les MGF, les mariages précoces et forcés. On a voulu aussi signifier que cette pratique n’est pas religieuse. Elle ne tire pas son fondement dans aucune religion. Donc, c’est purement culturel que religieux », a expliqué M. Diallo.

Parlant des conséquences des mutilations génitales féminines, le directeur préfectoral de l’action sociale et de l’enfance a indiqué qu’elles peuvent désastreuses pour les filles dans le court et dans le long terme. « Les conséquences sont d’abord d’ordre physique, parce que c’est un organe qu’on emporte. Ensuite, la jeune fille subit des saignements, elle ressent de la douleur. Et, quand il y a la douleur, ça atteint l’autre conséquence qui est le côté moral et émotionnel de la fille.

Les conséquences sur la santé, c’est que les femmes excisées ont beaucoup plus de problèmes à l’accouchement que celles qui ne le sont pas. Il y a aussi des risques d’infection avec la pratique traditionnelle de l’excision. C’est pour toutes ces conséquences que le monde entier se mobilise aujourd’hui pour lutter contre ce fléau. Il faut donc que nos parents comprennent, surtout ceux de Dubréka, que ce phénomène est très dangereux pour la vie des filles et femmes », a dit Madiou Diallo.

Présent à cette cérémonie, le substitut du procureur de la République près le tribunal de première instance de Dubréka a souligné que l’abandon des MGF n’est pas simplement une nécessité, mais surtout une obligation. Car, rappelle-t-il, l’excision est formellement interdite par la loi guinéenne.

Marwane Baldé, substitut du procureur de la République près le tribunal de première instance de Dubréka

« Je tiens à préciser que les MGF sont punies comme les autres infractions. Nous du ministère public, nous veillons à l’application stricte de la loi pénale. Les MGF sont prévues dans le code pénal guinéen comme une infraction. La manière dont nous réprimons les auteurs de vol et de viol, c’est de la même manière que les auteurs des MGF sont poursuivis. Et, lorsque nous sommes informés par soit la police ou la gendarmerie, nous demandons plutôt que la procédure nous soit déférée. Les magistrats seront là pour suivre et donner suite au dossier. Mais, ce que nous constatons, c’est que les citoyens ne coopèrent pas, ne dénoncent pas. Les MGF restent des infractions très rares que nous recevons au parquet de Dubréka. Puisqu’il y a des complicités à la base dans la société », a déclaré Marwane Baldé.

A noter que dans le monde, seulement 30 pays pratiquent encore les mutilations génitales féminines. Et, la Guinée est classée deuxième dans ce domaine derrière la Somalie, avec une prévalence de 97% de filles excisées.

Malick Diakité pour Guineematin.com 

Tel : 626-66-29-27

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