Evolution de la radio en Guinée : les souvenirs de Mamadou Dian Diallo

Mamadou Dian Diallo, Conseiller Chargé de Communication du PM
Mamadou Dian Diallo, Conseiller Chargé de Communication du PM

L’humanité a célébré hier, samedi 13 février 2021, la journée mondiale de la radio. Une journée proclamée en 2011 par les Etats membres de l’UNESCO et adoptée en 2012 par l’Assemblée générale des Nations unies pour célébrer le média le plus consommé dans le monde. A cette occasion, Mamadou Dian Diallo, ancien journaliste à la Radiotélévision guinéenne (RTG) et actuel Conseiller en communication du Premier ministre guinéen, a accordé un entretien à Guineematin.com à travers un de ses journalistes. Il est revenu notamment avec l’historique de la radio en Guinée.

« En Guinée, l’histoire de la radio a commencé avec radio banane. Une radio par laquelle les producteurs de banane recevaient des informations sur les mouvements des bateaux qui venaient prendre les produits puisque la Guinée était le premier producteur de banane et d’ananas en Afrique de l’ouest. Il y avait donc les bateaux qui venaient au port de Conakry pour prendre les produits venus de Forécariah, Kindia, Boffa et Dubréka pour les amener au port de Marseille.

Cette radio se trouvait à l’époque là où se trouve actuellement le commissariat central de Kaloum qui est presque collé à l’école du centre. Il semble que quand il y a eu l’indépendance, il y a eu la création de la Voix de la Révolution. Comme vous le savez, le PDG est un parti qui a presque utilisé la presse, notamment avec les publications que faisait le parti dont l’un des rédacteurs était Sékou Touré et beaucoup d’autres journalistes qui écrivaient.

Avec la coopération allemande, ils ont transféré la radio de là-bas pour l’actuelle radio de Boulbinet.  Ils ont créé la radio et envoyé des journalistes notamment en Allemagne pour la formation. Ce sont entre autres Odilon Théa, Amadou Kénéma, Taïré Diallo, Petit Barry que je n’ai pas connus physiquement mais dont j’ai entendu parler. Ensuite, Aboubacar Somparé est venu et il était directeur du 4ème cycle au niveau du ministère de l’Education nationale. Il a été envoyé comme directeur général de la Voix de la Révolution je crois dans les 75-76.

J’ai échangé avec lui parce qu’il a été recteur de l’université et j’étais très proche de lui. Il m’a dit que quand il est venu, il a été piégé par les journalistes qu’il a trouvés sur place qui ne voulaient pas que quelqu’un vienne d’un autre secteur pour être leur directeur général. Et la solution qu’il a trouvée, c’est d’aller chercher des étudiants qui ont fini l’université. C’est ainsi qu’il est allé chercher cette jeune génération de journalistes qui étaient à l’université et qui venaient du ministère de l’éducation…

A partir de là, on a commencé à muter des journalistes vers la Voix de la Révolution. Avant la libéralisation des ondes, il y a eu la création de la Radio Kaloum Stéréo (RKS) qui était une radio commerciale, qui secondait la radio nationale. Ensuite, il y a eu la libéralisation des ondes acceptée par le Général Lansana  Conté et il y a eu la création des radios privées », a-t-il rappelé.

Devenu Conseiller en communication du Premier ministre guinéen observe aujourd’hui à distance l’évolution de la radio en Guinée. Et, c’est avec beaucoup de plaisir qu’il constate la floraison de stations de radios dans le pays. « C’est vrai qu’on est plus ou moins bousculé par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, mais la radio reste le média le plus accessible en Guinée. Aujourd’hui, il y a des radios communautaires qui diffusent des programmes de développement et il y a les radios commerciales qui s’occupent d’autres choses », relève M. Diallo.

Par contre, il n’apprécie pas beaucoup les programmes des radios privées, axés en grande partie sur la politique. « Je déplore que la plupart des radios soient devenues aujourd’hui politiques. On a fini par rendre le public guinéen politique. Rarement il y a des émissions de développement et des émissions éducatives au niveau de nos radios. On dit que le Président a fait tel et l’opposition a fait tel autre. Il y a plus de programmes politiques que de programmes de société, de programmes éducatifs », fait-il remarquer.

Cet ancien journaliste souhaite donc que les radios « reviennent à ce qui est fondamental. C’est-à-dire, participer à l’information de la cité pour améliorer les conditions de vie des citoyens ». Car, malgré les menaces de la télévision et des nouvelles technologies de l’information et de la communication, il pense que la radio a encore de beaux jours devant elle en Guinée. « La radio a un grand avenir. Il suffit juste de suivre l’évolution des choses. Parce qu’il faut savoir que même au niveau de la radio, les moyens techniques ont évolué.

Les nouvelles technologies ont impacté. Quand moi je venais à la radio, c’était sur des bandes minces, des rubans avec adhésif magnétique qu’on montait le son. C’était avec des lames, parfois des ciseaux, qu’on découpait et collait pour avoir un blanc ou un vide. Aujourd’hui, c’est avec les doigts qu’on monte tout. Donc il faut forcément évoluer pour suivre les nouvelles technologies. Et puis, le journaliste doit se créer des mutations à son niveau et savoir rechercher, produire et diffuser l’information.

Vous savez, il y a l’émission, le transport de l’information vers le récepteur et donc il faut que la radio puisse s’adapter. Je ne dis pas qu’elle va rester, peut-être qu’un jour elle va disparaître au profit de tout ce qui est télévisé ; mais, pour l’instant, je pense qu’il faut qu’elle s’adapte à la mutation parce que pour l’instant, son avenir est là », a laissé entendre Mamadou Dian Diallo.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41    

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