Opposants détenus à Conakry : « ce sont des otages d’Alpha Condé » (Bogola Haba)

Kéamou Bogola Haba, secrétaire exécutif de l’UNAD
Kéamou Bogola Haba, secrétaire exécutif de l’UNAD et membre de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD)

Le durcissement des conditions de détention des prisonniers politiques à la maison centrale de Conakry continue d’alimenter le débat en Guinée. Le président d’honneur de l’UGDD (Union Guinéenne pour la Démocratie et le Développement) et membre de l’ANAD (Alliance Nationale pour l’Alternance et la Démocratie) s’est prononcé sur le sujet dans une interview qu’il a accordée à Guineematin.com le vendredi, 19 février 2021.

Kéamou Bogola Haba assimile la détention de ces opposants à une prise d’otage de la part du président Alpha Condé et promet que son camp continuera à se battre pour obtenir leur libération, mais aussi pour l’aboutissement de son combat.

Décryptage !

« Nous continuerons à dire que la prison est une exception, la règle c’est la liberté. Et que le droit à la vie, à la liberté, est un droit inaliénable pour chaque citoyen. Donc le fait de priver ces frères de leurs familles, de leurs activités économiques, parce qu’il faut voir le profil de toutes ces personnalités, ils sont tous des hauts cadres avec des profils très importants : des informaticiens, des médecins, des banquiers, des économistes, des agents de développement…, les priver de cette liberté et les mettre entre les quatre murs, c’est déjà quelque chose de très grave.

Maintenant, les empêcher d’être en contact avec leurs familles, avec leurs avocats, c’est encore plus grave surtout dans une prison où nous avons connu des morts et même des assassinats, notamment en ce qui concerne la chef de cuisinière. Donc, dans un environnement comme ça, refuser que les avocats et les organisations des droits de l’homme visitent pour voir ce qu’il se passe, c’est d’ailleurs dangereux. Et, c’est pourquoi Amnesty International disait que nous avons à faire avec un mouroir. Si les autorités n’acceptent plus la transparence, cela veut dire qu’il y a quelque chose de grave qui se passe dans cette prison.

Et, l’ANAD est très cohérente dans ses pratiques. Puisque c’est depuis le mois de novembre qu’Alpha Condé, n’ayant pas quelque chose pour justifier son coup d’Etat, a décidé de maintenir la fermeture des frontières, d’emprisonner des leaders politiques, de fermer le siège et les bureaux de l’UFDG et de faire un rapport contre les autres leaders. Pour lui, il faut que cela serve de monnaie d’échange. Mais, pour nous, ce sont des otages et que le preneur d’otage s’appelle Alpha Condé. Et donc, dans une situation de prise d’otage, on a deux choix.

Soit on abandonne la lutte pour laquelle nous nous sommes battus, c’est-à-dire l’alternance et la démocratie qui sont l’ADN de notre lutte et aller prier M. Alpha Condé pour dire : libérerez nos frères prisonniers, ou nous disons : nous restons là et laissons le preneur d’otage lui-même prendre conscience et faire un plaidoyer. Et, c’est ce que nous faisons. Nous avons dit clairement, à travers le président élu, que nous n’allons pas monnayer la victoire du peuple contre la libération de qui que ce soit et contre la réouverture des frontières. Nous allons continuer à nous battre pour demander que leur innocence soit justifiée.

Des avocats ont été commis à la tâche pour justifier leur innocence et nous sommes en train de communiquer pas à pas pour montrer à la face du monde qu’ils sont innocents. Nous le montrons à la communauté internationale et les organisations des droits de l’homme qui sont également intéressées par ce dossier. C’est pourquoi on leur ferme l’accès à la prison aujourd’hui. Des avocats internationaux qui devraient venir voir ce qu’il se passe dans cette affaire, parce que depuis pratiquement 2020 nous n’avons pas de suite, en ont aussi été empêchés.

Donc, c’est une situation qui nous permet aujourd’hui de défendre nos compatriotes. C’est ce travail que nous sommes en train de faire.  Maintenant, qu’est-ce qu’il faut faire de plus ? C’est mettre la pression sur M. Alpha Condé pour les libérer comme il a fait pour la réouverture de la frontière avec la Sierra Leone », a laissé entendre Kéamou Bogola Haba.

Propos recueillis par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41 

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