Hôpital Jean Paul II : un ressort extrait des poumons d’un enfant, après 10 ans (médecin)

Pr Abdoulaye Kéïta, Chef du service chirurgie cervico-faciale (CCF)-Oto-Rhino-Laryngologie (ORL) à l'hôpital Jean Paul II de Conakry
Youssouf Sylla, élève de la 9ème année au collège de Coliah

Hier, lundi 22 février 2021, Youssouf Sylla, 14 ans, élève de la 9ème année au collège de Coliah (préfecture de Boffa) a été admis à l’hôpital Jean Paul II de Conakry pour avoir avalé un corps étranger depuis 10 ans. Il a été pris en charge par le Pr Abdoulaye Kéïta, le Chef du service chirurgie cervico-faciale (CCF)-Oto-Rhino-Laryngologie (ORL) et son équipe. Ce qui est perçu comme un véritable exploit pour les professionnels de l’ORL/CCF du pays, voire une réelle prouesse dans la pratique de ce métier de soignant.

Au cours d’un entretien accordé à Guineematin.com dans la matinée de ce mardi, le Pr Abdoulaye Kéïta, formateur, chercheur, maître de conférence au CAMES (Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur), également enseignant dans les facultés de médecine et science de la santé des Universités Gamal Abdel Nasser de Conakry, Koffi Annan et la Source a expliqué les circonstances dans lesquelles, il a accueilli et traité Youssouf Sylla.

Pr Abdoulaye Kéïta, Chef du service chirurgie cervico-faciale (CCF)-Oto-Rhino-Laryngologie (ORL) à l’hôpital Jean Paul II de Conakry

« Nous avons eu à recevoir un enfant qui avait un corps étranger dans les voies respiratoires inférieures, spécifiquement dans la bronche souche gauche. Ce qui nous a impressionnés, c’est la nature du corps étranger. Il s’agissait d’un petit ressort, probablement qui a été enlevé du moteur d’un engin à deux roues ou d’une voiture et qui s’est retrouvé dans cette bronche et est resté pendant 10 ans. Selon ses parents, l’enfant a inhalé l’objet alors qu’il avait 4 ans… Grâce à la radiographie, l’objet a été identifié, même si l’extraction n’a pas été facile », a souligné le Chirurgien cervico-faciale.

 

Selon Pr Abdoulaye Kéïta, le séjour prolongé du ressort dans les poumons de l’enfant a créé une fibrose qui a caché le corps étranger.

 

« La fibrose à son tour a créé une inflammation et une cicatrice vicieuse qui ont entrainé une obstruction au niveau du poumon gauche qui ne recevait plus correctement de l’air », a indiqué Pr Kéïta.

Pour enlever le ressort, l’enfant a été admis dans un bloc opératoire où il a été endormi. Et, avec le matériel qui est loin du hi-Tech, nous avons mis l’enfant sous anesthésie générale pour extraire le ressort de la bronche avec les moyens de bord. Il y a eu une plaie qui sera guérie et l’enfant va récupérer sa santé très rapidement. La bronche va fonctionner à plein temps ; mais, pas comme dans le passé puisque la voie qui accède à elle est un peu réduite. Mais, il faut dire que la nature fera le reste et ça ira bien pour le jeune », a expliqué le maître de conférence.

 

La présence de corps étrangers dans les voies respiratoires est une urgence très fréquente. Mais, le séjour prolongé de dix ans est une exception pratiquement dans tout le pays.

« Le séjour prolongé d’un corps étranger dans les voies respiratoires pendant dix ans, c’est exceptionnel voire spectaculaire. Dans le passé, nous avons extrait un bout d’antenne chez une fille qui avait séjourné dans sa bronche droite pendant quatre ans », révèle le médecin chirurgien qui lance un appel aux populations.

 

« Ce que nous déplorons le plus souvent c’est le manque de communication à la base, au niveau communautaire. Le plus souvent quand un enfant inhale un objet, il ne respire pas bien et a de plus en plus de troubles respiratoires et ou de la toux. Dans ces cas, les parents doivent immédiatement l’orienter vers un centre médical d’où le diagnostic est censé être réalisé avant d’être orienté vers un centre spécialisé », a demandé ce médecin soignant.

Ce spécialiste en ORL/Chirurgie-cilvo-facial souligne que les corps étrangers qui dévient l’estomac pour les poumons, empruntent une fausse route.

« Les corps étrangers qui passent dans les poumons utilisent des fausses routes puisque les aliments et l’air utilisent le même carrefour aéro-digestif, le pharynx. Ces objets tels que les pointes, les arêtes de poissons, des billes, des pièces de monnaie, des dégonfleurs de ballon, des appareils dentistes, de boucles d’oreille…sont souvent inhalés et dévient la voie digestive pour se retrouver sur la voie respiratoire inférieure », a souligné Pr Abdoulaye Kéïta.

Depuis l’hôpital Jean Paul II, Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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