Affaire du diamant de 45 millions de dollars : « c’est par la faute de Madeleine Dioubaté que je suis en prison… », dit Lamarana Diallo

Marie Madeleine Dioubaté, présidente du Parti des Écologistes de Guinée et candidate à l’élection présidentielle de 2015
Marie Madeleine Dioubaté, présidente du Parti des Écologistes de Guinée et candidate à l’élection présidentielle de 2015

C’est une affaire impliquant Marie Madeleine Dioubaté, la présidente du parti des écologistes de Guinée. Mais, pour le moment, ce sont deux prévenus qui ont donné leurs versions des faits à la barre. Mamadou Lamarana Diallo (démarcheur) et Algassimou Diallo (vigile) sont poursuivis pour « abus de confiance, complicité et recel », portant sur un diamant d’une valeur de 45 millions de dollars. Ils ont été trimballés en justice par madame Djenabou Diallo pour un diamant rond de 20 carats et de 57 facettes qu’elle aurait ramassé à Conakry. Les prévenus ne nient pas leur implication dans l’affaire de vente de ce diamant de la plaignante ; mais, ils ont plaidé non coupable des charges articulées contre eux devant cette juridiction de première instance de Conakry. Ils jurent avoir remis cette pierre précieuse à Marie Madeleine Dioubaté, la présidente du parti des écologistes et candidate malheureuse à l’élection présidentielle de 2015 en Guinée, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui a suivi ce dossier au TPI de Dixinn.

A l’audience du mercredi dernier, 14 avril 2021, les deux compagnons d’infortune (Algassimou Diallo et Mamadou Lamarana Diallo) étaient à la barre. Mais, c’est seulement Mamadou Lamara Diallo (qui avait pris la fuite au niveau de la gendarmerie après sa première interpellation) qui a déposé devant le tribunal. Ce démarcheur (qui est sous mandat de dépôt depuis le 05 février dernier, après sa seconde interpellation) est d’abord revenu sur les circonstances dans lesquelles il a fait la connaissance de Madame Djenabou Diallo (la plaignante) et ce qui lui a valu des ennuies judicaires dans cette affaire de diamant.

« C’est le gardien Algassimou Diallo qui m’a mis en contact avec madame Djenabou Diallo, c’est lui qui m’a appelé pour me dire de venir voir si la pierre est un diamant. Quand je suis venu, j’ai trouvé que c’est un diamant. Directement, j’ai dit qu’il faut envoyer ça (le diamant) à Marie Madeleine Dioubaté, parce que j’ai confiance en elle. J’ai travaillé avec elle quand elle était à Conakry ; et, j’ai trouvé qu’elle est honnête. J’ai dit à Algassimou et à madame Djenabou Diallo : si vous acceptez, je vais l’appeler pour le lui expliquer. Ils ont accepté. C’est ainsi que je l’ai appelée. Elle (Marie Madeleine Dioubaté) m’a dit que l’affaire de diamant n’est pas son travail, mais comme c’est moi, elle va s’intéresser. On a envoyé les photos du diamant. Elle a vérifié avec d’autres personnes. Après, elle nous a dit d’envoyer le diamant au Mali chez sa sœur Nana Martine Dioubaté et que cette dernière va lui envoyer le diamant en France. C’est ainsi que je suis allé à la gare routière de Madina pour demander les frais de transport Conakry-Bamako. Ils nous ont dit que c’est 600 mille francs guinéens par personne. J’ai informé Marie Madeleine et elle a envoyé l’argent. Djenabou a pris le diamant ; et, nous sommes allés au Mali à deux. On a été accueilli par Martine Dioubaté (la sœur de Marie Madeleine). Elle nous a hébergés pendant 3 jours dans une pièce. Le troisième jour, j’ai pris le diamant, je l’ai remis à Martine Dioubaté, en présence de Djenabou Diallo sans papier. Et, le lendemain, nous sommes revenus en Guinée. Mais, depuis cette remise, on a rien reçu », a expliqué Mamadou Lamarana Diallo.

Poursuivant sa déposition devant le tribunal, le prévenu a dit avoir été surpris d’entendre la nouvelle de la disparition du diamant des mains de Marie Madeleine Dioubaté pour laquelle il nourrissait une confiance aveugle.

« Quand je suis arrivée à Conakry, Marie Madeleine Dioubaté m’a appelé pour me dire qu’elle a reçu le diamant par le biais de sa sœur, Martine Dioubaté. Et, elle a vu un client qui veut l’acheter. Mais, quelques temps après, elle (Marie Madeliene) m’appelle pour dire qu’elle a été agressée par des bandits qui se faisaient passer pour des clients. Elle a dit que le diamant a été retiré de ses mains par ces agresseurs ; mais, qu’elle a porté plainte et que l’affaire est au niveau de la justice. Et, quand j’ai informé ça à madame Djenabou Diallo, elle n’a pas eu confiance. Elle a porté plainte contre nous (Mamadou Lamarana Diallo et Algassimou Diallo). C’est ainsi, qu’ils (les agents de la gendarmerie) nous ont mis aux arrêts. On m’a enfermé pendant 14 jours à la gendarmerie. Ensuite, j’ai demandé d’être libéré pour que je puisse communiquer avec Marie Madeleine Dioubaté. C’est ainsi qu’ils m’ont libéré. Mais, la dame (Marie Madeleine Dioubaté) m’a réitéré qu’elle a été cambriolée et que le diamant se trouve dans les mains des cambrioleurs », a indiqué Mamadou Lamarana Diallo.

Après cette déposition, Me Thierno Amadou Oury Diallo, l’avocat de la partie civile, a exhibé un contrat que Mamadou Lamarana Diallo avait signé avec Marie Madeleine Dioubaté. Un contrat dans lequel est mentionné : « Mamadou Lamarana Diallo, propriétaire du diamant, qui donne mandat de vente à Marie Madeleine Dioubaté ». Et, sans ambages, le prévenu a reconnu avoir apposé sa signature sur ce document.

« Dans ce contrat, nulle part le nom de Djenabou Diallo qui a ramassé le diamant ne figure. Et, c’est Mamadou Lamarana Diallo qui mandaté Marie Madeleine Dioubaté de vendre la pierre au meilleur prix. Après, elle apporte le certificat de la vente et elle verse l’argent au compte de Mamadou Lamarana Diallo. On ne peut pas comprendre comment Mamadou Lamarana Diallo et Marie Madeleine Dioubaté peuvent signer ce contrat en excluant complètement le propriétaire du diamant », martèle Me Thierno Amadou Oury Diallo.

Appelée à la barre, madame Djenabou Diallo (la plaignante) a laissé entendre qu’elle a été surprise d’entendre à la gendarmerie que Mamadou Lamarana et Marie Madeleine avaient signé un contrat de vente de son diamant sur son dos.

« Ce contrat n’a pas été signé devant moi. Jusqu’à mon retour à Conakry, je ne savais pas qu’un contrat de vente avait été signé entre Madeleine Dioubaté et Mamadou Lamarana Diallo à Bamako. C’est à la gendarmerie que j’ai su qu’ils avaient un contrat entre eux. Nous sommes allés ensemble à Bamako et nous sommes revenus ensemble. Mais, il (Mamadou Lamarana) ne m’a jamais fait cas de ce contrat. Cela veut dire que c’est lui qui m’a trahie », a dit Dienabou Diallo.

Sentant l’étau se resserrer sur lui dans cette affaire, Mamadou Lamarana Diallo, répondant aux questions de son avocate, a sollicité la comparution de Marie Madeleine Dioubaté pour éclairer la religion du tribunal dans ce dossier.

« C’est par la faute de Marie Madeleine Dioubaté que je suis aujourd’hui en prison. Je continue à porter confiance en elle ; mais, c’est elle qui m’a mis dans ce problème. Je sollicite qu’elle vienne s’expliquer ici, parce que je souffre en prison », a dit Mamadou Lamarana Diallo.

Finalement, le tribunal a renvoyé l’affaire au 28 avril prochain pour les plaidoiries et réquisitions.

A suivre !

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

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