La Guinée recalée par le programme MCC : « on récolte ce qu’on a semé » (Bah Oury)

Bah Oury, président du parti UDRG
Bah Oury, président du parti UDRG

Comme annoncé précédemment, pour « non-respect des droits démocratiques », la Guinée n’a pas pu accéder cette année à la subvention des Etats-Unis dans le cadre du programme de la Millenium Challenge Corporation (MCC). Pour avoir été un très mauvais élève dans la promotion des bonnes pratiques de gouvernance, de gestion et de réforme économique, la Guinée perd l’opportunité d’engranger plusieurs centaines de millions de dollars d’aide au développement. Cette situation intervient à un moment de grandes difficultés économiques pour le pays.

Sur vingt (20) indicateurs de la MCC, la Guinée n’a pu satisfaire que neuf (9). Et, l’agence de notation américaine Freedom House, dans son dernier rapport publié le 22 mars 2021, a abaissé de deux points la note du pays dans ce registre. Interrogé par la rédaction de Guineematin.com sur cette situation, l’opposant guinéen, Bah Oury, a estimé que le régime Alpha Condé est entièrement responsable de cet échec qui prive le pays d’une importante opportunité d’investissement en faveur du développement.

« Vous savez, on récolte ce qu’on a semé. La Guinée, jusqu’à présent, n’a pas été en mesure d’édifier des mesures allant dans le sens du renforcement de la promotion du droit démocratique. Et, nous perdons ainsi une opportunité d’avoir près de 500 millions dollars. Le régime guinéen est tout à fait responsable de cette situation. Parce que nous avons failli à la question de la cohésion nationale, nous avons failli à la question de l’Etat de droit, nous avons failli à l’aspect essentiel du respect des droits de l’homme. Donc nous perdons ainsi une opportunité d’avoir une aide qui pourrait être de l’ordre de 500 millions de dollars », a réagi le président de l’UDRG (Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée).

L’opposant souligne d’ailleurs que cet échec n’est pas un fait nouveau en Guinée : « Par exemple, l’initiative PPTE (pays pauvres très endettés) pour aider les pays très endettés, en annulant la dette au profit d’investissements dans les questions sociales pour permettre d’élever le niveau de développement et combattre effectivement la pauvreté, la Guinée a bénéficié tardivement de ce programme en 2012. Mais, cela est assorti par la nécessité de générer, à travers des ressources intérieures, la contrepartie du montant qui devrait être annulé.

Nous n’avons pas été en mesure de pouvoir le faire, parce que la capacité de collecte de ressources intérieures est insuffisante, la gestion des finances publiques est très aléatoire et en deçà du niveau suffisant pour permettre une bonne collecte de ces ressources intérieures. Nous avons perdu des opportunités d’investir dans le développement social, dans le développement des infrastructures pour aider les populations à sortir de la pauvreté. Et donc, depuis lors, la Guinée ne fait qu’enregistrer des séries d’échecs. Et ça, c’est la question de la gouvernance qui est posée », a indiqué Bah Oury.

A en croire le leader de l’UDRG, la gouvernance peu vertueuse du régime Alpha Condé qui est en train de ruiner aujourd’hui les Guinéens. Il dénonce un « endettement intérieur abyssale et un déficit démocratique qui font que les aides qui devraient venir de l’étranger ne viennent pas ». L’opposant assure que « la pauvreté que les Guinéens sont en train de subir aujourd’hui n’est pas une fatalité, mais c’est la conséquence d’une incapacité de gérer les choses correctement » dans le pays. C’est pourquoi il appelle à « changer la gouvernance » pour permettre au pays de trouver des ressources additionnelles afin de sortir de la pauvreté.

« Vous savez, lorsqu’un régime est en faillite par rapport à des fondamentaux du respect du principe de l’Etat de droit, du respect des normes démocratiques, du respect des dynamique confortant la cohésion interne, il va de soi, en tant que responsable politique, en tant que citoyen engagé, je me bats pour changer la gouvernance de mon pays pour que cette gouvernance soit plus vertueuse, plus démocratique et qu’elle puisse permettre par la suite d’engranger des ressources additionnelles pour nous permettre de sortir la Guinée de la pauvreté et du sous-développement. Et, c’est ce que nous sommes en train de faire au niveau de l’UDRG », a confié Bah Oury.

A noter que pour qu’un pays soit éligible au programme Millenium Challenge Corporation, il doit démontrer notamment son engagement à l’égard de politiques favorisant la liberté politique et économique, les investissements dans l’éducation et la santé, l’éradication de la corruption et le respect des libertés civiles et de la primauté du droit. Des indicateurs que la Guinée n’a pas réussi à valider cette année.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

 

Facebook Comments Box