Conditions de travail difficiles en Guinée : le constat amer de la syndicaliste Dalanda Barry

Madame Diallo Mariama Dalanda Barry, secrétaire générale adjointe de l'USTG
Madame Diallo Mariama Dalanda Barry, secrétaire générale adjointe de l’USTG

L’humanité célèbre ce samedi, 1er mai 2021, la journée internationale des travailleurs. A cette occasion, Mme Diallo Mariama Dalanda Barry, Secrétaire générale adjointe de l’USTG (Union Syndicale des Travailleurs de Guinée), a accordé un entretien à Guineematin.com pour parler des conditions de travail en Guinée. La syndicaliste décrit une situation pénible pour les travailleurs guinéens, qui ont bien du mal encore à faire prévaloir leurs droits.

 « Aujourd’hui,  les travailleurs que nous sommes, nous travaillons dans des conditions très difficiles. Il y a des employeurs qui violent carrément nos droits syndicaux. Il y a des travailleurs aujourd’hui qui sont  victimes de licenciements abusifs, il y a des contrats qui sont fragilisés parce que l’employeur préfère donner un contrat à durée déterminée que de donner un contrat à durée indéterminée. Le SMIG est très bas et il y a des employeurs qui ne paient même pas le SMIG.

Aujourd’hui, tu vas dans une entreprise pour mettre en place une structure syndicale, tout de suite, les travailleurs sont sceptiques parce que quand ils se présentent aussi, leur employeur les licencient. Si un travailleur se hasarde à appartenir à une structure syndicale, soit il est licencié, soit il est muté. Donc il y a des licenciements et des mutations arbitraires et ce, à plusieurs niveaux », a déploré la Secrétaire générale de l’USTG, dirigée par Abdoulaye Sow.

Elle ajoute que 90% des entreprises évoluant en Guinée ne sont pas enregistrées au niveau de la caisse nationale de la sécurité sociale. Une réalité qui, selon elle, n’est pas à l’avantage des travailleurs. « Quant aux entreprises qui sont recensées, elles ne paient pas leurs cotisations. Donc le travailleur est exposé à tout, notamment à des risques d’accidents de travail qui ne sont pas pris en charge. Donc nous travaillons dans des conditions très difficiles et nous avons un salaire très bas par rapport à la sous-région ».

Madame Diallo Mariama Dalanda Barry, secrétaire générale adjointe de l’USTG

Face à cette situation, la Secrétaire adjointe de l’USTG demande aux autorités guinéennes de relancer le dialogue social, à l’arrêt depuis quelques années. Ce qui permettrait aux syndicalistes de discuter avec le gouvernement et le patronat sur les problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs.

 « A cette occasion, j’appelle le gouvernement à opérationnaliser le cadre national de dialogue social. Le président de la République a pris un décret pour créer ce cadre qui n’est jusqu’à présent pas meublé. J’appelle le gouvernement guinéen à opérationnaliser ce cadre de dialogue pour éviter des crises. Nous invitons aussi l’État à renforcer la protection sociale. Parce que c’est en cela qu’on peut discuter de tout.

Avant, l’État invitait le mouvement syndical à la prise des décisions, parce que c’est le tripartisme : le patronat, le gouvernement et les travailleurs. Ce dialogue-là a cessé depuis belle lurette. Avant, en ce qui concerne par exemple l’augmentation du prix du carburant et des frais de transport, on se concertait et on pesait le pour et le contre. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

Donc nous invitons l’Etat au respect du tripartisme conformément aux conventions que la Guinée a ratifiées, parce que c’est dans l’intérêt de notre pays. Nous appelons également les syndicalistes à l’union. Nous demandons à tous les syndicalistes guinéens d’accepter de s’unir, éviter la division, car c’est dans l’unité que nous pourrons faire quelque chose de meilleur », a dit Mme Diallo Mariama Dalanda Barry.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com 

Tél. : +224622919225

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