Crise à la société minière WAP : les travailleurs réitèrent leurs revendications devant les autorités

Même si le travail a repris, la crise n’est toujours pas terminée au sein de la société minière WAP. Une entreprise située à Dapilon, district relevant de la sous-préfecture de Kolaboui, dans la préfecture de Boké. C’est dans le but justement de mettre fin à cette crise que les autorités ont réuni ce mardi, 4 mai 2021, l’ensemble des acteurs concernés pour plancher autour de cette situation. Mais au terme de cette rencontre, l’incertitude demeure quant à l’obtention d’une solution de sortie de crise, rapporte le correspondant de Guineematin.com à Boké.

Cette réunion a mobilisé autour du gouverneur de la région de Boké, les responsables de la société minière WAP et leurs travailleurs, l’inspecteur général du travail, le préfet de Boké, des délégués du ministère des Mines et de la Géologie, des représentants de la communauté vivant dans la localité où évolue l’entreprise chinoise… Tout d’abord, le gouverneur Siba Sérévin Lohalamou et sa suite ont reçu séparément la direction de WAP et ses employés. A l’issue de ces huis clos, toutes les parties se sont retrouvées en plénière pour discuter pendant plusieurs heures.

Une occasion mise à profit par les travailleurs de WAP pour justifier leur manifestation du 28 avril dernier, au cours de laquelle ils avaient fermé le port minier de Dapilon. Selon leur porte-parole, Ibrahima Sory Camara, ils n’ont rien fait de grave, contrairement à ce que leur employeur fait croire.

Ibrahima Sory Camara, porte parole des travailleurs

« On a tout simplement lancé un préavis de grève. Nous avons déposé les papiers à la direction de la société, mais personne ne nous a appelés pour quoi que ce soit. Ainsi, nous avons décidé de partir en grève. Après cela, la direction s’est mise à appeler certains de nos collègues pour leur donner de l’argent pour qu’ils viennent travailler. Nous sommes venus au port et nous avons dit aux collègues de sortir. Et comme ils n’ont pas accepté de sortir, on a décidé d’aller les chercher à l’intérieur du port et les mettre dehors. C’est à ce moment-là que des pick-up de la police sont arrivés sur les lieux, et les agents se sont mis à nous gazer. Aujourd’hui, nous réclamons trois choses : la libération de nos collègues arrêtés, l’élection d’un nouveau bureau syndical pour remplacer celui dont le mandat est échu et le départ de Léo (le responsable des ressources humaines de l’entreprise, ndlr) », a déclaré le porte-parole des travailleurs.

Général Siba Sévérin Lohalamou, Gouverneur de la région administrative de Boké

En réponse, le gouverneur de Boké a fait savoir aux grévistes qu’ils ont eu tort d’agir de la sorte. « D’abord, vous n’avez pas raison dans vos démarches. C’est seulement le syndicat qui doit écrire un préavis de grève. Les gens qui ont signé ce papier devaient être arrêtés. Vous devez rester derrière le bureau syndical qui existe. Même si son mandat est terminé, il reste le seul bureau légal en attendant l’élection d’un nouveau bureau », a indiqué le général Siba Sévérin Lohalamou.

En ce qui concerne la libération des travailleurs interpellés au cours de ce mouvement de colère, l’autorité régionale pose une condition. « Le préfet et moi, nous pouvons plaider pour la libération de vos collègues. Mais pour cela, les travailleurs et les sages (de la localité, ndlr) vont signer un engagement disant qu’il n’y aura plus de barrage à Dapilon et qu’il n’y aura plus de pagaille. Si vous signez cet engagement, nous allons démarcher pour leur libération. Et prochainement, en cas de troubles, nous allons arrêter tous les signataires du document », a dit le gouverneur.

Visiblement non satisfaits du déroulement de cette rencontre, certains travailleurs influents du groupe ont quitté la salle avant la fin des discussions. Il a fallu l’intervention des sages pour les convaincre de revenir. Mais ni les travailleurs ni les notables du village n’ont accepté de signer l’engagement demandé par le gouverneur. Ils ont tout simplement demandé pardon pour leur démarche jugée anormale et promis de continuer le travail qu’ils ont repris il y a quelques jours. On apprend que les travailleurs prévoient de se retrouver avec leur syndicat dans les prochains jours pour tirer une conclusion par rapport à cette rencontre.

De Boké, N’Diaré Diallo pour Guineematin.com

Tel : 628-98-49-38

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