Prolifération des forages à Conakry : « ça peut avoir de graves conséquences »

Bangaly Dioumessy, directeur national des pollutions, nuisances et réchauffements climatiques au ministère de l'environnement
Bangaly Dioumessy, directeur national des pollutions, nuisances et réchauffements climatiques au ministère de l’environnement

La multiplication des forages dans une zone peut avoir de graves conséquences environnementales. L’alerte a été donnée par Bangaly Dioumessy, le directeur national des pollutions, nuisances et changements climatiques au ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts. Il l’a dit dans un entretien avec un journaliste de Guineematin.com, le mercredi 28 avril 2021.

Ces dernières années, on a assisté à une prolifération des forages à Conakry. Une situation due au sempiternel problème lié à l’obtention d’eau potable dans la capitale guinéenne. Car jusque-là, la Société des Eaux de Guinée (SEG) est très loin de répondre au besoin de la population.

Mais cette solution trouvée par les citoyens pour faire face au manque d’eau commence à inquiéter les spécialistes du secteur environnemental. Ils craignent qu’elle n’entraîne d’autres problèmes plus graves. Et, ces inquiétudes sont confirmées par le directeur national des pollutions, nuisances et changements climatiques au ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts.

« Nous, ministère de l’Environnement, comme tout observateur, avons constaté cette  réalité qui est la prolifération des forages, particulièrement dans la ville de Conakry. La raison de cette situation, c’est bien sûr la recherche d’une substance qui est l’eau parce qu’il n’y en n’a pas suffisamment. Et, cela est lié à beaucoup de contraintes, même au niveau du gouvernement. Maintenant, il ne faudrait pas qu’à la recherche des solutions qui manquent, on crée d’autres problèmes qui pourraient être irréparables demain.

Nous qui parlons d’environnement, nous considérons ces milieux récepteurs comme des milieux capitaux de la vie écologique. L’eau un est milieu récepteur, le sol est un milieu récepteur, et l’air est un milieu récepteur plus d’autres subdivisions. Ce sont des biens communs que la nature a légué à la société humaine. Normalement, il est interdit, surtout à but lucratif, d’abuser de l’utilisation de ces biens communs, sans autorisation, sans raison publique », a indiqué Bangaly Dioumessy.

Selon lui, « cette prolifération des forages, sans planification et sans études de base, peut entraîner un déséquilibre au niveau de ce milieu récepteur qui est le sol. Et la conséquence immédiate que cela peut provoquer, c’est l’effondrement. Quand la substance est pompée, il n’y a plus de base de soutènement pour le vide, et il y aura forcément affaissement. Cet affaissement a pour conséquence, le bouleversement de toutes les ressources se trouvant sur cette surface. Que ce soit les arbres, les insectes, même la vie humaine, des fois c’est catastrophique.

Donc la multiplication des forages dans un secteur sans distance normale peut avoir de graves conséquences, surtout quand tu ne connais pas le potentiel disponible, la quantité d’eau annuelle réservée à cette bande.  Un forage dans une localité avec ratio, ça marche. Mais que chacun se mette à creuser sans savoir quel est le potentiel hydrique, ça peut créer automatiquement des risques catastrophiques », a fait savoir ce responsable du ministère de l’Environnement.

Bangaly Dioumessy, directeur national des pollutions, nuisances et réchauffements climatiques au ministère de l’environnement

Pour éviter ces conséquences fâcheuses, Bangaly Dioumessy préconise une synergie d’action de tous les acteurs concernés par cette situation. « Je voudrais à cette occasion appeler tous les acteurs concernés par ce phénomène à la collaboration. Il faut développer  et promouvoir une synergie d’actions pour que chaque aspect soit regardé, contrôlé, avant de passer à l’acte.

Désormais, nous souhaiterions que les services en charge de l’attribution des autorisations d’exploitation des ressources d’eau passent par l’hydraulique pour faire l’évaluation du potentiel existant, passent par le ministère de l’Environnement pour connaître le comportement écologique du milieu et par d’autres services comme l’habitat pour voir quels types de maisons et autres sont rencontrés dans la zone.

Quand toutes les parties prenantes professionnelles et même la société civile se rencontrent pour discuter sur des bases logiques, les autorisations peuvent être données », a dit le directeur national des pollutions, nuisances et changements climatiques au ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél. : +224622919225

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