Lutte contre les MGF en Guinée : L’OPROGEM se félicite  des résultats et énumère des difficultés

Commissaire de police, Marie Sylla, cheffe de division et de la protection à l'Office de Protection Genre, Enfance et Moeur
Commissaire de police, Marie Sylla, cheffe de division et de la protection à l’Office de Protection Genre, Enfance et Mœurs

Depuis 2008, il existe un programme conjoint de lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF) dans 17 pays (dont la Guinée) à forte prévalence en Afrique. C’est une initiative du secrétariat général des Nations-Unies qui visant à élaborer des stratégies conjointes dans la lutte contre cette pratique nuisible à la santé de la jeune fille. Et, depuis sa mise en œuvre en république de Guinée, l’Office de protection genre, enfance et mœurs (OPROGEM), une structure en charge de la sensibilisation et de la répression face aux violences dont les femmes et filles sont victimes, s’active sur le terrain pour combattre sans relâche ce phénomène de société qui connait un taux de prévalence de 95% sur le territoire national. Cependant, à ce jour, des résultats notables ont été obtenus ; mais les défis sont encore nombreux et le chemin pour l’éradication de cette pratique très répandue dans le pays est encore long. Et, pour la commissaire de police Marie Sylla, cheffe de division et protection à l’OPROGEM, il faut redoubler d’efforts pour amener les guinéens à l’abandon total de la pratique des MGF, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Selon les informations, le programme conjoint de lutte contre les mutilations génitales féminines dans les pays à forte prévalence en Afrique était soutenu au départ par l’UNFPA, à travers l’UNICEF qui est une agence spécialisée des Nations-Unies par rapport à ces thématiques des MGF. Mais, il est aujourd’hui devenu un programme national en Guinée où le taux de prévalence est estimé actuellement à 95%. Ainsi, dans la mise en œuvre de ce programme, l’OPROGEM se trouve à la première ligne dans notre pays.

« Ce programme conjoint concerne les mutilations génitales féminines. Et, depuis des années, l’OPROGEM se bat contre cette pratique. Le programme consiste à faire la répression conjointe. Nous cherchons toujours à référer les victimes de MGF pour une prise en charge. Quand on apprend soit par appel téléphonique ou par plainte nous informant qu’il y a eu les MGF quelque part, aussitôt on envoie une équipe sur le terrain pour l’intervention. C’est-à-dire on essaye d’appréhender les présumés. Mais, les victimes aussi on ne les laisse pas, nous les envoyons vers une structure de santé pour une prise en charge. Quand nous prenons les présumés, nous les entendons sous PV, nous ne sommes pas tenus aux résultats, ils peuvent reconnaître ou ne pas reconnaitre les faits. C’est le médecin légiste qui nous dira après ce qui s’est passé effectivement. Donc, après cette procédure, nous réunissons les preuves et nous les déferons devant les tribunaux pour que justice soit faite. C’est là se limite les prérogatives de notre office » a indiqué commissaire Marie Sylla.

Seulement, à en croire cette responsable de l’OPROGEM, la lutte contre les MGF n’est pas chose aisée sur le terrain. Et, C’est pourquoi, dans sa mission, l’OPROGEM se fait épauler par des ONG évoluant le domaine, afin d’aider les victimes de réjouir de tous leurs droits.

« Ce n’est pas facile parce que nous n’avons pas tous les moyens à notre disposition, sachant que nous avons à faire à une couche très vulnérable. Quand on gère à la fois les dossiers des femmes, des enfants, des handicapés (…), nous sommes tenus obligés de nous faire épauler par les ONG telles que : MDT (Même droit pour tous). Cette ONG assiste les femmes pauvres qui sont déférées au tribunal et qui n’ont pas les moyens pour assurer leur défense parfois face à des hommes riches. Donc, pour ne pas qu’elles se découragent ou que le crime reste impuni, nous sommes tenus obligés de les faire accompagner par ce poule d’avocats qui sont nos partenaires… Avant, les gens ne savaient pas la gravité des MGF. Mais aujourd’hui, à partir des formations et des sensibilisations que nous faisons à travers les coopératives des femmes, nous comprenons petit à petit que les communautés commencent à peser le poids des MGF en Guinée. Avant, pendant les vacances, on pouvait voir les enfants dans les rues au nombre de 10 à 15 en tenue d’excision. Mais actuellement, avec l’application de la loi, je pense que cela a diminué. Même si ça se fait maintenant là c’est en cachette. Nous invitons donc les communautés à arrêter cette pratique néfaste sur la santé de la jeune fille. Le plus souvent c’est les tantes, les grand-mères et les homonymes qui pratiquent ce phénomène sur les petites filles pendant les vacances. Nous les invitons à épargner ces enfants là, car cette pratique n’a aucune importance sur elles. Au contraire, ça ne fera que compliqué leur situation », a confié la commissaire de police Marie Sylla.

A noter que selon les spécialistes, les mutilations génitales féminines (MGF) affecte la santé, la dignité, la sécurité et l’autonomie de ses victimes. Parfois, les actes de violence ont des conséquences graves sur la santé sexuelle et reproductive de la femme comme les grossesses non désirées, les fistules traumatiques et le VIH/SIDA. Cependant, les mutilations génitales féminines restent encore très répandues au sein des différentes communautés de Guinée. Ce, en dépit des efforts fournis par les autorités du pays, les ONG et les partenaires techniques et financiers pour endiguer cette pratique néfaste pour la santé et l’épanouissement des filles et femmes qui y sont victimes. 

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tél. : 626-66-29-27

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