Fours modernes, politisation du secteur du pain : les boulangers de Guinée en colère

Déception et colère, ce sont les sentiments qui animent aujourd’hui les responsables de l’union nationale et professionnelle des boulangers de Guinée. A l’origine de cette situation, « le non-respect » des engagements pris par le gouvernement guinéen lors des négociations avec les boulangers autour du prix du pain. Ces boulangers disent avoir été écartés dans la répartition des fours modernes que les autorités leur avait promis pour les aider à moderniser leurs activités. Ils dénoncent une politisation et une communautarisation de leur secteur par le gouvernement.

Dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, Elhadj Boubacar Baldé, secrétaire général du syndicat des boulangers de Guinée, a exprimé son mécontentement face à cette situation. Selon lui, il y a quelques semaines qu’ils ont constaté que les autorités guinéennes ne sont pas en train de respecter leurs promesses tenues à l’endroit des boulangers. « Le gouvernement et nous les boulangers, avons conclu un accord sur le prix du pain. Nous, nous respectons cet accord. Ces derniers temps, le prix de la farine a été revu à la hausse, mais le gouvernement nous a demandé de maintenir le prix actuel du pain. Ils ont dit que même si nous allons travailler à perte, nous n’avons qu’à le faire pour ne pas que les populations souffrent. Nous l’avons accepté.

En retour, le gouvernement nous a promis qu’il va moderniser notre secteur en nous envoyant des fours modernes puisqu’actuellement, nous utilisons des bois de chauffe dans nos fours. Donc nous étions contents de cette promesse du gouvernement. Mais nous sommes surpris de voir ce qui nous a été promis sur le terrain sans même qu’on en soit informés. Les fours modernes qu’on nous avait promis sont envoyés et mis à la disposition de gens que nous ne connaissons pas. Donc on a compris que le gouvernement nous met de côté pour donner ce qu’il nous a promis à d’autres personnes », a déclaré ce fabricant de pain.

Une version confirmée par le président de l’union nationale et professionnelle des boulangers de Guinée. Selon Elhadj Alpha Oumar Sacko, les personnes à qui ces fours modernes ont été attribués ont déjà été formées. Il estime qu’en agissant ainsi, le gouvernement guinéen est en train de politiser et communautariser le secteur du pain. « Je pense que si des parties vont jusqu’à signer des conventions entres elles, chacune de ces parties doit faire en sorte qu’elle respecte ses engagements. Mais, ce que j’ai appris pendant le mois de ramadan passé m’a beaucoup surpris. Je ne m’y attendais pas.

On est allés jusqu’à voir où des gens qui étaient en train d’être formés pour gérer ces fours modernes qui étaient mentionnés dans notre accord avec le gouvernement. Ils étaient au nombre de 50 répartis en 2 groupes dans des usines de la place. Nous, on pensait que moderniser le secteur de la boulangerie ne veut pas dire le politiser ou le communautariser. Ça nous ne le voulons pas. Nous ne voulons pas que notre secteur ne soit ni politisé, ni communautarisé. L’affaire de pain doit rester une affaire de pain et non une affaire de communauté ou de politique. Nous sommes contre ça, quelle que soit son origine. Nous disons non à ce genre de pratiques, à ce genre de comportements », a-t-il dit.

« Nous appelons le gouvernement à respecter son engagement qu’il a bien voulu signer. Nous boulangers de Guinée, de notre côté, nous respectons notre engagement. La preuve est que nous avons accepté de travailler à perte. La plupart des boulangers s’étaient levés pour exprimer leur mécontentement. C’est nous qui les avons toujours calmés pour la paix et l’intérêt des populations de Guinée. Nous voulons que les fours modernes envoyés par le gouvernement reviennent aux boulangers, comme prévu dans nos conventions, pour les aider à moderniser leurs activités », ajoute Elhadj Alpha Oumar Sacko.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tel: 622919225

Facebook Comments Box