Conflit domanial à Sanoyah (Coyah) : bras de fer entre Elhadj Idrissa Kallo et Moriba Kourouma

C’est un conflit qui date de 2008 et dans lequel Elhadj Idrissa Kallo a croisé le fer avec de différents adversaires. Jusque-là, cet imam s’en était bien tiré (malgré les multiples agressions et les menaces subies) ; mais, depuis le mois de mars dernier, il fait face à une menace imminente d’expulsion de sa concession qui se trouve à Sanoyah Mangué Boungni. Et, cette menace vient d’un certain Moriba Kourouma, qui aurait obtenu une décision de justice faisant de lui le propriétaire de la concession d’Elhadj Idrissa Kallo. Ce dernier dénonce une injustice et une complicité du chef du quartier Sanoyah Mangué Boungni.

Selon des informations confiées à un reporter de Guineematin.com, le domaine qui fait l’objet de ce litige a été acheté en 2014 par Elhadj Idrissa Kallo. Il l’a ensuite mis en chantier pour la construction d’une maison d’habitation. Et, sans aucune opposition d’un tiers, les travaux de construction ont continué jusqu’en 2008. Mais, au cours de l’année 2008, un certain Lamine Jacques Camara est venu se présenter à Elhadj Idrissa Kallo comme étant le propriétaire de ce domaine en exploitation. Et, c’est là que les problèmes ont commencé.

Elhadj Idrissa Kallo, premier imam de la mosquée de la casse de Dixinn

« C’est en 2004 que j’ai demandé à mon frère Moustapha Tounkara qui habitait au Km36 de me chercher un terrain autour de lui là-bas. Un jour, celui-là qui m’a appelé pour me dire qu’il a eu un terrain. C’est ainsi que je suis venu voir le domaine. Quand je suis arrivé, il m’a conduit chez le propriétaire du terrain. Ce dernier nous a aussitôt conduits sur le terrain qui a une largeur de 15,40 mètres et une longueur de 25,50 mètres. Quand on s’est entendu sur le prix, je lui ai demandé qu’on aille d’abord au quartier pour qu’on me dise si effectivement le domaine lui appartient ou s’il appartient à sa famille. Ce jour, nous avons trouvé Elhadj Minkayilou Camara, le chef du quartier. C’est ce dernier qui m’a confirmé que le terrain appartient au monsieur, parce qu’il s’agit de l’héritage laissé par son père. C’est après quoi j’ai payé la moitié du prix du terrain ; et, sur place, il m’a fait une attestation de vente. Et, ils m’ont demandé de laisser de l’argent pour la confection de la donation et tout autre document y afférent. Quand mon donateur m’a remis ces documents, j’ai payé le restant de son argent. Dans la même semaine, j’ai  pris un maçon pour tracer mon soubassement. De 2004 jusqu’en 2008, tout se passait bien. Je venais petit à petit élever le bâtiment, comme nous nous sommes des débrouillards. Mais, un jour, en 2008, un monsieur du nom de Lamine Jacques Camara est venu me trouver en train de travailler sur le terrain en me disant que ce terrain lui appartient. Je lui ai dit ok. Toi et moi, on ne doit pas nous battre. Comme chacun de nous a un cédant, alors va dire à ton cédant que tu as trouvé quelqu’un sur le site et je ferai aussi la même chose de mon côté. Comme ça, on saura entre les deux cédants à qui appartient ce domaine. Chose qu’il (Lamine Jacques) n’a pas faite. Dès que je suis rentré, le même soir, il (Lamine Jacques) est venu faire tomber toute ma maison. Le lendemain, je l’ai trouvé sur le terrain avec quelques membres du bureau du quartier, il m’a dit qu’il a bien fait et que si je ne suis pas d’accord d’aller faire recours à la justice », a expliqué Elhadj Idrissa Kallo.

Mais, à en croire cet imam, quand le papa de son cédant décédait, ses enfants étaient très petits. Il a donc confié ses parcelles à son frère, Mohamed Lamine Bangoura. Mais, ce dernier aurait donné le terrain à sa femme, Fatoumata Kanté. Et, c’est cette dernière qui aurait vendu ce domaine à Lamine Jacques Camara.

Ainsi, face à cette volonté de l’exproprier de son domaine qu’il avait déjà commencé à mettre en valeur, Elhadj Idrissa Kallo s’est constitué un avocat et a transporté ce litige devant la justice.

« Mon avocat m’a tout de suite donné un huissier pour venir constater les faits sur le terrain et recueillir les témoignages. Le chef du secteur même a réaffirmé à l’huissier que le terrain appartient à celui qui me l’a vendu. En 2009, j’ai gagné ce procès au tribunal de première instance de Coyah. Après, Lamine Jacques a revendu le terrain à un certain Moriba Kourouma. Bien avant l’achat, les voisins lui ont dit de ne pas acheter, parce que c’est un terrain litigieux. Moriba Kourouma leur a dit que ce n’est pas son problème et qu’il va acheter. Quelques jours après, il (Moriba Kourouma) est venu avec ses ouvriers sur le terrain pour travailler. Les voisins m’ont appelé pour me le dire. Ce jour, je suis allé à la gendarmerie de Coléah, ceux-ci m’ont donné deux gendarmes et un arrêt qu’on est venu lui remettre. Quand on lui a remis l’arrêt, il a appelé son commandant qui aurait racheté le terrain, selon Moriba. Les deux gendarmes aussi ont appelé leur commandant. Le commandant de Coléah a demandé à ce commandant de Moriba si c’est pour lui le domaine, il a répondu : Non ! Il lui a alors demandé de se retirer de cette affaire. Depuis lors, le commandant là ne s’est plus mêlé », a indiqué Elhadj Idrissa Kallo.

Cependant, cet échec de Moriba Kourouma semble l’avoir galvanisé davantage dans sa volonté de s’accaparer du domaine de Elhadj Idrissa Kallo. Car, Moriba viendra mettre encore ses mains dans ce domaine dont il revendique mordicus la propriété.

« J’étais parti aider ma maman dans son champ au village. D’ici mon retour, Moriba Kourouma est venu modifier mon salon et mettre les tôles sur la maison, pendant que moi j’avais déjà fait l’élévation. Quand je suis revenu, j’ai demandé à mon fils d’aller voir le chantier. Celui-ci est venu me dire que quelqu’un a mis les tôles dessus et qu’au lieu de trois chambres c’est devenu quatre. J’ai dit ok. Moi aussi, j’ai acheté les portes et fenêtres, je les ai fixées et j’ai fait le crépissage. C’est ainsi qu’en fin 2016, j’ai déménagé dedans. En 2017, il (Moriba Kourouma) est venu constater cela ; et du coup, il m’a convoqué à la gendarmerie de Coyah. Sur place, le commandant m’a demandé et je l’ai répondu : est-ce que même un fou peut se permettre de loger avec toute sa famille dans la concession d’autrui ? Il a rit. Puis, je lui ai expliqué tout le problème en lui brandissant toutes mes preuves (dossiers). Le commandant lui a dit que le terrain m’appartient et que j’ai tous mes dossiers. Malgré tout, il (Moriba Kourouma) ne m’ont pas laissé. En 2018, grâce à la complicité de deux membres du bureau du quartier qui disent que mes papiers ne sont pas authentiques, Moriba Kourouma a pris cette fois-ci les loubards du quartier pour venir me déloger. À 5 heures du matin, nous avons été attaqués. C’est grâce au bon voisinage que j’ai pu m’en sortir ; et, on a conduit Moriba au commissariat du km36. Soudain, étant au commissariat là-bas, un monsieur a appelé le commissaire pour demander de libérer Moriba. Le commissaire m’a dit qu’il n’a pas de choix. Après sa libération par le commissaire, j’ai porté plainte contre lui au tribunal de Coyah auprès de Moundjour Chérif (procureur d’alors). Il (Moriba Kourouma) n’a jamais répondu à cette convocation. Quelques mois après, Koutoubou Camara (le chef du quartier Sanoyah Mangué Boungni) est venu me trouver avec un document de libérer les lieux, que c’est le verdict d’une décision de justice, alors que moi je n’ai jamais assisté à ce procès. Du coup, je suis allé voir le procureur pour l’expliquer qu’il ne peut pas juger une affaire sans écouter la partie incriminée. Il m’a dit non, que lui il rend justice à partir des dossiers qu’on lui a transmis. C’est ainsi j’ai automatiquement j’ai attaqué cette décision. En 2019, il est venu pour la deuxième fois avec la police arracher toutes mes portes et fenêtres et détruire les meubles de la maison. Tout récemment, en mars 2021, ce même monsieur (Moriba Kourouma) est venu m’attaquer à 5 heures avec certains jeunes pendant que nous étions couchés. Donc, c’est cette injustice que je vis au quotidien. J’en ai vraiment marre et je veux interpeller toutes les autorités du pays à travers la presse sur la question. Parce que face à ces incessantes menaces qui pèsent sur ma famille et moi, je ne sais plus quoi faire après avoir saisi la police, la gendarmerie et la justice sans succès », a confié Elhadj Idrissa Kallo.

Rencontré par Guineematin.com, le mise en cause, Moriba Kourouma, rejette en bloc toutes les accusations mises à sa charge et revendique la paternité de ce domaine. Pour lui, la justice a déjà tranché dans cette affaire et il est temps qu’il soit rétabli dans ses droits.

« Je ne suis pas parti par ma force ou en usant de mes relations, c’est la justice qui m’a envoyé. Cette maison m’appartient. C’est moi qui ait fait le soubassement, construit la maison et mis la toiture. Il (Elhaj Kallo) est venu mettre les portes et fenêtres et installer sa famille dedans. Vous pouvez vous renseigner au niveau du chef du quartier et les voisins… Quand la justice a tranché et on a envoyé le papier au quartier. Bien avant, le chef de quartier m’a appelé, on a appelé Elhadji Kallo, son cédant et le mien. Son cédant (Abou Soumah) a reconnu de l’avoir vendu qu’une demi-parcelle à 6 millions de francs. Elhadj Kallo a été sommé de quitter ma maison en lui offrant une demi-parcelle par son tuteur, Abou Soumah, mais il a refusé… Par rapport à l’implication de la police, je ne suis pas parti avec la force. Je suis parti avec mon huissier et tout a été fait conformément à la loi. Je veux récupérer mon domaine coute que coute, mais je suis toujours derrière la loi », a dit Moriba Kourouma.

Joint au téléphone par un reporter de Guineematin.com, le chef du quartier Sanoyah Mongué Boungni, Koutoubou Camara, accusé par Elhadj Idrissa Kallo d’être complice de Moriba Kourouma, a laissé entendre qu’il n’a rien à dire dans cette affaire qui se déroule pourtant dans sa juridiction géopolitique.

« Nous n’avons rien à dire dans ce problème. Puisque l’affaire a été jusqu’au tribunal, c’est au juge qu’il faut s’adresser pour vous situer. Moi je n’ai rien à vous dire. Je suis chef de quartier ça fait plus de 20 ans. Donc, s’il y a un problème, nous on parle à l’amiable. Au delà,  c’est la justice qui tranche. Moi quand je m’implique dans une affaire, je sais comment marcher. Celui qui vous a donné mon nom est venu ici plusieurs fois avec toute sa famille et la communauté mandingue pour parler de ce problème. S’il sait que je suis associé qu’il porte plainte contre moi. Nous sommes tous des guinéens et nul n’est au dessus de la loi », s’est borné a dire le chef quartier Koutoubou Camara.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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