Les mots et les maux du ministre

Habib Yembering Diallo
Habib Yembering Diallo

Cher ami, 

C’est toujours un exercice qui est tout sauf une promenade de santé pour moi de me mettre à table pour écrire. Raison pour laquelle je le fais rarement. Bien malgré tout, il y a des situations devant lesquelles il faut absolument se livrer à cet exercice. C’est pour cette raison que je t’adresse cette missive. L’objectif est de te parler de la pagaille qui règne dans une structure relevant d’une manière ou d’autre de mon département. 

Tu as sans doute compris de quoi il s’agit. Car c’est l’évènement qui défraie la chronique en ce moment. D’autres diront qu’il déchaine les passions. Mais je laisse toutes ces expressions aux journalistes qui en font les choux gras en ce moment. Je te vois déjà frémir en disant que ton ami a subitement amélioré son français. Ce n’est pas mon sujet. Encore moins ma préoccupation. D’autant plus que je suis « franglophone ». 

Je reviens donc à mon sujet. Même si tu as suivi les différentes péripéties de cette rocambolesque affaire, je me dois de te planter le décor. Quand il était question d’élection à la tête de la fédération nationale de football, il y a eu deux candidatures de taille dont celle du sortant. Les deux principaux challengers ont constitué chacun un réseau de copains de conquis. Avec un double un objectif : faire les éloges d’un et persifler l’autre. 

Les gens se sont mis à s’insulter sur la toile. Et puis les deux candidats décident d’enterrer la hache de guerre. Mettant ainsi tous ceux qui s’insultaient devant une situation peu confortable. Si bien que, quand ils se retrouvaient les uns devant les autres, ils ne pouvaient pas se regarder dans les yeux. Ils ont appris à leurs dépens qu’il ne faut jamais êtreplus royaliste que le roi. 

Après cette parenthèse, je reviens au sujet. C’est-à-dire à l’élection elle-même. Celle-ci n’a pu avoir lieu. Et pour cause, le candidat ayant obtenu le renoncement de son concurrent avait beaucoup d’adversaires voire d’ennemis. Lesquels ont utilisé le réel et l’occulte pour sa disqualification. Ce qui fut fait. Depuis ce retrait notre fédération est à l’image d’une veuve riche dont les frères du défunt mari sont pauvres. 

Plus grave, la division, la délation et les coups bas ont mis à nue les pratiques peu honorables qui gangrènent notre fédération. La quelle est à la FIFA aujourd’hui ce qu’un homme qui étale ostensiblement ses nouvelles richesses dans un contexte de vol et de détournement est aux enquêteurs. Autant un tel homme est un suspect autant notre fédération est surveillée aujourd’hui à la loupe par l’orage chargé de gérer ce secteur au niveau planétaire. 

Dans la foulée, des adversaires, vraisemblablement au service de l’l’opposition, ont envoyé un document que je qualifieraide tract à la fédération internationale pour dire qu’il ne faudrait accorder aucun crédit au système électoral de notre pays. Mettant en exergue ce qui s’était passé pour l’électiond’un maire où, selon nos détracteurs, une élection dont le nombre de votants était de 45 personnes seulement a connu une fraude. Or tu conviendras avec moi que l’élection d’un maire et celle d’un président d’une fédération n’ont rien à avoir l’une de l’autre. Bien malgré tout, cela confirme, s’il en était besoin, que notre passé  peut toujours nous rattraper. 

Encore une fois je me rends compte que je me suis écarté de mon sujet. Permets-moi donc d’y revenir. Ma crainte, voire mon angoisse, c’est que cet imbroglio ne discrédite dangereusement et durablement notre football, au point d’annuler un rendez-vous qui devrait être le couronnement la réussite du 1er mandat de la 4ème République. Je veux parler de l’organisation de la CAN par notre pays. Car en dépit de l’autosatisfaction que l’on nous brandit çà et là, force est de reconnaître que notre pays figure parmi les pays qui comptent le moins sur le continent. Tu conviendras avec moi encore que tous les pays qui comptent ont organisé au moins une fois cette compétition. Le nôtre s’affiche avec sa sœur et homonyme de Bissau, la Sierra Leone, le Liberia ou encore la Gambie. 

L’organisation de la CAN par notre pays et sous le règne de l’homme du changement devait inscrire le nom de notre pays au rang des grands du continent. Mais j’ai bien peur que les gens ne nous disent que celui qui est incapable de s’occuper de ses propres enfants ne peut pas prétendre le faire pour ceux de ses voisins. Bref, sans être paranoïaque, je vois la main de nos adversaires derrière cette affaire. Car ils ne veulent pas que notre président réussisse là où ils ont échoué. 

Nous sommes en train de travailler pour redorer le blason de notre fédération. Mais il y a désormais beaucoup de préjugés. Et comme l’a dit Einstein « Il est plus facile de briser un atome que de briser un préjugé ». 

C’est sur cette citation que ton ami, que certains ont qualifiéironiquement de taximan, termine cette longe lettre. Je te prie de me répondre dès sa réception afin de me donner ta pertinente opinion sur cette question ainsi que tes éventuelles propositions de sortie de crise. Si tu le fais, ce sera l’occasionpour moi de parler de toi à mon patron à l’occasion de la présentation de ce document. 

Ton ami le ministre.

Habib Yembering Diallo joignable au 664 27 27 47.

Toute ressemblance entre cette histoire et une autre n’est que pure coïncidence.

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