Trafic international de drogue : « j’ai avalé les 25 boules au Brésil et j’ai pris un vol de la RAM pour venir à Conakry, via Casablanca… »

Valentin Okéké à la barre : «…Quand je suis allé au Brésil, mon ami Oby est venu me trouver dans un hôtel à Sâopolo. C’est dans cet hôtel qu’il m’a donné des boules de to dans lesquelles était enfouie la drogue. Il m’a dit de les avaler et puis je les ai avalées. Le même jour, j’ai pris un vol de la compagnie Royal Air Maroc en destination de Casablanca. Arrivé au Maroc, j’ai changé de vol pour venir à Conakry. A mon arrivée à l’aéroport de Conakry, les policiers de l’anti-drogue m’ont conduit dans leur bureau pour passer au scanner. Après, ils m’ont donné du jus pour évacuer ce que j’avais dans mon ventre. C’est ainsi que 25 boules de drogue sont sorties »…

Arrêté et placé en détention provisoire à la maison centrale de Conakry depuis le mois de novembre 2017 pour « trafic international de drogue (Cocaïne), Valentin Okéké, un Nigérian d’une trentaine d’années, a comparu le mardi dernier, 1er juin 2021, au tribunal criminel de Mafanco. Dans un premier temps, il a plaidé non coupable des charges articulées à son encontre. Mais, au fil des débats, il a fait un rétropédalage et a reconnu avoir été arrêté avec 25 boules de Cocaïne qu’il avait avalées depuis le Brésil. Le ministère public a requis 15 ans de réclusion criminelle à son encontre, rapporte un journaliste que Guineematin.com avait dépêché au tribunal.

Devant cette juridiction de première instance, l’accusé Valentin Okéké a visiblement voulu jouer à la politique de l’Autriche pour tenter d’échapper au courroux de la loi. Tout d’abord, il a clamé son innocence et s’est présenté au tribunal comme étant un vendeur de bijoux qui est venu en Guinée dans le cadre du commerce.

« Je ne reconnais pas les faits. Moi, je suis vendeur de bijoux. J’ai quitté le Nigeria pour la Guinée dans le cadre du commerce. Quand je suis arrivé à l’aéroport de Conakry, les policiers ont fait leurs formalités ; ensuite, je suis sorti, je me suis  embarqué à bord d’un taxi ville. C’est seulement 30 minutes après que la voiture de l’anti-drogue nous a rattrapé et nous a mis aux arrêts. Ils m’ont envoyé dans leurs bureaux où ils m’ont dit que je suis avec de la drogue », a expliqué Valentin Okéké.

Mais, lorsqu’il a été acculé par le ministère public qui l’a pris en tenaille entre les questions et la lecture de son procès verbal de l’enquête préliminaire, Valentin Okéké a fini par reconnaître avoir détenu et transporté de la Cacoïne du Brésil à la Guinée, via le Maroc.

« Un ami de nom Oby a une fois constaté que j’étais en difficulté financière, il m’a dit d’aller au Brésil où on va me donner quelque chose que je dois envoyer à Conakry. Quand je suis allé au Brésil, mon ami Oby est venu me trouver dans un hôtel à Saopolo. C’est dans cet hôtel qu’il m’a donné des boules de to dans lesquelles était enfouie la drogue. Il m’a dit de les avaler et puis je les ai avalées. Le même jour, j’ai pris un vol de la compagnie Royal Air Maroc en destination de Casablanca. Arrivé au Maroc, j’ai changé de vol pour venir à Conakry. A mon arrivée à l’aéroport de Conakry, les policiers de l’anti-drogue m’ont conduit dans leur bureau pour passer au scanner. Après, ils m’ont donné du jus pour évacuer ce que j’avais dans mon ventre. C’est ainsi que 25 boules de drogue sont sorties », a finalement avoué Valentin Okéké.

Au terme des débats, le ministère public a requis 15 ans de réclusion criminelle à son encontre. La procureure Joséphine Loly Tenkiano est arrivée à la conclusion que l’accusé est suffisamment coupable des faits de « trafic international de drogue » qui pèsent sur lui.

« C’est au courant de l’année 2017 que la brigade antidrogue a arrêté monsieur Valentin Okéké avec une quantité de drogue. De l’enquête préliminaire jusqu’au niveau du juge d’instruction, il a reconnu sans ambages les faits mis à sa charge. Monsieur Valentin Okéké a devant la barre ici reconnu en partie les faits mis à  sa charge… C’est pourquoi, monsieur le président, le ministre public va requérir qu’il plaise de retenir monsieur Valentin Okéké dans les liens de la culpabilité des faits à lui reprochés. Et, pour la répression, nous demandons qu’il vous plaise de le condamner à 15 ans de réclusion criminelle et au payement d’une amende égale à la valeur de la quantité saisie ou le triple de la valeur de la qualité », a requis la procureure Joséphine Loly Tenkiano.

De son côté, l’avocat de la défense a plaidé pour la relaxe pure et simple de son client. Me Abou Camara a laissé entendre que son client est innocent et que le ministère public a raté son enquête dans cette affaire.

« Monsieur le président, le ministère public, après avoir raté ses enquêtes, vous demande de condamner mon client qui est innocent dans cette affaire. On ne condamne pas un accusé seulement parce qu’il faut condamner. Il ne faut pas que mon client soit condamné parce qu’il est venu du Nigéria, du Brésil ou du Maroc pour arriver à Conakry. Qu’est-ce qui prouve qu’il a été arrêté avec la drogue ? Je ne vois pas cette drogue avec laquelle il a été arrêté. Rien ne montre ici que mon client est dans le trafic international de drogue. Et, s’il y en a qu’on me montre ici et je vais plaider coupable et demander des circonstances atténuantes. Au contraire, je demande de déclarer mon client non coupable des faits à lui reprochés et d’ordonner la relaxe pure et simple », a plaidé Me Abou Camara.

Finalement, le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 15 juin prochain.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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