Journée africaine des frontières : Dr Dansa Kourouma (CNOSCG) dénonce des « problèmes d’égo entre les chefs d’État » sur la vie des populations

Dr Dansa Kourouma, président du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne
Dr Dansa Kourouma, président du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne

Instituée en 2010 par l’Union Africaine (avec pour objectifs d’éliminer les sources de tensions aux frontières des États et faire des zones frontalières des espaces de paix, de sécurité et d’intégration pour un développement économique, social et culturel harmonieux), la journée africaine des frontières est commémorée le 7 juin de chaque année à travers le continent. Cette année, cette journée est célébrée sous le thème : « Arts, cultures et patrimoine : leviers pour construire l’Afrique que nous voulons ». Et, cette journée intervient à un moment où la Guinée est en froid avec certains de ses voisins. Le différend, évoque officiellement sous l’aspect de « sécurité nationale » par les autorités guinéennes, s’est matérialisé par la fermeture des frontières de la Guinée avec certains pays limitrophes comme le Sénégal et la Guinée Bissau. Cette fermeture des frontières qui entrave la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO est vivement critiquée en Guinée. Et, à l’occasion de cette journée africaine des frontières, Dr Dansa Kourouma, le président du conseil national des organisations de la société civile guinéenne (CNOSCG), a appelé les chefs d’Etats des pays concernés à mettre balle à terre et à privilégier les intérêts et le bien-être des populations de cette zone d’intégration ouest-africaine.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce lundi, 07 juin 2021, cet activiste de la société civile guinéenne a alerté sur le danger des « problèmes d’égo entre les chefs d’État ou les jalousies entre les gouvernements » sur le vivre ensemble des différentes populations et le développement de nos Etats.

« C’est une opportunité qui tombe à un moment où notre organisation est en train de mobiliser les citoyens afin de donner leurs avis par rapport à la réouverture des frontières. C’est en cela que cette journée est symbolique pour nous. Parce que cette célébration intervient à un moment où la Guinée, qui est considérée comme l’un des berceaux du panafricanisme, est confrontée à tort ou à raison à des différends avec ses voisins. Quel que soit ce qui est reproché, c’est la raison d’État. Nous citoyens on ne sait pas quels sont les dessous de ce que la Guinée a avec le Sénégal. Mais, en réalité, il y a des textes, dont le protocole de la CEDEAO sur la libre circulation, qui sont en dessus de nos constitutions, de nos textes intérieurs et même au-dessus de nos dirigeants. Ce texte, aujourd’hui se trouve être à une forme très avancée en matière d’intégration qui confère à la CEDEAO l’organisation sous-régionale ou régionale la mieux structurée ou la plus avancée en matière d’intégration. Mais, pour que ce postule là soit possible, il faut que les chefs d’État renoncent à une partie de leur souveraineté territoriale vis-à-vis de leurs voisins. Parce que quand vous regardez la vision 2020 de la CEDEAO, c’est une Afrique sans frontières, où les frontières physiques vont disparaître au profit d’une parfaite intégration économique, culturelle… Je pense qu’aujourd’hui, quel que soit ce qui est reproché au Sénégal, la Guinée doit accepter de se montrer comme un pays modèle en matière d’intégration, un pays qui a attiré la souveraineté de la plupart des pays africains. C’est honteux que notre pays se trouve confronté à des problèmes avec ses voisins. Le but de notre pétition c’est pour amener les autorités à comprendre que les problèmes d’égo entre les chefs d’État, les jalousies entre les gouvernements et le souverainisme frontalier entre les État exacerbés par les problèmes de ressources sont préjudiciables au vivre ensemble de nos différentes populations, sont préjudiciables à un développement harmonieux entre ces pays. Donc, il est important de mettre les préoccupations de la population au-dessus de tout problème politicien. Parce que la raison d’être de la politique, c’est l’amélioration des conditions de vie des populations », a indiqué Dr Dansa Kourouma.

S’agissant des récurrents conflits frontaliers guinéo-maliennes, le président du CNOSCG plaide « des missions de bon office » qui seront conduites par des personnalités influentes des deux pays.

« Le problème frontalier entre la Guinée et le Mali est un problème ancien dont la première république a pu trouver des solutions grâce au leadership politique des dirigeants des deux pays. Mais aujourd’hui, le problème revient avec l’exploitation minière et l’avancée du désert au Mali qui pousse les populations à aller vers les terres fertiles. Il faut savoir que la frontière entre ces deux pays est imaginaire, tracée par les colons, sans tenir compte des interférences culturelles qui existent entre nos deux pays. Moi je pense que nos États se montrent aujourd’hui impuissants parce qu’en réalité c’est un problème communautaire. Il faut que la société civile, dans sa pluralité, s’intéresse au sujet… Nous sommes dans une perspective de création d’une amitié Guineo-malienne des organisations de la société civile pour qu’enfin nous puissions mettre en place un cadre de dialogue afin que nos propositions puissent permettre aux dirigeants politiques et aux services de défense et de sécurité de trouver des solutions appropriées. Il faut des missions de bon office qui ne soient  pas forcément conduites par les politiques, mais des personnalités influentes des deux pays. J’aimerais bien voir l’imam Dicko et Elhadj Mamadou Saliou Camara participer à une mission pour apaiser les tensions sur le terrain et qui va aboutir à la signature d’un pacte de non agression », a dit Dr Dansa Kourouma.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tél. : 626-66-29-27

Facebook Comments Box