Route nationale Coyah-Mamou-Dabola : le calvaire et le cri de cœur des chauffeurs (reportage)

Ils sont très nombreux ces transporteurs et autres usagers de la route en provenance de Conakry pour l’intérieur du pays (ou inversement), qui empruntent de jour comme de nuit, la route nationale N°1 Coyah-Mamou. Et, sur cette route en chantier depuis mai 2019, ils souffrent le martyr pour arriver à destination. Entre la poussière qui rétrécit le champ de vision des conducteurs et les nids de poule qui se trouve sur la chaussée, les pannes et les accidents de véhicules sont fréquents. Mais, la peur et l’angoisse de ces professeurs du volant montent à l’approche de la saison pluvieuse. Car, avec les grandes pluies, cette route pourrait être un très long chantier de boue où beaucoup pourraient s’embourber et y laisser des plumes. C’est pourquoi, ils demandent aujourd’hui au gouvernement d’accélérer les travaux pour éviter que cette route ne soit bloquée par la période hivernale.

Officiellement, les travaux de construction de la route nationale Coyah-Mamou-Dabola ont démarré le 19 mai 2019. Aujourd’hui, ces travaux ont permis la réalisation d’importants ouvrages de franchissement (des ponts) et de diminuer les virages sur cette voie qui connait chaque un trafic infernal et ininterrompu. Mais, beaucoup d’observateurs s’accordent à dire que les travaux de butimage de cette route avancent à pas de caméléon. Et, cette route poussiéreuse et parsemée de nids de poule, les usagers sont confrontés à d’énormes épreuves. Les crevaisons de pneus, des pannes multiples et diverses, les accidents n’en finissent pas. Il suffit d’un petit tour sur cette route pour y constater, malheureusement, l’enfer des conducteurs et autres usagers.

Abdoul Gadiri Barry, chauffeur de taxi

« Je quitte Conakry pour Mamou. Mais nous sommes présentement à KK. J’ai eu une crevaison m’a obligé à prendre du temps pour changer la roue. Cela est arrivé compte tenu de l’état de la route. Ça m’a pris au minimum 15 minutes mais là, c’est une roue de perdu. C’est la deuxième fois que je tombe en panne ici. En décembre dernier, j’ai eu des soucis avec l’échappement de la voiture. Nous savons qu’il y énormément d’efforts par rapport à cette route, mais nous demandons aux autorités de diligenter vite les choses » a dit le chauffeur Abdoul Gadiri Barry, trouvé jeudi dernier, 03 juin 2021, en panne à la sortie de la préfecture de Coyah.

Selon les informations, le tronçon Coyah-Kouriyah est la zone la plus critique de la route Coyah-Mamou. Et, c’est à ce niveau où les pannes de véhicules sont plus fréquentes. Maître Demba Kamissoko, chauffeur de Camion, en sait quelque chose. Nous (Guineematin.com) l’avons trouvé en pleine panne de moteur ; et, il n’est pas à sa première sur cette route qu’il connait pourtant bien. Il demande au gouvernement de sommer la société en charge de la construction de cette route d’accélérer la cadence des travaux pour finir avant les grandes pluies.

Maître Demba Kamissoko, chauffeur de Camion

« La souffrance que nous traversons concerne le mauvais état de la route. Elle est très mauvaise. La poussière fatigue beaucoup les gens. S’il y a trop de nids de poule sur le long de la route, même si ta voiture est neuves, elle aura toujours des problèmes sur cette route. Si la route est bonne, tout le monde pourrait circuler librement. Mais, comme ça, tout le monde circule sans contrôle de ligne. Et cela occasionne beaucoup d’accidents. La route est très petite aussi. Il y a certains chauffeurs qui roulent avec une vitesse excessive. Je ne peux pas dire combien de fois je tombe en panne sur cette route. Cependant, ma voiture n’est pas fatiguée. Si la saison pluvieuse trouve cette route dans cet état, elle sera bloquée. Parce que quand les grandes pluies vont commencer, il peut y avoir un glissement de terrain pour bloquer la circulation. Ce qui peut empêcher la circulation durant 3 à 4 jours. La dépense qu’on te donne pour la voiture, tu finiras par utiliser tout et ça trouvera que tu n’es encore allé nulle part. Et nous sommes des pères de famille. Nous demandons un travail rapide pour le bonheur de tous » a-t-il indiqué.

Tout comme ce chauffeur de Camion, N’vafing Kourouma, un chauffeur habituer de la route N’zérékoré-Conakry, plaide pour l’accélération des travaux entre Coyah-Mamou. Et, pour se faire, il suggère à la société en charge de ces travaux de recruter plus d’employés pour intensifier la main d’œuvre sur le terrain.

N’vafing Kourouma, chauffeur habituer de la route N’zérékoré-Conakry

« Je quitte Conakry et je pars pour N’zérékoré. Je suis là parce que l’échappement est décollé et c’est très proche au sol. Donc, je suis en train de l’attacher pour continuer ma route. En vérité, la route est bonne en partie. Mais, il y a certains endroits où il faut rouler doucement, sinon la voiture risque de tomber en panne grave. C’est le cas entre Coyah et Kouriyah jusqu’à Linsan. Si la route reste comme ça jusqu’à la période des grandes pluies, cela n’arrange point les chauffeurs et même les voyageurs. Nous les chauffeurs, nous aimerions vraiment que le travail soit vite achevé. Il faut que la société augmente le nombre d’employés pour vite terminer ce travail. Nous constatons que les employés ne sont pas nombreux. C’est ce qui retarde selon moi ce travail », estime N’vafing Kourouma.

Au bureau du syndicat des transporteurs de la sous-préfecture de Kouriyah, les craintes d’accidents sont constamment présentes dans les esprits. Et, ils ont peur de voir la douloureuse et triste expérience (les nombreux accidents mortels) de l’année dernière se répéter.

Mohamed Soumah, membre du bureau syndical des transporteurs de Kouriyah

« Comme vous le constatez, de Coyah jusqu’ici (Kouriyah), l’état de la route est mauvais. Elle est dégradée à tel point que vraiment la population souffre énormément. Avant le transport était à 2000 ou 2500 ; mais aujourd’hui, de Coyah jusqu’à Kouriyah, c’est 5000 jusqu’à 10.000 ou 15.000 francs. Tout ça à cause de l’état actuel de la route. Nous demandons à l’État et à la société d’aider la population à ce que le travail soit terminé dans le délai requis. Parce que bientôt la saison des pluies et ça va être un calvaire ici. Parce qu’on a vu l’année dernière il y a eu des morts sur la route là. Cette fois-ci, on ne voudrait pas que les mêmes cas se répètent. Les cas d’accidents sont fréquents chez les motards. On aurait voulu souhaiter que l’État vienne rapidement en aide à cette population qui souffre, qui se bat dans son quotidien », dit Mohamed Soumah, membre du bureau syndical des transporteurs de Kouriyah.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

Tel : +224 622 07 93 59

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