Kankan : une mère risque jusqu’à 5 ans de prison pour avoir abandonné son enfant de 9 mois pour 3 semaines

C’est un enfant qu’elle a eu à Siguiri avec un homme autre que son mari. Elle l’a gardé neuf mois informé sa famille. Et, quand elle a voulu rentrer chez elle à Dabola (où son mari l’attendait), elle a jugé utile de se débarrasser de ce bébé qui allait surement la couvrir de honte. Ainsi, elle l’a abandonné, il y a un peu plus de trois semaines, à Kabada II, un quartier de la commune urbaine de Kankan. Mais, apparemment, elle n’a pas pu se résoudre à l’idée de perdre cet être qu’elle a porté des mois durant dans son ventre. Aujourd’hui est de retour à Kankan et souhaite récupérer son enfant des mains de la femme qui l’a ramassé. La justice s’est déjà saisi de l’affaire et cette nourrice risque jusqu’à 5 ans de prison pour abandon d’enfant, a appris le correspondant de Guineematin.com à Kankan.

Selon nos informations, cette pauvre femme est originaire de la sous-préfecture de Batè Nafadji (dans la préfecture de Kankan) et est mariée à Dabola. Seulement, elle a quitté son foyer pour aller à Siguiri à la recherche de travail dans une mine d’or. Malheureusement, sa quête de boulot s’est soldée par une grossesse non désirée à la suite de relations qu’elle a eu avec un homme sur place. Elle a porté cette grossesse et a fini par mettre au monde un bébé (une fille). Elle a pris soin de lui pendant 9 mois ; et ceci, malgré le fait que l’homme qui l’avait mis enceinte n’a pas reconnu sa grossesse. Mais, quand il s’est agit pour elle de rentrer chez son mari à Dabola, elle a abandonné ce nourrisson à Kabada Ⅱ.

« Je suis chez une vendeuse d’haricot d’ici à Kankan. Quand j’ai quitté Siguiri, je suis venue chez Biriki Momo. J’ai quitté là-bas (chez Biriki Momo) parce j’avais mon enfant avec moi et je l’ai jeté au quartier Kabada II. C’est à cause de la peur de mes parents que j’ai jeté mon enfant, parce qu’ils ne savaient pas que j’avais eu un enfant hors mariage. Je ne veux pas mettre ma mère dans la honte, c’est pourquoi j’ai jeté mon fils. Mon mari se trouve à Dabola et le père de mon enfant se trouve à Siguiri, il n’a pas reconnu ma grossesse », a-t-elle expliqué sous anonymat.

A présent, cette pauvre femme veut récupérer son enfant. Apparemment, elle est décidée à élever sa fille, même au prix des insultes de sa famille et d’une éventuelle répudiation de la part de son mari.

« Je demande aux personnes de bonnes volontés de me venir en aide, qu’elles aillent demander pardon à la dame qui a pris mon enfant pour que moi-même je prenne soins d’elle (le bébé). Je ne vais plus lui faire du mal. Là où j’étais, on ne m’a rien fait là-bas. C’est à cause de mon enfant que j’ai quitté, parce que mes parents connaissaient le lieu c’est pourquoi j’ai vite quitté là-bas. Et, je suis en désaccord avec mon mari », a-t-elle fait savoir.

En Guinée, l’abandon (ou le délaissement) d’enfant est prévu et puni par loi. Car, le code pénal, dans son article 295, stipule que : « Le délaissement, en un lieu quelconque, d’une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son état physique ou psychique est puni d’un emprisonnement de 1 à 3 ans et d’une amende de 500.000 à 5.000.000 de francs guinéens ». Cependant, pour le cas de cette femme, le procureur de la république près le tribunal de première instance de Kankan, Aly Touré, relève une « circonstance aggravante » qui pourrait amener un tribunal à condamner la mère jusqu’à 5 ans de prison.

« Le fait pour cette femme de jeter son enfant à un endroit qui ne permet pas à l’enfant de se protéger lui-même est une infraction. C’est ce qu’on appel le délaissement d’un enfant ; et c’est prévu par l’article 295 du code pénal guinéen, qui prévoit une peine allant d’un an à 3ans d’emprisonnement.

Maintenant, la circonstance aggravante dans cette situation, c’est parce que la personne qui a délaissée l’enfant est la mère biologique de l’enfant. Si c’était une autre personne, c’est jusqu’à 3 ans. Mais, puisqu’il s’agit des ascendants, c’est la maman, la peine va jusqu’à 5ans d’emprisonnement et l’amende jusqu’à dix millions francs », a expliqué le procureur Aly Touré.

Par ailleurs, ce parquetier a laissé entendre que le tribunal pour enfant s’est déjà saisi du dossier de cette femme et a placé l’enfant délaissé dans une famille d’accueille. « C’est à lui (le tribunal) de décider si la maman peut récupérer son enfant ou non », a précisé le procureur Aly Touré.

De Kankan, Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com

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