Bogola Haba à Alpha Condé : « pour corriger l’injustice, il faut libérer tous les prisonniers politiques »

Keamou Bogola HABA, président d'honneur de l'UGDD
Keamou Bogola HABA, président d’honneur de l’UGDD

La grâce présidentielle accordée à Boubacar Diallo alias Grenade et Mamadi Condé alias Madic 100 frontière (deux anciens militants de l’UFDG qui sont détenus à la Maison centrale de Conakry) continue à susciter des réactions au sein de la classe politique guinéenne.

Kéamou Bogola Haba, le président d’honneur du parti UGDD (Union Guinéenne pour la Démocratie et le Développement), a abordé cette question dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com ce samedi, 19 juin 2021.

L’opposant se réjouit de la libération de ces deux jeunes et souhaite que la mesure s’étende à l’ensemble des prisonniers politiques. Mais il dénonce dans le même temps la politique du chef de l’Etat guinéen qui consiste, selon lui, à prendre en otage ses opposants et les gracier après pour se donner une image qui ne reflète la réalité.

« La première des choses, c’est que nous nous réjouissons de leur libération. Nous sommes contents qu’ils n’aient pas subi le même sort que Roger Bamba et les autres (qui sont morts en prison). Mais nous condamnons cette méthode d’Alpha Condé qui consiste à prendre en otage ses compatriotes, les mettre en prison pour les condamner à de lourdes peines et se faire excuser pour les libérer sous forme de grâce.

Il (Alpha Condé) devient l’agneau alors que c’est lui le lion. C’est ce qu’il fait pour les exilés, c’est ce qu’il a fait pour les 44 prisonniers déportés à Kankan. Donc nous condamnons cette manière de faire la politique. Nous nous réjouissons quand même que ces détenus puissent recouvrer leur liberté et nous souhaitons que les autres prisonniers qui sont dans la même situation d’otage soient aussi libérés.

Que la mesure s’étende à eux. Peu importe la méthode, mais nous voulons qu’ils recouvrent leur liberté. Nous sommes dans une situation de crise et nous avons posé des conditions. Il faut libérer tous les prisonniers politiques pour corriger l’injustice. En le faisant, ça permet de montrer que nous sommes dans une situation qui prépare le pays à se retrouver », a laissé entendre l’opposant.

Boubacar Diallo alias Grenade est détenu depuis le 22 juin 2018 à la Maison centrale de Conakry. Poursuivi pour « tentative de meurtre et détention illégale d’armes de guerre », il a été condamné à 10 ans d’emprisonnement par le tribunal de première instance de Dixinn.

Et cette peine a été confirmée récemment par la Cour d’appel de Conakry. Finalement, le jeune homme, qui a toujours clamé son innocence dans cette affaire, s’est résolu à écrire une lettre au président Alpha Condé. Il a demandé pardon au chef de l’Etat guinéen, sollicitant une remise de peine.

De son côté, Mamadi Condé alias Madic 100 frontière a été arrêté lors de la crise post-électorale d’octobre-novembre 2020. Poursuivi pour « atteinte aux institutions de la République, téléchargement, diffusion et mise à la disposition d’autrui de messages de nature à troubler l’ordre et la sécurité publics », le militant de l’UFDG qui réside au Canada a reconnu partiellement les faits lors de son procès, demandant pardon au président Alpha Condé.

Ce qui n’a pas empêché le tribunal de première instance de Dixinn de le condamner à 5 ans d’emprisonnement et à une amende de 100 millions de francs guinéens. Saisie par ses avocats, la Cour d’appel de Conakry a réduit sa peine de 5 à 1 an d’emprisonnement, tout en annulant l’amende qui lui avait été infligée en première instance. Finalement, tous les deux ont été graciés par un décret publié hier soir, vendredi 18 juin 2021, à la télévision nationale.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 622 68 00 41

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