Faux numéros matricules à la fonction public : un « mandat d’amener » contre plusieurs hauts cadres de l’Etat

Après avoir constaté leur refus de comparaître, le tribunal de première instance de Kaloum a décerné un « mandat d’amener » contre les hauts cadres suivants : Juliette Titi Kamano (Directrice nationale du Concours et Examens), Julienne Toupou (en service au PREMA), Mamadi Cissé (en service au ministère de l’Environnement), Famany Touré (Directeur des Ressources Humaines au ministère de l’Environnement), Aboubacar Camara, alias Galilé (en service au ministère du Budget, Direction Comptabilité des matières), Djoumé Camara (inspecteur général adjoint de l’UGAP), Lanciné Beavogui (agent à la division solde au ministère du Budget), Saïdou  Dabo (en service au ministère des Transports), Amadou Mariama Soumah, alias rougeaud, et Salifou Camara, alias Bozel.

Ouvert en mai dernier au tribunal correctionnel de Kaloum, le procès des 51 prévenus dans la fameuse affaire de « faux numéros matricules » à la fonction public guinéenne s’est poursuivi le lundi dernier, 21 juin 2021, devant cette juridiction de première instance. Ils sont poursuivis pour « faux en écriture publiques et faux commis dans certains actes administratifs et complicité ». Mais, pendant l’audience, huit prévenus ont répondu présents à l’appel du juge. Il s’agit de : Aboubacar Camara, Nouhan Diakité, Ibrahima Kalil Condé, Mamoudou Condé, Sékou Oumar 2 Sanoh, Jean Tamba Mansaré, Aminata Cissé, Bangaly Kenko Camara. Les autres prévenus (dont plusieurs hauts cadres de l’Etat) ont brillé par leur absence de la salle d’audience. Et, à la demande des avocats de la partie civile et du ministère public, le tribunal a décerné un « mandat d’amener » à leur encontre, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui suit ce dossier.

A la barre, Mamoudou Condé, agent de la direction des ressources humaines du ministère de l’environnement a plaidé non coupable des charges articulées à son encontre. Mais, dans sa déposition, il a tout de même admis avoir perçu un salaire qui ne lui appartient pas. D’ailleurs, le prévenu a révélé au tribunal que c’est le salaire d’une certaine Fanta Traoré qu’il a perçu à maintes reprises.

« Oui, je reconnais avoir pris 6 fois le salaire de madame Condé  Fanta Traoré ; mais, c’était par procuration verbale. C’est elle qui a chargé son mari de me donner l’ordre de prendre son salaire pour elle, parce qu’elle a des empêchements. Moi aussi, je l’ai fait. Mais, je vais vous dire que chez nous là-bas, à la DRH (direction des ressources humaines), on le fait souvent. C’est pourquoi, moi aussi, je le faisais. Mais, je dois dire que je ne donne pas de numéros matricule, je ne donne pas de bulletin, je ne paie pas. Je ne suis qu’un simple assistant qui transmet des bulletins d’un service aux bénéficiaires », a déclaré Mamadou Condé.

De son côté, Sékou 2 Sanoh a aussi reconnu avoir « aidé » des gens, notamment deux personnes, à avoir des numéros matricules, moyennant une somme d’argent.

« Oui, je reconnais avoir aidé deux personnes à avoir des matricules ; et, après, elles m’ont payé chacune. L’un (le premier numéro matricule), c’est le nommé Aboubacar Camara qui me l’a donné. L’autre numéro matricule, c’est le nommé Mamadi Cissé qui me l’a donné. Il (Mamadi Cissé) est chef de la section au ministère de l’environnement, des eaux et forêts. L’un de ces de 2 numéros matricules appartient à Aïcha  Camara », a confié ce prévenu dont le ministère public s’est pressé de saluer « l’honnêteté ».

Pour sa part, Jean Tamba Mansaré s’est présenté comme étant le bénéficiaire du matricule et du salaire appartenant à un certain Abdoulaye Mari Camara depuis l’année 2019. Mais, dans sa déposition il a aussi laissé entendre qu’il a été longtemps roulé dans la farine par celui qui lui avait aidé à obtenir ce matricule de la police.

« C’est le nommé Aboubacar Camara alias Galilé qui m’a mis dans cette affaire. Il m’a demandé de payer 15 millions francs guinéens pour qu’il m’aide à intégrer la fonction publique. Moi j’ai dit que je venais à peine de me marier et que je n’ai rien. S’il peut m’aider, il n’avait qu’à m’aider, je vais payer après. Mais, après cet épisode de 15 millions, il m’a un jour demandé de payer 3 millions pour avoir un numéro matricule. J’ai constitué mes dossiers, j’ai envoyé. Après plusieurs faux rendez-vous, un jour il m’a dit que mon matricule est sorti. Mais, il se trouve que dans les coordonnées qu’il m’a données, j’ai retrouvé un nom que je ne connais pas. Moi, j’ai été donc envoyé au commissariat central de Cameroun. Je suis allé,  j’ai fait la formation pour la police. C’est seulement en 2019 que mon premier salaire est sorti, une somme de 1 million 850 mille francs guinéens. De ce premier salaire à maintenant, chaque fois qu’il y a paye, il m’appelle avec  plusieurs autres personnes, on se rencontre et moi il me donne 500 mille francs guinéens, il prend le reste. Jusqu’à présent je ne reçois que 500 mille francs guinéens sur 1 million 850 mille francs guinéens. Et, durant tout ce temps, je ne répondais qu’au nom de Abdoulaye Mari Camara. C’est quand je me suis plaint d’être payé au billetage qu’on m’a viré à la Banque », a indiqué le prévenu.

Au terme des débats, les avocats de la partie civile, ainsi que le ministère public, ont demandé au tribunal de constater le refus de certains prévenus de comparaître et de décerner un mandat d’amener ou mandat d’arrêt à leur encontre. Une demande à laquelle le tribunal a très vite accédé. Ainsi, sur siège, le tribunal a décerné « un mandat d’amener » contre les prévenus ayant refusé de comparaître librement, malgré qu’ils aient reçu les actes qui leur ont été envoyés à cet effet. Le tribunal a ensuite renvoyé l’audience au 12 juillet prochain pour la comparution de tous les prévenus cités dans cette affaire.

A préciser que parmi les prévenus concernés par le présent mandat d’amener, figurent entre autres : Juliette Titi Kamano (directrice nationale du concours et examens), Julienne Toupou (en service au PREMA), Mamadi Cissé (en service au ministère de l’Environnement), Famany Touré (Directeur des Ressources Humaines au ministère de l’Environnement), Aboubacar Camara, alias Galilé (en service au ministère du Budget, direction comptabilité des matières), Djoumé Camara (inspecteur général adjoint de l’UGAP), Lanciné Beavogui (agent à la division solde au ministère du Budget), Saïdou  Dabo (en service au ministère des Transports), Amadou Mariama Soumah, alias rougeaud, et Salifou Camara, alias Bozel.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tel: +224622919225

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