Par Kaba Mamadi, Consultant, Spécialiste en Digitalisation/Télécom/NTIC : En 2016, une nouvelle taxe a été introduite dans la téléphonie en Guinée. Appelée TCT, cette « Taxe sur la communication Téléphonique » a été approuvée par l’Assemblée Nationale de l’époque avec une imposition de soixante francs guinéens par minute (60GNF/Min) et exclusivement prise en charge par le consommateur. Les raisons de cette nouvelle taxe ont été justifiées dans le temps par l’impact de l’épidémie à virus Ebola sur notre économie.
Et, l’actuelle Assemblée nationale a récemment approuvé une proposition de loi qui double cette taxation, passant alors de soixante francs guinéens par minute (60GNF/Min) à cent vingt francs guinéens par minute (120/Min) ! Comme bon nombre de concitoyens, nous nous posons la question sur les impacts et conséquences de cette nouvelle décision sur les consommateurs en téléphonie et sur le secteur de la téléphonie.
Il est important de savoir que tous les États ont le droit d’ouvrir ou réadopter une assiette fiscale en cas de besoin ou contrainte économique. Le même droit s’étend sur le positionnement de l’assiette fiscale ; c’est-à-dire, le secteur d’activité devant supporter la charge fiscale. Par ailleurs, l’application de ce droit doit impérativement aller dans le sens du bien-être de tout un chacun.
A mon avis, la Guinée étant un pays où plus de la moitié de la population vit sous le seuil de la pauvreté, les taxes à la charge du citoyen rendent la vie plus difficile aux pauvres au lieu de l’améliorer. Les pauvres seront plus pauvres et les riches plus riches, en sachant que nos recettes à mobiliser sont plus à satisfaire les comptes personnels de certaines grosses pontes que ceux de l’Etat.
Cette décision est-elle le fruit de la facilité ? Personnellement, je parie que doubler la TCT aura moins d’impacts dans la mobilisation des recettes dans les conditions actuelles ou la téléphonie est moins convoitée par les abonnés. Avec la forte vulgarisation d’internet et les services qui en découlent, il est bon de savoir que la téléphonie n’est plus une nécessité aussi importante en communication analogique/numérique. Donc, cette décision une fois appliquée, viendra augmenter les couts de l’appel téléphonique dans notre pays !
De nos jours, la plupart des abonnés mobile ont un service internet fréquent et disponible sur leurs portables. Alors, avec ce nouveau coût à la hausse des appels téléphoniques classiques, il est logique que de nombreux abonnées pourraient choisir les appels via internet que ceux via la téléphonie mobile ordinaire.
Alors, si nous avons moins d’appels téléphoniques, cela signifie qu’il y aura moins de taxes TCT que l’État pourra recouvrir. Conséquence, les objectifs économiques à atteindre à travers cette décision ne seront qu’un mirage. Bref, nous assisterons au boycott de la téléphonie classique puisque plusieurs alternatives moins coûteuses s’offrent aux abonnés.
A mon avis, une telle décision affectant le consommateur (Citoyen) ne devrait pas être une surprise pour tous. Elle aurait dû être au centre d’une négociation en amont entre Etat, l’association patronale des Télécoms et les représentations des consommateurs afin de pourvoir trouver un équilibre satisfaisant les trois camps. Malheureusement, aujourd’hui, il sera difficile de revenir en arrière ! Alors, à mon humble avis, la prochaine étape doit être comment atténuer l’impacts socio-économiques de cette décision sur le consommateur et le secteur de la téléphonie ?
Face à ce défi, les pistes de solutions à cette problématique feront l’objets de notre prochain article !
Kaba Mamadi, Consultant en digitalisation, NTIC, TELECOM