Conakry : 10 jeunes condamnés pour violation du couvre-feu

Dix jeunes ont été condamnés ce jeudi, 8 juillet 2021, à Conakry, pour avoir violé le couvre-feu nocturne. Ils ont écopé de quatre mois d’emprisonnement assorti de sursis, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Ils sont au total 27 jeunes dont une fille dans ce dossier. Ils ont tous été interpellés dans la nuit du 4 juillet 2021, à Conakry, pour avoir violé le couvre-feu (qui s’étend de 00h à 4h du matin) en vigueur dans la capitale guinéenne et ses environs (Coyah et Dubréka). Inculpés pour « attroupement interdit et voie de fait », ces jeunes ont été placés sous mandat de dépôt le 5 juillet, à la Maison centrale de Conakry.

Mais à l’ouverture de procès, ce jeudi 8 juillet, seulement 10 d’entre eux étaient présents dans la salle d’audience. Les 17 autres auraient été testés positifs à la Covid-19, la pandémie qui a amené le président Alpha Condé à décréter l’état d’urgence sanitaire en Guinée, instaurant notamment un couvre-feu nocturne. Se succédant à la barre, les prévenus ont reconnu avoir été interpellés à des heures tardives par la police.

« On était arrêtés en groupe devant une boîte de nuit. A l’arrivée de la police, les autres ont pris la fuite. Et moi, les agents m’ont attrapée », a expliqué Fanta Sylla, la seule fille du groupe.

Mamadou Sita Diallo aussi était allé en boîte de nuit, lorsque la police l’a mis aux arrêts, au quartier Nongo. « Nous étions nombreux dans la boîte.  Et c’est là-bas que la police est venue nous arrêter aux alentours de 00h. Si je savais que la police allait nous arrêter, je n’allais pas sortir », a dit cet élève.

Par contre, Sékou Keïta, lui, dit avoir été arrêté à Taouyah, alors qu’il était sorti chercher à manger. « J’étais sorti pour chercher à manger aux environs de 23 heures. J’étais seul et je cherchais du poulet. C’est ainsi que les policiers sont venus m’arrêter », a soutenu le jeune homme.

Dans ses réquisitions, le procureur a fait remarquer que ces jeunes ont violé le couvre-feu, qui est l’une des mesures prises par les autorités pour lutter contre la propagation de la Covid-19 en Guinée. C’est pourquoi, Daouda Diomandé a demandé au tribunal de condamner les prévenus à 6 mois d’emprisonnement assorti de sursis. Une demande à laquelle s’est opposé l’avocat de la défense. Me Alsény Aïssata Diallo dénonce une instrumentalisation de la pandémie à des fins politiques.

« Le gouvernement est en train de politiser cette maladie pour réduire la liberté des gens juste pour maintenir son 3ème mandat. Il faut que les gens puissent se mouvoir. On ne peut pas nous enterrer vivants dans ce pays. Pourquoi le parquet demande 6 mois d’emprisonnement avec sursis pour quelqu’un qui est allé chercher à manger ? Donc nous vous demandons d’être clément et de statuer sur siège en les libérant purement et simplement », a plaidé Me Diallo.

Finalement, le tribunal a déclaré les prévenus coupables des faits d’attroupement interdit et voie de fait pour lesquels ils sont poursuivis, les condamnant à 4 mois d’emprisonnement assorti de sursis. Les 10 jeunes ont pu donc recouvrer leur liberté, après avoir passé quelques jours en prison. Quant aux 17 autres qui sont déclarés positifs au coronavirus, ils se trouvent au centre de traitement installé dans l’enceinte de la Maison centrale de Conakry. Lorsqu’ils sortiront de là, ils passeront également devant le tribunal de Dixinn.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 620589527/664413227

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