Trafic de migrants en Guinée : 2 jeunes filles réclament 9000 € et 100 millions GNF

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Le procès de Mohamed Lamine Sylla, un citoyen guinéen poursuivi pour « trafic illicite de migrants », s’est poursuivi ce mardi, 13 juillet 2021, au tribunal de première instance de Dixinn. Il est accusé d’avoir agi en bande organisée pour extorquer un montant de 9000 euros à deux jeunes filles, en leur promettant de les aider à aller en Europe. Cette audience a été consacrée aux plaidoiries des avocats et aux réquisitions du parquet, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

Salématou Diallo et Louabatou Diallo sont les deux plaignantes dans cette affaire. Elles accusent Mohamed Lamine Sylla d’avoir passé par la ruse pour leur soutirer un montant de 9000 euros. Il aurait agi en complicité avec des personnes vivant en France et en Sierra Leone pour leur délivrer des faux documents de voyage pour l’Europe. « Mohamed Lamine Sylla et son groupe ont amené ces deux filles à leur faire confiance, puisque le pourvoyeur en billets, en visas, le facilitateur de leur voyage, se trouverait en occident.

Ils ont donc persuadé les jeunes filles, qui n’ont plus laissé de répit à leurs parents, elles se privent de nourriture juste pour amener leurs parents à évacuer ce besoin. Il (Mohamed Lamine Sylla, ndlr) a donc embrouillé ces deux filles. Le patron, basé à Paris, a demandé que les frais des visas, de déplacement et d’interrogatoire dans les ambassades soient mis à la disposition de Mohamed Lamine Sylla. Mlle Louabatou Diallo a payé 4000 € tandis que Mlle Salématou a payé 5000 €. Le montant de 9000 € a bel et bien été encaissé par Mohamed Lamine Sylla.

Et il a précisé au cours des débats que n’eut été son concours, n’eût été son expertise, n’eût été sa présence, n’eût été le fait qu’il ait initié des manœuvres tendant à faire croire leur agence de Conakry, a été fermée en raison de la pandémie de Covid-19, l’affaire aurait foiré. Si elle (l’affaire, ndlr) a donc réussi, c’est grâce au monsieur qui comparaît devant vous », a expliqué l’avocat de la partie civile, qui s’adressait au tribunal au cours de sa plaidoirie.

Il ajoute que dans un premier temps, le prévenu avait laissé entendre que les montants demandés ne seraient versés qu’après la sortie des visas. Un autre point qui a contribué, selon lui, à rassurer les familles des deux jeunes filles. Mais, soutient-il, pour les soustraire à la vigilance de leurs parents, la bande devait transporter les deux candidates au voyage en Europe en Sierra Leone où se trouverait une ambassade. Et Mohamed Lamine Sylla a fait « une œuvre d’expert », en réussissant à convaincre les parents à le laisser partir avec les deux filles en Sierra Leone.

« En cours de route, le concepteur qui est à Paris demande à Mohamed Lamine Sylla de présenter aux jeunes filles leurs titres de voyage, leurs passeports sur lesquels seraient annexés leurs visas. C’est ainsi qu’à leur grande stupéfaction, elles se voient remises des passeports ne répondant ni à leurs noms, ni à leurs âges. Louabatou a 38 ans sur ce passeport, alors qu’en réalité elle n’en a qu’une vingtaine, tandis que Salématou a 45 ans sur son passeport. Lorsqu’elles sont arrivées en Sierra Leone, les filles devaient apprendre d’abord leurs nouveaux prénoms et leur nouvelle filiation, ce qui était déjà périlleux.  Ensuite, les titres de voyage détenus n’étaient pas les leurs.

Et la tâche du représentant guinéen devait être relayée par le représentant de l’antenne sierra-léonaise. C’est ainsi que Mohamed Lamine Sylla va directement non pas à l’ambassade, mais au domicile de leur correspondant local pour lui présenter les filles, sa mission était terminée. Le représentant sierra-léonais devait directement conduire les filles à l’aéroport, alors qu’en quittant à Conakry elles n’avaient même pas de bagages. Car elles partaient juste pour une interview dans une ambassade pour obtenir les visas et retourner dans leur pays puis imaginer un départ éventuel. Ce qui n’a pas été le cas », déplore l’avocat.

Finalement, les deux jeunes filles ont été interpellées par les agents des services aéroportuaires. Elles ont dû payer un montant de 5 millions de francs guinéens pour recouvrer leur liberté et rentrer en Guinée. C’est pourquoi, leur avocat plaide pour la condamnation de Mohamed Lamine Sylla au remboursement des 9000 euros et au paiement de 100 millions de francs guinéens, à titre de dommages et intérêts. « Mais aussi qu’il soit condamné à la peine maximale, qui est de 3 ans d’emprisonnement », a-t-il sollicité.

Le procureur a aussi demandé au tribunal de retenir le prévenu dans les liens de la prévention de trafic illicite de migrants et de le condamner à 18 mois d’emprisonnement dont 6 de sursis. De son côté, l’avocat de la défense a dit qu’il « demeure convaincu » que son client n’est pas coupable. C’est pourquoi, il a demandé au tribunal de le renvoyer des fins de poursuite pour délit non constitué.

Après avoir écouté les différentes parties, le juge a renvoyé le dossier au 27 juillet prochain pour rendre sa décision.

Mamadou Yaya diallo pour Guineematin.com

Tel. 622 67 36 81

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