Hausse du prix du carburant : le cri du cœur des fumeuses de poissons de Boulbinet

La hausse du prix carburant impacte déjà plusieurs secteurs d’activités en Guinée. C’est le cas notamment de celui des fumeuses de poissons. Les femmes évoluant dans cette activité au port artisanal de Boulbinet (Conakry) se plaignent de plusieurs difficultés dues à cette décision du gouvernement guinéen. C’est le constat fait par un reporter de Guineematin.com qui s’est rendu sur les lieux ce vendredi, 6 août 2021.

Annoncée mardi soir, le réajustement du prix du carburant, dont le litre est passé de 9000 à 11.000 francs guinéens à la pompe, n’a pas tardé à faire des effets sur le terrain. Dès le lendemain, mercredi 4 août 2021, les frais des transports ont été revus à la hausse. Et cela, malgré l’insistance du gouvernement et des responsables nationaux des syndicats des transporteurs, qui ont appelé au maintien des tarifs déjà en vigueur.

Mais ce n’est pas seulement le secteur des transports qui est affecté par cette décision du gouvernement. Les conséquences sont ressenties dans plusieurs autres domaines, notamment celui de la pêche artisanal. Plusieurs fumeuses de poissons rencontrées au port de pêche de Boulbinet, dans la commune de Kaloum, disent avoir dû arrêter momentanément leur activité suite à l’augmentation du prix du carburant.

« L’augmentation du prix du carburant a rendu notre situation beaucoup plus difficile. Avant même que cette décision ne soit prise, on avait souvent des difficultés, on travaillait parfois à perte. On pouvait acheter entre 10 et 20 bidons d’essence pour donner aux pêcheurs, ils font trois à quatre sorties sans avoir beaucoup de poissons.

Et même ce qu’ils gagnaient, parfois ce sont des petits poissons qui n’ont pas de valeur sur le marché. Maintenant qu’on a augmenté 2000 francs sur le prix du litre de carburant, on se demande vraiment comment on va s’en sortir. C’est pourquoi, on ne travaille pas actuellement, on est assises ici à ne rien faire, parce qu’on ne sait pas d’abord que faire », a expliqué Mama Aïssata Condé.

Désolation, inquiétude et interrogations, ce sont les sentiments qui animent actuellement les fumeuses de poissons du port artisanal de Boulbinet. Assises en groupe dans leur hangar, elles se demandent comment s’en sortir face à la situation difficile qui se présente devant elles. Et elles ne sont pas les seules à se plaindre. Salématou Sylla, une vendeuse de poissons frais rencontrée sur les lieux, confie aussi que la hausse du prix du carburant affecte sérieusement son activité.

« Nous les vendeuses de poissons, nous disons que l’augmentation du prix de carburant ne fait qu’accentuer notre souffrance. Actuellement, on ne gagne pas beaucoup de poissons, parce que le travail des pêcheurs est nettement perturbé, en raison de l’agitation de mer. Le peu de poissons qu’on gagne aussi, coûte cher. On ne l’achète pas par carton, mais par unité ou par douzaine.

Et c’est dans ce contexte que le gouvernement décide d’augmenter le prix du carburant. Donc, les frais de transport ont augmenté et le prix du poisson aussi est monté. Le kilogramme de poissons qu’on achetait à 25.000 francs coûte aujourd’hui entre 35.000 et 45.000 francs. Vous voyez combien de fois c’est difficile pour nous ? Donc, nous demandons au gouvernement de penser à nous », a lancé cette dame.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

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