Abdoulaye Bah- Alpha Condé : le crime de lèse-majesté !

Abdoulaye Bah, responsable national chargé de marketing politique et de l’animation de l’UFDG
Abdoulaye Bah, ancien président de la délégation spéciale de Kindia

En arrêtant les principaux lieutenants de celui qui donne de l’insomnie au palais, les autorités guinéennes avaient brandi une accusation d’une extrême gravité pour justifier cette opération coup de poing. En leur accordant une liberté conditionnelle, les mêmes autorités ont amené le plus crédule des Guinéens à s’interroger. Pour savoir si un homme accusé d’un crime aussi grave contre son pays, peut bénéficier d’une liberté, même conditionnellement. 

Mais en reprenant un des quatre pour le reconduire à la Maison centrale, la justice laisse nombre de Guinéens perplexes. Le plus fervent défenseur du régime s’interrogera désormais sur les réelles motivations de cette nouvelle arrestation. Parce que si la raison de la première arrestation d’Aboulaye Bah est inconnue de tous, en revanche la deuxième, elle, est plutôt un secret de polichinelle. La vidéo qui l’a reconduit en prison fait le tour du monde

Ce qui fait que cette deuxième arrestation risque de rendre un mauvais service au pouvoir. Lequel criait sur tous les toits qu’il n’y a pas prisonniers politiques en Guinée. Les trois compagnons d’infortune de l’ancien maire de Kindia et leurs anciens codétenus de la société civile étant considérés par le régime de Conakry comme des prisonniers de droit commun. 

Après le retour d’Abdoulaye Bah en prison en raison des propos qu’il a tenus, on ne peut plus parler de prisonnier de droit commun. M. Bah est bel et bien un prisonnier d’opinion. Et donc un prisonnier politique. Or emprisonner un citoyen pour ses opinions, qui ne sont pas de nature à diviser le pays, à saper l’unité nationale ou à porter atteinte à l’intégrité du territoire encore moins à remettre en cause la laïcité de l’Etat relève tout simplement d’une volonté de remettre en cause tous les acquis démocratiques. 

En clair, le retour de cet homme en prison n’a d’autres objectifs que de dissuader ses anciens compagnons à s’exprimer. Et à tous ceux qui sont tentés d’exprimer leurs options à réfléchir mille fois avant d’ouvrir la bouche. Avec cette nouvelle arrestation, il est peu probable que le trio Chérif Bah, Ousmane Gaoual Diallo et Cellou Baldé emboite le pas à Abdoulaye Bah. Or, si l’objectif de dissuader les opposants à dénoncer le troisième mandat et ses corolaires peut être atteint, le revers de la médaille est que, sur le plan externe, l’image du régime prend un sérieux coup. 

Tout porte à croire que les extrémistes ont pris le dessus sur les modérés. Les couleurs sont annoncées. Désormais, tout son de cloche contraire à celui du palais est susceptible de conduire son auteur en prison. Mais, la tâche s’avère immense. L’histoire récente de la Guinée est révélatrice d’une volonté de tourner la page du passé. Il est possible de museler un homme ou un parti politique. Mais, il est illusoire de penser pourvoir ramener la Guinée en arrière en restaurant la pensée unique. 

Même si, il est vrai, que par la ruse, le pouvoir a réussi à ancrer dans la tête de certains Guinéens que tous ceux qui émettent une idée contraire à celle du palais roulent pour l’opposition. Ce qui a fini par émousser nombre d’acteurs de la société civile et de journalistes. Lesquels adoptent dans le meilleur des cas une attitude neutralité et dans le pire soutiennent tout simplement le régime. 

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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