Barkhane, MINISMA… Et si le Mali et l’Afrique tiraient la leçon afghane

Un pays protégé par une puissance étrangère est à l’image d’un homme dont la vie ne dépend que d’une assistance respiratoire. Ce qui se passe actuellement en Afghanistan devrait inspirer les Africains en général et les Maliens en particulier. Ces derniers ne devraient pas attendre que ce qui arrive aujourd’hui aux Afghans leur arrive demain.

Les Etats-Unis ont réalisé qu’ils ne peuvent pas rester éternellement en Afghanistan. Aussi longtemps qu’ils resteraient, il va falloir partir un jour. Ce qui veut dire que leur présence n’est rien d’autre qu’une fuite en avant. Comme dit un proverbe de chez nous, un chien perché sur les épaules de son maître ne peut jamais ramener un gibier. Tôt ou tard, il faut quitter ce pays et laisser ses habitants régler leurs différends.

Depuis l’annonce par le nouveau président américain de son intention de quitter ce pays, le régime de Kaboul savait que ses jours sont comptés. Chaque mètre carré abandonné par un soldat américain est occupé par un agent taliban. Plus leur nombre est réduit, plus les soldats Yankee savent que la vie de ceux qui restent est menacée. Ce qui va accélérer le rythme de départ. A la fin ça risque d’être une véritable débandade.

Cet aveu d’impuissance de la première puissance du monde ne manquera pas de faire tache d’huile dans d’autres régions du monde. Et plus particulièrement dans le Sahel. La France, qui a du mal à impliquer l’Europe dans le bourbier sahélien, va sans doute s’inspirer du cas américain. Ce qui augure des lendemains qui déchantent pour certains pays du Sahel comme le Mali. Lequel Mali ne doit sa survie en tant qu’Etat qu’à l’intervention et la présence française.

Malheureusement pour ce vaste pays, au lieu de construire un Etat et une armée forts, il s’enfonce dans sa fragilité et sa frilosité au point de ramer le Mali aux années 60 et 70 avec leurs corolaires de coup d’Etat militaire. Ce qui fait que ce pays a aujourd’hui deux défis majeurs à relever. Le tout premier étant celui de bâtir des institutions fortes et capables de maintenir ce pays comme un Etat stable. Le deuxième c’est justement comment éviter l’embrasement général et la disparition de ce pays en tant qu’Etat indépendant et souverain.

En effet, si, en Afghanistan, les talibans, en dépit de leur radicalisation, sont capables de diriger un pays, en revanche au Mali les groupes armés ne sont pas organisés pour assumer une telle responsabilité. Leur éventuelle invasion de Bamako créerait un véritable chaos dans ce pays et chez tous ses voisins immédiats dont la Guinée.

C’est en raison de ce danger qui nous guette que les Africains et plus particulièrement la CEDEAO ne doivent pas croiser les bras et attendre que la France gère toute seule le dossier malien. Si le feu s’allume demain au Mali c’est toute la sous-région qui risque de s’embraser. D’où l’impérieuse nécessité de prendre les devants afin d’aider ce pays, confronté à ses pires difficultés avec une junte miliaire dont l’obsession de rester au pouvoir est un secret de polichinelle, pour que le Mali sorte la tête de l’eau. Il y va de son avenir mais aussi de celui de ses voisins.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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