Elhadj Hamidou Diallo : « mon fils est détenu avec sa blessure depuis 10 mois »

Elhadj Mamadou Diallo, imam et père d'Ibrahima Diallo détenu à la maison centrale
Ibrahima Diallo, blessé par balle à Baïlobaya et détenu à la maison centrale depuis près de 10 mois

« C’est un fils unique chez sa maman. C’est pourquoi, on l’a aidé à se marier tôt. Mais, son arrestation a trouvé que sa femme était enceinte de quelques jours. Elle vient d’accoucher une fille par césarienne. Le bébé est là avec sa maman qui n’arrête pas de pleurer en se demandant si sa fille aura la chance un jour de connaître son père ».

C’est le cri de désespoir d’un père (Elhadj Hamidou Diallo) pour son fils (Ibrahima Diallo), blessé par balle à la cheville et détenu avec sa blessure à la maison centrale de Coronthie depuis dix (10) mois sans aucun jugement. Ce sexagénaire domicilié à Baïlobaya (dans la préfecture de Dubréka) déplore les conditions d’emprisonnement de son jeune garçon et plaide pour sa libération afin de lui permettre de se soigner convenablement et en toute sécurité au près de sa famille.

Selon des informations confiées à Guineematin.com, Ibrahima Diallo a été arrêté à Conakry au lendemain de l’élection présidentielle contestée du 18 octobre 2020 en Guinée. C’était en marge de la répression de l’euphorie suscitée par l’auto-proclamation de Cellou Dalein Diallo (leader de l’UFDG) comme vainqueur dudit scrutin. Ce jeune conducteur de taximoto (et fils unique chez sa maman) a reçu une balle à la cheville de son pied gauche dans la journée du 22 octobre 2020. Et, en dépit de cette grave blessure, ce jeune homme de 21 ans a été conduit en prison à la maison centrale de Conakry. Depuis, il y croupit en prison ; alors qu’il peine encore à se remettre de sa blessure.

Elhadj Hamidou Diallo, imam et père d’Ibrahima Diallo détenu à la maison centrale

« Mon enfant (Ibrahima Diallo) a reçu une balle au niveau de sa cheville gauche le jeudi 22 octobre 2020, alors qu’il était allé chercher du pain dans une boutique. Quand ils (les agents des forces de l’ordre : ndlr) ont tiré sur lui, il est tombé sur place. Ils l’ont pris pour le déposer aux services d’urgence de l’hôpital Ignace Deen. C’est l’un des médecins qui nous a appelés pour nous dire qu’il a reçu une balle et qu’il est admis dans leur service. Ils étaient trois blessés admis en même temps ; mais, les deux autres n’ont pas survécu. Deux jours après, des bérets rouges ont effectué une descente musclée dans mon domicile. Sept d’entre eux ont pointé leurs armes sur moi. Mais, ayant mes 66 ans, j’ai dit que je n’ai pas peur de la mort. C’est ainsi qu’ils ont cassé toutes les portes (qui étaient fermées) à l’aide d’une hache que l’un d’entre eux détenait. Et, ils ont pris tout ce qu’il y avait comme argent et téléphone…

Ibrahima est resté en prison pendant 23 jours avec cette blessure avant d’être ramené à Ignace Deen pour subir l’opération. Ils ont mis les fers et l’ont gardé à l’hôpital pendant 2 mois et 3 semaines. Alors qu’il n’est pas remis sur ses pieds, ils l’ont repris pour le renvoyer à la maison centrale. Il a fallu plusieurs négociations avec le médecin de la prison pour qu’on le ramène à nouveau à l’hôpital pour remplacer les fers par le plâtre. Le jour où ils ont envoyé ce plâtre qui avait commencé à lui causer des douleurs aussi, ils l’ont ramené à la maison centrale. Depuis, il vit dans cette situation avec des douleurs atroces  », a expliqué Elhadj Hamidou Diallo dans un entretien jeudi dernier, 12 août 2021.

A en croire cet imam de la mosquée de Baïlobaya, son fils n’a pas encore été jugé. Et, toutes les initiatives en faveur de sa libération sont encore restées vaines.

« Malgré toutes nos démarches, mon fils est toujours en prison sans jugement. Et aujourd’hui, on ne peut que se tourner vers Dieu pour espérer le voir libre afin qu’il puisse au moins se soigner correctement. Sa première opération m’avait coûté 18 500 000 de francs guinéens. C’est un fils unique chez sa maman. C’est pourquoi on l’a aidé à se marier tôt. Mais, son arrestation a trouvé que sa femme était enceinte de quelques jours. Elle vient d’accoucher une fille par césarienne. Le bébé est là avec sa maman qui n’arrête de pleurer et à se demander si sa fille aura la chance un jour de connaître son père. L’envoi de son mangé nous pose assez de problème.

Nous sommes à Baïlobaya et lui à la maison centrale. Imaginez cette distance avec une famille dont les moyens sont limités. Tout récemment, il nous a dit de limiter les déplacements et de l’envoyer l’argent, qu’il va se débrouiller tout seul. Depuis, le peu d’argent qu’on trouve, on l’envoie ; mais, nous sommes toujours inquiets. C’est pourquoi, nous sollicitons le soutien des bonnes volontés et nous nous dirigeons toujours vers les autorités pour solliciter sa libération pour qu’il puisse se soigne, au risque de perdre l’usage de son pied. Ça fait 10 mois que mon enfant a reçu la balle et a été mis en prison. Je ne peux pas expliquer combien de fois la famille a souffert dans cette double situation.

Jusqu’à présent on n’a pas enlevé le plâtre. Pour qu’il soit envoyé à l’hôpital pour un simple contrôle, il nous faut plusieurs jours de négociations avec les autorités pénitentiaires. Au niveau de la justice, on ne sait même plus qui détient son dossier. C’est pourquoi nous sollicitons l’aide des uns et des autres pour obtenir sa libération », a indiqué Elhadj Hamidou Diallo, le regard tourné vers le ciel comme pour implorer l’aide divine.

A noter que ce jeune, Ibrahima Diallo, est originaire de Besseya, dans la sous-préfecture de Dionfo, préfecture de Labé.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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