Fuite des éleveurs en Guinée Bissau : la réaction du maire de Koumbia (Gaoual)

Mamadou Saliou Kaltamba, maire de la commune rurale de Koumbia
Mamadou Saliou Kaltamba, maire de la commune rurale de Koumbia

Il n’est un secret pour personne que le secteur de l’élevage est confronté à de nombreuses difficultés à Koumbia, berceau de la race N’dama. Des éleveurs, de plus en plus nombreux, émigrent en Guinée Bissau où leurs troupeaux ont accès plus facilement à l’eau et à l’alimentation. C’est du moins ce qu’a soutenu le Président de la Coordination des éleveurs de Koumbia dans un précédent entretien avec accordé à Guineematin.com récemment. Mais, pour Elhadj Mamadou Saliou Kaltamba, maire de la plus importante commune rurale de Gaoual, cet exode des éleveurs vers ce pays voisin ne date pas de maintenant.

Lors d’une interview accordée récemment à Guineematin.com, le maire de Koumbia a également abordé, en plus de la problématique du secteur de l’élevage, d’autres sujets liés à la protection de l’environnement dans sa municipalité, autrement bien arrosée.

« L’exode des éleveurs vers la Guinée Bissau n’a pas commencé aujourd’hui. C’est juste un chantage. Je ne suis pas un éleveur de naissance ; mais, un praticien. Cela fait plus de 40 ou 50 ans. Les gens savent que mon père avait beaucoup de bœufs. Moi, personnellement, j’ai habité Dalaba qui est une localité de la Guinée Bissau. On avait nos bœufs entre le Bilitiwol (ndlr : un cours d’eau qui arrose Koumbia) en Guinée et Wédou Leydi en Guinée Bissau. Donc, les agriculteurs de la Guinée Bissau venaient labourer en Guinée et nous partions avec nos bœufs chez eux », soutient le maire Kaltamba.

Par rapport au manque d’eau, d’aliments de bétail et des tracasseries administratives évoqués par les éleveurs, le maire ne voit qu’une seule raison : les changements climatiques.

« Les changements climatiques, c’est un fouet qui frappe tout le monde. Le manque d’eau est lié à la coupe abusive du bois et aux feux de brousse. Et là également, pour permettre à l’herbe de se régénérer, ils mettent le feu précoce. Donc, ils sont responsables de ce qui leur arrive », ajoute Elhadj Mamadou Saliou Kaltamba.

S’agissant de la prolifération des plantations d’anacardiers dans les zones agricoles et de prairies, le maire charge également les éleveurs.

« Ils sont responsables. A la pleine de Yama par exemple, tous les terrains sont achetés. Ce sont eux qui ont les moyens de payer des domaines. Et les sites d’abreuvage construits sur la zone ne sont pas bien entretenus. Celui qui les entretenait est mort, c’est Elhadj Samba Kouroumani », selon le maire. Pour lui d’ailleurs la chose qui l’intéresse c’est l’obligation faite aux éleveurs de payer la taxe du parc à bétail à la commune.

Cependant, cette année, pour la première fois, la commune rurale Koumbia a été confrontée à la rareté des pluies et donc au manque d’aliments pour le bétail. Et pendant la fête de la tabaski, célébrée le 20 juillet dernier, le berceau de la race N’dama a manqué à la fois de viande et de lait pour son festin.

Apparemment révolté contre l’agression contre l’environnement, Elhadj Kaltamba pointe un doigt accusateur sur les coupeurs de bois avant de rappeler son impuissance face à cette dangereuse pratique.

« Si le ministère chargé de l’environnement donne un permis de coupe de bois à quelqu’un pour couper du bois, qui peut arrêter celui-ci ? C’est vrai qu’on a le droit. A ma prise de fonction, j’ai interdit pendant un mois la coupe du bois, et on m’a rappelé à l’ordre. Ils coupent le bois, et on ne reçoit même pas un sou comme taxe ou redevance », accuse le patron de la municipalité de Koumbia, non sans donner l’exemple du district de Dombia comme meilleur élève dans la défense de l’environnement.

« A Dombia, par exemple, des coupeurs de bois sont allés en brousse. Des jeunes organisés en comité de veille ont réussi à les chasser. Cela s’est fait une fois, deux fois et maintenant, ils ont la paix. J’ai dit à tous les Présidents de district, d’interdire la coupe du bois chez eux. C’est la meilleure manière de protéger notre environnement, surtout que le gouvernement vient de faire une interdiction totale à travers tout le pays », soutient le maire de Koumbia.

Toutefois, même si jusqu’ici il n’y a aucune ligne budgétaire dégagée par la commune pour la protection de l’environnement, Elhadj Mamadou Saliou Kaltamba se réjouit du bon travail des ONG sur le terrain qui tentent de restaurer le couvert végétal par le reboisement.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45 

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