Comme annoncé précédemment, les travailleurs de Guinée pourraient voir une « amputation de 5% » sur leur salaire de base indiciaire à la fin de ce mois d’août. Ce prélèvement (prévu par le gouvernement) entre dans le cadre des cotisations sociales allant dans le sens de la prise en charge sanitaire des travailleurs (la protection sociale). Mais, compte tenu les conditions de précarité des travailleurs et du contexte de crise économique et sanitaire dans lequel se trouve la Guinée, certaines organisations syndicales s’insurgent déjà contre un tel prélèvement. Elles estiment également qu’il y a assez de zones d’ombre à éclaircir avant l’application de cette mesure qui va directement impacter sur le pouvoir d’achat des fonctionnaires.
Cependant, à la confédération nationale des travailleurs de Guinée (l’une des plus grandes centrales syndicales du pays), le principe est déjà acquis pour le prélèvement de ces 5%. Et, cette position aurait été réitérée au gouvernement ce lundi, 23 août 2021, par le secrétaire général de ladite centrale syndicale.
« La protection sociale c’est en Guinée ici seulement qu’on ne parle pas de ça. Mais, il faut savoir que le travailleur ne peut pas se prendre ne charge à 100%. Mais, chez nous ici, il n’y a aucune disposition pour pouvoir soulager le travailleur. C’est pourquoi nous nous avons proposé cette forme de protection là au gouvernement. Ça n’a pas été facile, mais au moment où nous parlons il y a une loi sur ça. Et, cette loi est applicable à tout moment. Donc, pour ce qui concerne le cas de ce mois d’août, nous ne pouvons dire que nous sommes étrangers à ça. On est déjà averti, puisqu’avant cette échéance on a tenu des réunions dans les gouvernorats pour passer l’information. Et, partout où notre délégation est passée, l’adhésion totale des travailleurs a été acquise. Bien sûr, on ne peut pas toucher 100% des concernés par ça (cette cotisation). Mais, le principe a été accepté. Et, on attendait seulement le moment opportun pour mettre ça en application. Donc, c’est nous qui sommes à la base de cette protection sociale. En tout cas, notre centrale syndicale (CNTG) est partie prenante. Et, aujourd’hui même, le gouvernement a invité notre secrétaire général (Amadou Diallo) pour pouvoir échanger avec lui. Il (Amadou Diallo) a réaffirmé la position de la CNTG par rapport à ce principe de prélèvement de ces 5% », a expliqué Elhadj Mamadou Diaye, membre du secrétariat de la CNTG chargé du département éducation ouvrière.
Pour ce syndicaliste, les travailleurs ont un « avantage considérable » avec ce programme de protection sociale. Mais, il précise qu’il y a une période moratoire de six mois (à partir du début de la cotisation) avant le début d’application de ce programme d’assurance santé.
« Pour celui qui est payé à 1 500 000 francs par mois, les 5% de ce montant font à peu près 75 000 francs. Donc, mon cher ami, si on te demande 75 000 francs par mois pour qu’on puisse te soigner décemment, vous ne voyez pas que c’est avantageux ? Il y a un avantage terrible là-bas. Il faut savoir que toute chose a un début. Le travailleur, ses enfants, sa femme tout ça a un coût. Si vous voulez qu’on aligne tout cela, les gens (les travailleurs) ne pourront pas supporter. Donc, nous nous prenons d’abord le travailleur qui va cotiser ; après ça, quand tout le monde va adhérer à l’idée (la cotisation), on verra. Parce qu’il faut préciser qu’il y a un moratoire de six mois pour qu’on ait une caisse bien garnie avant de commencer à faire l’application. D’ici là, on aura à mettre en place les préalables que certains ne cessent de citer actuellement (les carnets, les structures sanitaires concernés,…) Il ne faut pas que les gens pensent que quand on prélève ce mois-là l’application va aussi commencer ce même mois. Il faut un temps moratoire. Au jour d’aujourd’hui, malgré que les travailleurs ne cotisent pas, l’Etat fait des évacuations à coup de millions de francs guinéens. Donc, si l’Etat a fait un pas dans ce sens là il faut qu’on l’accompagne. Surtout que le bénéficiaire c’est le travailleur », a indiqué Elhadj Mamadou Diaye.
Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com