Transport interurbain : la stratégie des chauffeurs pour contourner les tarifs officiels

C’est l’une des conséquences de la hausse du prix du carburant, dont le litre est passé de 9 000 à 11 000 francs guinéens depuis le 3 août 2021. Beaucoup de chauffeurs qui évoluent dans le transport interurbain ont boudé les gares routières pour aller embarquer les passagers dans les quartiers. Une stratégie qui leur permet de contourner la décision du gouvernement, leur imposant de maintenir les tarifs de transport qui étaient en vigueur avant l’augmentation du prix du carburant.

Dans la journée du samedi, 21 août 2021, un reporter de Guineematin.com a pris tout son temps pour observer et s’informer sur l’ambiance inhabituelle qui prévaut désormais à la gare routière de Bambéto. Très peu de véhicules étaient visibles sur les différentes lignes d’embarquement, et les tickets ne se vendaient quasiment pas au niveau des syndicats des transporteurs. Pourtant, le parc de Bambéto est d’habitude très fréquenté. Plusieurs dizaines de véhicules y sortent tous les jours pour les différentes villes de l’intérieur. Qu’est-ce qui explique alors cette situation morose ? Nous avons tenté de le savoir auprès d’un responsable syndical, qui gère une ligne d’embarquement dans cette gare routière.

Il explique que beaucoup de chauffeurs ont boudé la gare routière parce qu’ils ne sont pas d’accord avec la décision du gouvernement de maintenir intacts les tarifs de transport après l’augmentation du prix du carburant. Une décision prise en concertation avec les responsables des syndicats des transporteurs et qui a été aussitôt rejetée par les transporteurs. Et pour ne pas être obligés de respecter cette mesure, certains chauffeurs vont embarquer les passagers dans les quartiers, où ils peuvent fixer leurs propres tarifs.

« Depuis l’augmentation du prix du carburant, les choses ne fonctionnent pas bien ici. Beaucoup de chauffeurs n’embarquent plus de passagers ici, parce que ce sont les syndicalistes qui vendent les tickets ici. Et nous (les syndicalistes, ndlr), nous maintenons les anciens tarifs, comme l’a demandé le gouvernement. Les chauffeurs qui disent que ces tarifs ne les arrangent pas, vont embarquer les gens dans les quartiers, parce que là-bas, ce sont eux-mêmes qui fixent leur prix. Donc, ça fait longtemps que je ne vends pas de billets ici. C’est pourquoi, certains rentrent tôt, parce qu’il n’y a pas d’activité ici », a expliqué ce syndicaliste.

Également interrogé par Guineematin.com, le secrétaire général de la section syndicale communale des transports et mécanique générale de Ratoma a confirmé cette situation. « Vous-même, vous avez constaté ce qui prévaut ici. Comme les anciens tarifs fixés par le gouvernement sont maintenus, les chauffeurs ont abandonné la gare pour aller charger leurs véhicules ailleurs. Ils ne chargent plus à la gare. Parce qu’ils savent que là-bas, ils coupent les billets avec les tarifs que le gouvernement a fixés. Mais si les gens quittent la gare pour aller embarquer ailleurs, nous on peut rien contre ça », a dit Elhadj Mamadou Yaya Baldé.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com 

Tel: +225622919225

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