Covid-19 à Conakry : déception de plusieurs candidats au vaccin

Depuis le 13 août dernier, les autorités guinéennes ont rendu obligatoire le pass vaccinal pour accéder aux différents départements ministériels et les autres institutions publiques du pays. Et, depuis l’entrée en vigueur de cette décision, les centres de vaccination de Conakry ne désemplissent pas. Ils sont pris d’assaut tous les jours par des citoyens à la quête du vaccin anti-COVID-19. Certains passent toute une journée dans la file d’attente et rentrent sans être vaccinés. Et, cela les irrite, d’autant plus qu’ils abandonnent tout pour aller faire la queue.

Dans certains quartiers de la capitale guinéenne, les candidats au vaccin contre la COVID-19 commencent à rallier les centres de vaccination dès l’aube. Ils arrivent vers 4 heures et 5 heures du matin pour se faire inscrire sur des listes et commencer la queue pour attendre les agents vaccinateurs. Malheureusement, les opérations de vaccination commencent toujours vers 9 heures. Et, beaucoup de citoyens y passent des journées entières sans avoir leurs doses.

Madame Kadiatou Barry

« Nous venons ici depuis avant-hier. Le premier jour, ils (les agents vaccinateurs) nous ont dit qu’on ne pouvait pas avoir de vaccin. On devait attendre le lendemain à 10 heures pour revenir. Mais, ce jour-là aussi, nous sommes venus ici à 5 heures du matin pour nous inscrire sur une liste. Ensuite, ils nous ont dit de revenir à 14 heures pour récupérer nos dossiers. Difficilement on a pu avoir ces dossiers hier. Ils disent que nous ne voulons pas nous faire vacciner, alors qu’on traîne ici depuis trois jours sans succès. Aujourd’hui, depuis 5 heures nous sommes là, mais ils attendent jusqu’à 9 heures pour nous dire qu’ils n’ont que 12 doses de vaccins. Donc, on reviendra demain sans savoir si on pourra avoir de vaccins. Ils passent à la télé et les radios pour dire que nous ne voulons pas nous faire vacciner, alors que nous marchons depuis trois jours en vain. Qu’ils arrêtent d’accuser à tort les gens. S’il n y a pas de médicaments, qu’ils nous le disent clairement pour que chacun aille s’occuper de ses affaires. Nous sommes fatigués », s’est plainte madame Kadiatou Barry, rencontrée dans un centre de vaccination à Hamdallaye-Mosquée.

Cette colère, ce sentiment d’être abusé des journées entières pour rien est aussi présent chez Ibrahima Sory Camara. Ce père de famille est visiblement lassé d’entendre sans cesse qu’il n’y a pas de vaccin dans ce centre, alors que les autorités sanitaires incitent les gens à aller se faire vacciner.

Ibrahima Sory Camara

« Ils ont demandé à tout le monde de se faire vacciner, mais nous venons dans ce centre depuis quatre jours pour rien. A chaque fois on nous répète qu’il n’y a pas de vaccins. Si nos autorités n’ont pas de vaccins, qu’on nous laisse vaquer à nos occupations. J’ai une famille à nourrir », a déploré Ibrahima Sory Camara.

Apparemment, cette situation inconfortable n’est pas un cas propre au centre de vaccination de Hamdallaye-Mosquée. Car, au Centre de vaccination installé au stade de Nongo, c’est la même ambiance qui y règne. Les citoyens y viennent très tôt le matin et beaucoup d’entre eux repartent le soir sans avoir la petite piqure.

Emmanuel Kantabandouno candidat, mécanicien

« Je suis venu pour me faire vacciner. Mais, depuis le matin je suis là. Nous avons commencé par nous faire enregistrer, après nous sommes venus ici (au centre de vaccination). Mais, nous y avons pris beaucoup de temps. On nous a dit que les carnets sont finis et les doses sont également finies. Le chef d’équipe est sorti pour dire qu’il ne peut plus prendre les jeunes, mais ils vont prendre les personnes âgées. Donc, jusqu’à présent nous sommes arrêtés ici. Il y a beaucoup de personnes ici, mais rien ne marche. Que nos autorités emmènent suffisamment de vaccins pour que la population puisse se faire vacciner. Il y a des gens qui quittent loin, en laissant leurs travaux, pour venir ici. Mais, ils passent leurs journées sans réussir à avoir leur dose », regrette Emmanuel Kantambadouno, mécanicien de profession.

Pour le chef d’équipe des agents vaccinateurs au stade de Nongo, Dr Mohamed Sidibé, le retard n’est pas dû à un laxisme des vaccinateurs. Mais, c’est un problème lié en grande partie aux difficultés d’acheminement des kits (vaccin, carnet…) dans les centres de vaccination.

Dr Mohamed Sidibé, chef d’équipe des agents vaccinateurs au stade de Nongo

« Comme vous avez pu le constater dehors, il y a beaucoup de personnes qui viennent se faire vacciner par jour. À partir de 4 heures ou 5 heures du matin, les gens viennent s’enregistrer sur une liste avec leurs numéros de téléphone. Et, quand moi je viens, j’appelle en fonction de ces listes-là. Mais aujourd’hui, il y a eu un peu de retard dans l’acheminement des kits. Donc, à la DCS (direction communale de la santé), nous n’avons pas reçu beaucoup de vaccins aujourd’hui. Mais, ils nous ont dit de travailler avec le peu qu’on a en attendant qu’ils nous fournissent dans la journée. Donc, c’est ce qui fait le retard d’aujourd’hui. On souhaite corriger cela dans la journée, puisqu’on a déjà parlé avec nos chefs qui disent qu’ils vont nous approvisionner le plus vite que possible. On commence la vaccination ici à partir de 9 heures, parce qu’il faut que j’aille chercher les vaccins à la DCS ainsi que les kits. Et, quand je prends ces intrants, généralement à partir de 8 heures je suis sur le terrain. Il est vrai que les gens viennent très tôt, mais on ne peut pas commencer avant 8 heures passées, parce qu’il nous faut le temps d’aller à la DCS et de revenir ici. Il y a tellement de personnes que les doses que nous recevons chaque jour finissent. Normalement, on doit arrêter la vaccination à 15 heures. Mais, parfois, on va jusqu’à 18 heures ; parce qu’on ne peut pas laisser le monde dehors pour dire que notre travail est fini, on va rentrer chez nous. Donc, nous partons jusqu’à finir ce qu’on a pour arrêter. Les difficultés commencent par l’organisation dehors avec les gens. Ils sont impatients, parce qu’ils sont tous venus en même temps. Parfois, nous sommes débordés, surtout depuis que le pass sanitaire a été rendu obligatoire », a expliqué Dr Mohamed Sidibé.

A noter que les opérations de vaccination sont arrêtées ce jeudi du côté du CTEPI de Gbessia. « Le centre ne dispose plus de doses ; mais, on devrait être approvisionné afin de reprendre la vaccination », a confié un agent sous anonymat.

Mamadou Yaya Diallo pour Guineematin.com

Tel: 622 67 36 81

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