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Échec de la Gouvernance : Alpha Condé sait-il réellement ce qui se passe en Guinée ?

Après la fin de l’insurrection populaire de 2007, qui a abouti à la nomination de Lansana Kouyaté au poste de Premier ministre, ce dernier avait parlé de déliquescence de l’Etat guinéen. Quand l’actuel président accède au pouvoir, il déclare aussi avoir trouvé un pays sans Etat. La lutte politique qu’il a menée pendant de longues années étaient censée lui permettre de poser les jalons d’un d’Etat fort mais respectueux des droits et de la dignité du citoyen.

Malheureusement, chaque jour qui passe, la gouvernance actuelle devient de plus en plus chaotique. Multipliant les dérives les plus inimaginables dans un pays normal. On a l’impression que le chef n’est pas au courant de certains faits et méfaits de ceux qui parlent et agissent à son nom. En effet, le bon sens ne nous permet pas de penser un seul instant qu’un homme, ayant lutté pendant plusieurs décennies au nom de la liberté, de la justice, de la démocratie et de l’Etat de droit, puisse rester sans réagir face aux dérives auxquelles certains commis de l’Etat se livrent aujourd’hui.

Voyons plutôt quelques faits. Certaines personnes présumées coupables de crimes contre l’humanité, après les crimes perpétrés le 28 septembre 2009 au stade du même nom sont toujours libres. D’autres assument même des responsabilités au plus haut niveau. En outre, depuis la « première élection libre » censée instaurer la démocratie, l’opposition déplore plus de cent militants tués lors des manifestations. Jusqu’à présent, aucune enquête sérieuse n’a été menée pour identifier et sanctionner les coupables.

Pendant ce temps, plusieurs personnes sont arrêtées et conduites à la Maison centrale au motif qu’elles ont violé le couvre-feu consécutif à l’Etat d’urgence sanitaire. Parmi les infortunés, certains, comme un étudiant guinéen en Espagne, n’ont pour seul tort que d’avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. Dans n’importe quel pays au monde, une telle infraction n’aurait donné au pire des cas qu’à une simple amende.

Autres faits et méfaits de la gouvernance actuelle, il est devenu peu enviable d’avoir une voiture aujourd’hui à Conakry. Tant les propriétaires sont victimes de tracasseries et d’injustice. Non pas seulement de la part de la police (qui semble privilégier désormais une nouvelle cible que sont les conducteurs d’engins à deux roues). Mais, de la part d’un groupe à la mission floue. Ces individus sillonnent la route pour tracter toute voiture garée le long de la route. Si l’objectif officiel est de libérer les emprises de la route, il y a souvent des abus.

C’est le cas de cet homme dont l’enfant est malade. Ordonnance médicale à la main, le monsieur s’arrête devant une pharmacie pour acheter des médicaments. Entre temps, la fameuse grue arrive et remorque sa voiture. Alerté par les gens, le monsieur court et supplie ceux qui veulent envoyer sa voiture de ne pas le faire. Leur expliquant que son enfant est malade. Peine perdue. La voiture sera remorquée et envoyée par les agents.

Enfin, le troisième cas s’est passé à Kagbelen. Endroit où, actuellement la circulation est fortement perturbée à cause de la construction d’un échangeur. Un gros camion vient garer au milieu de la bretelle pour débarquer sa marchandise. Alors que c’est l’unique voie partagée par les automobilistes, les motocyclistes et les piétons. Malgré la protestation des usagers, le chauffeur et le propriétaire de la marchandise restent inflexibles.

Un des automobilistes, empêché de passer, se dirige tout droit vers l’endroit où sont regroupés tous les policiers. Il demande à ces derniers d’intervenir auprès du chauffeur du camion afin qu’il cède le passage. Le plus gradé des policiers répond qu’il ne peut pas intervenir, arguant qu’actuellement tout le monde a un proche haut gradé et que dès qu’il essaie de faire appliquer la loi il reçoit un appel d’un supérieur pour lui demander d’arrêter. Indigné, le citoyen, qui n’a désormais que les yeux pour pleurer, interroge le policier en ces termes « vous démissionnez donc ? », ce dernier répond par l’affirmative.

Il noter qu’une pagaille indescriptible règne actuellement à Kagbelen. Malgré les difficultés que les usagers éprouvent pour se frayer un passage, les policiers sont regroupés devant l’agence de la banque UBA. Leur cible principale, les motocyclistes. Lesquels doivent obligatoirement mettre la main à la poche avant de passer. Parfois, on assiste à des scènes de désolation sur les lieux : un motard violenté par un policier. Un autre qui va droit dans le caniveau. La régulation de la circulation routière devient le cadet des soucis des policiers.

Voilà des exemples parmi beaucoup d’autres qui interpellent les pouvoirs publics. Et, en premier lieu, le président Alpha Condé qui, forcément, n’est pas au courant de tout ce qui se passe dans le pays. Le laisser-aller qui règne actuellement n’est pas sans rappeler un autre. Or, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. D’où la nécessité pour le premier magistrat du pays de reprendre l’initiative et de montrer aux anarchistes que le pays n’est pas abandonné.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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