Des boulangers victimes d’attaques armées : « le gouvernement doit intervenir pour nous sécuriser »

Elhadj Alpha Oumar Sakho, président de l’Union nationale des boulangers et pâtissiers de Guinée

Comme annoncé précédemment, plusieurs boulangers ont été victimes d’attaques la semaine dernière, à Conakry. Dans la seule nuit du jeudi au vendredi 27 août 2021, des hommes armés et habillés en tenue militaire ont visité cinq boulangeries situées à Koloma et Bantounka, dans la commune de Ratoma, emportant de l’argent et des téléphones portables. Une situation préoccupante pour le président de l’Union nationale des boulangers et pâtissiers de Guinée.

Dans un entretien qu’il a accordé à un journaliste de Guineematin.com, Elhadj Alpha Oumar Sacko a appelé l’Etat à intervenir pour sécuriser les boulangers.

« À Koloma, Bantounka 1 et Bantounka 2, des hommes en treillis et encagoulés ont pris l’habitude de débarquer à partir de 2 heures du matin dans les boulangeries. Ils viennent prendre en otage les boulangers et retirer leurs téléphones et leur argent. Ce sont des hommes en uniforme qui ont la tenue des gendarmes ou bien des tenues militaires et qui portent des cagoules qui se livrent à cette pratique. Ils viennent en groupe de 10 ou 12 personnes dans les boulangeries.

La semaine dernière par exemple, entre jeudi et samedi, plus de 12 boulangeries ont été attaquées à Koloma et à Cosa. Ils ont pris des téléphones et de l’argent, parfois le prix de la farine même. Le gouvernement doit intervenir pour sécuriser les boulangers. Si nous ne sommes pas en sécurité, nous ne pouvons pas travailler. Il faut que le ministère de la sécurité arrive à résoudre ce problème », a lancé Elhadj Alpha Oumar Sacko.

Elhadj Alpha Oumar Sakho, président de l’Union nationale des boulangers et pâtissiers de Guinée

Ces attaques armées interviennent à un moment où les boulangers se plaignent déjà de sérieuses difficultés liées notamment au manque de bois. En effet, le gouvernement a interdit récemment la coupe, le transport et la commercialisation du bois sur l’ensemble du territoire guinéen jusqu’à nouvel ordre. Et, selon Elhadj Alpha Oumar Sacko, si ce problème ne trouve pas rapidement une solution, les boulangers seront tout simplement obligés d’arrêter le travail.

« Avec l’augmentation du prix du carburant, le prix du sel et de la levure a augmenté. Le bois aussi est à un prix qu’on ne peut pas supporter aujourd’hui si le gouvernement ne nous aide pas. Nous avons déjà écrit au ministère du commerce qui a aussi adressé un courrier au ministère de l’Environnement. Mais, depuis trois mois, ce courrier n’a pas eu de suite. Ce ministère n’a pas voulu nous donner l’ordre de mission pour qu’on puisse avoir au moins deux ou trois camions de bois par semaine. Aujourd’hui, nous achetons deux ou trois bois à 5.000 francs guinéens. Ce qu’on ne pourra pas supporter. 

Si rien n’est fait, nous risquons d’arrêter de travailler puisque sans le bois, on ne peut pas travailler. C’est vrai qu’on ne peut pas dire qu’on va augmenter le prix du pain parce que le prix de la farine n’a pas encore augmenté sur le marché. Mais, si on ne trouve pas le bois, on sera obligés d’arrêter le travail pour le moment. Dans ce cas, je ne dirais pas qu’il n’y aura pas de pain sur le marché, mais il y aura quand même une crise », a prévenu le président de l’Union nationale des boulangers et pâtissiers de Guinée

Pour l’heure, Elhadj Alpha Oumar Sacko privilégie le dialogue et la concertation avec les autorités pour chercher à résoudre les problèmes auxquels sont confrontés les boulangers. Et si cette démarche n’aboutit pas, il indique qu’il reviendra aux membres de cette corporation de décider de la marche à suivre. « Je demande à l’ensemble des boulangers de rester derrière nous. Pour le moment, nous ne pouvons rien faire d’abord sans voir les autorités. Mais, si celles-ci ne réagissent pas, on va revenir et dire qu’on n’a rien obtenu et on verra ce qu’il faut faire ».

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41 

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