Crise à Linsan (Kindia) : certains citoyens décident de ne plus obéir aux autorités locales

Plutôt que d’apporter du bonheur, l’érection de la sous-préfecture de Linsan en commune rurale (CR) risque de produire l’effet contraire. En effet, la composition de la délégation spéciale qui doit diriger cette collectivité jusqu’à l’organisation des prochaines élections locales a créé des divisions au sein de la population. De nombreux citoyens ont pris la décision de ne pas obéir aux autorités locales, a appris Guineematin.com à travers un de ses correspondants basés à Kindia.

C’est avec beaucoup joie et d’espoir que les habitants de Linsan ont accueilli, en mars dernier, l’érection de leur sous-préfecture en commune rurale. Car, cette localité, située à 80 kilomètres de la ville de Kindia, devenait ainsi une collectivité locale. En ayant désormais leur propre mairie, ils s’attendaient au développement de sous-préfecture. Mais quelques mois plus tard, le sentiment est tout autre chez beaucoup d’entre eux, notamment les habitants de Kinsan, l’une des deux localités qui composent la commune rurale de Linsan. Ces derniers disent avoir été lésés et trahis dans la composition de la délégation spéciale qui va diriger la collectivité jusqu’aux prochaines élections locales.

Fodé Saliou Mansaré, président du district de Kouyeyah et porte-parole de la population de Kinsan Sangoyah

« Pour la petite histoire, nous étions au compte de la CR (commune rurale) de Souguéta. On s’est battu ensemble sans distinction, c’est-à-dire Kinsan qui regroupe 11districts et Linsan qui a 5 districts pour avoir notre sous-préfecture. Ensuite, grâce à Dieu, aux autorités, aux ressortissants et aux personnes de bonne volonté, nous avons obtenu notre CR. Mais contre toute attente, on apprend que les autorités viennent installer la délégation spéciale de la CR de Linsan, alors que ni les sages, ni les femmes encore moins les jeunes de chez nous n’ont été associés à l’organisation de la cérémonie. On n’a même pas été associés à la désignation de l’équipe qui compose la délégation spéciale qui va diriger la CR de Linsan. Les représentants des 11 districts de Kinsan n’ont pas été consultés. On a tout simplement reçu une lettre d’information disant que le préfet vient installer la délégation spéciale », a expliqué Fodé Saliou Mansaré, président du district de Kouyeyah et porte-parole de la population de Kinsan Sangoyah, au sortir d’une réunion organisée le 31 août 2021 dans cette localité.

Il ajoute que « parmi les 16 districts que compte la nouvelle CR de Linsan, c’est seulement 6 districts qui ont composé l’équipe mise en place. Et dans cette équipe de 11 personnes, les 11 districts de Kinsan n’ont que deux représentants. C’est ce que nous refusons. Nous voulons qu’il y ait la parité ».

Face à cette situation, les habitants de Kinsan ont décidé de ne pas obéir aux autorités de Linsan. Et, deux présidents de districts ont déjà été sanctionnés pour avoir refusé de respecter cette décision. « C’est l’association de Kinsan et tous ses districts qui ont décidé de refuser tout  appel venant des autorités de Linsan, parce qu’elles ne nous ont pas reconnus lors de l’installation de la délégation spéciale. Donc, nous avons pris ensemble la décision de ne pas répondre à un appel venant des autorités de Linsan. Mais, il y a deux présidents de districts qui se sont désolidarisés de cette décision pour aller se confier à ceux de Linsan centre. C’est pourquoi, il y a eu une sanction qui a été prise à leur encontre. On n’a pas retiré leur cachet, ni les documents officiels qu’ils détiennent. Mais on a retiré la population de leurs responsabilités pour la confier à d’autres. Voilà ce qui s’est passé », a indiqué le porte-parole de la population de Kinsan Sangoyah, Fodé Saliou Mansaré.

Parlant de l’origine de cette crise, le président de l’association des jeunes  résidents pour le développement de Kinsan (AJRDK) pointe un doigt accusateur sur le sous-préfet de Linsan. Pour lui, c’est l’administrateur territorial qui a été partial lors de la composition de l’équipe dirigeante de la mairie.

Mohamed Sylla, président de l’AJRDK, Association des jeunes Résidents pour le développement de Kinsan

« On ne peut pas accuser le maire dans cette affaire, parce qu’il défend son intérêt. On ne peut pas non plus accuser le préfet ou madame la gouverneure de Kindia, qui ne sont pas sur le terrain. Mais le sous-préfet qui est là, qui est l’arbitre entre nous, n’a pas joué son rôle. Nous avons compris que le sous-préfet est pour les Sanoukas. Il les soutient au détriment de ceux de Kinsan. Donc, nous demandons au gouvernement de venir en aide pour nous départager, parce que si cela continue comme ça, il y aura une révolte. Et ce n’est pas ça notre souhait », a laissé entendre Mohamed Sylla.

Mais contrairement à ces deux leaders de Kinsan, Ibrahima Kaké, membre de la délégation spéciale de Linsan, dédramatise la situation. Selon lui, il n’y aucun problème au sein de la commune rurale de Linsan. Il soutient que c’est tout simplement un petit groupe de frustrés qui cherche à semer la zizanie. « Avant l’installation de la délégation spéciale de Linsan, tous les présidents des districts étaient informés à travers des lettres officielles et des appels téléphoniques. M. le préfet de Kindia avait également mandaté le sous-préfet d’informer toute la population de la CR de Linsan. Et le jour de la cérémonie d’installation, tous les présidents des 16 districts et les chefs de secteurs ainsi que les citoyens se sont massivement mobilisés.

Donc, l’installation de cette délégation spéciale a été acceptée par tout le monde. Ceux qui se disent représentants de la population de Kinsan défendent leurs intérêts personnels. Sinon, il n’y aucun problème entre la population et nous. Au départ, il y a eu 16 personnes qui ont été désignées pour composer la délégation spéciale de Linsan. Mais on n’avait besoin que de 11 personnes. C’est ainsi que l’administration a fait le choix, en éliminant 5 personnes. Et ce sont ces 5 personnes qui sont à la base de tout cela. Sinon, il n’y aucun différend entre Kinsan et Sanou. Nous avons une seule population et nous vivons ensemble », a dit Ibrahima Kaké.

De son côté, le sous-préfet de Linsan a refusé de se prononcer sur cette situation. Lansana Bangoura s’est montré d’ailleurs hostile au journaliste de Guineematin.com qui est allé à sa rencontre.

De retour de Linsan, Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 00224 628516796

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