Exigence de la CEDEAO contre la Guinée : la réaction de quelques citoyens de Conakry

Comme annoncé précédemment, la CEDEAO (réunie en session extraordinaire à Accra au Ghana) a réitéré hier, jeudi 16 septembre 2021, sa ferme condamnation du coup d’Etat militaire qui a renversé le régime d’Alpha Condé. L’organisation sous-régionale a aussi exigé la « libération immédiate et sans condition » du chef de l’Etat déchu et la tenue, dans un délai de six mois, d’élections présidentielles et législatives en Guinée. Ces décisions de la CEDEAO visent le retour à un ordre constitutionnel dans le pays. Mais, à Conakry, ces exigences de la CEDEAO sont très mal accueillies, surtout pour ce qui de l’organisation des élections en six mois. Beaucoup d’observateurs estiment que le délai est court et demande à la junte de n’est pas s’y plier.

Dans la journée de ce vendredi, Guineematin.com a tendu le micro à quelques habitants de la capitale guinéenne.

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Mohamed Kalabane Camara, comptable : « La Guinée ne peut pas organiser des élections libres et transparentes dans six mois. C’est une nouvelle génération qui a pris le pouvoir ; donc, il faut lui donner de temps. Parce que le temps est très important dans ce genre de transition. Moi je propose une année. Il (Alpha Condé) doit répondre de faits qui lui sont reprochés. Parce que quand on parle de la justice, cela doit commencer par le sommet. Laissé Alpha Conde s’en aller est trop risqué ».

Morlaye Soummah, citoyen : « On n’a pas besoin de la CEDEAO. Parce que la CEDEAO était absente lorsqu’il (Alpha Condé) changeait la constitution, elle était absente lorsque des manifestants étaient tués un peu partout. C’est aujourd’hui que la CEDEAO vient demander des élections dans six mois, sans même se préoccuper de la situation guinéenne. La junte n’a qu’à rester s’il faut jusqu’à cinq ans. Concernant Alpha Condé, la justice n’a qu’à faire son travail. On ne doit le laisser aller nulle part. Sinon, il a beaucoup de relations et d’argents, il peut créer même une instabilité à notre pays ».

Aly Condé, vendeur de véhicules

Aly Condé, vendeur de véhicules : « La Guinée est un membre de la CEDEAO. Donc, si cette communauté décide de la Guinée, je crois qu’il faut bien étudier cette décision. Il n’est pas impératif de respecter la date fixée par la CEDEAO. Mais, c’est bon de l’étudier quand-même pour trouver une date qui va faire l’affaire. Moi je veux qu’on laisse le président déchu aller là où il veut, parce que les nouvelles autorités ont dit qu’il n’y aura pas une chasse aux sorcières. Il faut enterrer l’histoire ».

Amadou Lamarana Bah, mécanicien automobile 

Amadou Lamarana Bah, mécanicien automobile : « C’est intenable les six mois. Mais, la CEDEAO a le droit de garder un œil vigilant sur la junte. C’est vrai que la junte nous a libéré, mais il ne faut pas perdre de vue cette transition pour ne pas que la junte déroute. Moi je pense que 18 mois est une bonne durée. Alpha Condé doit répondre de ses actes. On ne doit pas laisser celui qui a perpétré un Coup d’Etat constitutionnel et qui a tué beaucoup de personnes pour arriver à ses fins s’en aller librement. La CEDEAO est dans l’erreur pour dire de libérer ce président sans conditions ».

Ansoumane Soummah, citoyen

Ansoumane Soummah, citoyen : « La CEDEAO n’a rien à nous imposer. L’opinion nationale et internationale est témoin de la légèreté dont cette communauté a fait preuve lors de la modification de la constitution. Pour moi, il faut que cette transition offre à la Guinée une réforme profonde qui va de quatre à cinq ans. Ce, pour que le prochain président s’assoit sur des bases solides. Humainement, il faut libérer Alpha Condé. Mais, il ne faut pas lui laisser sortir du pays. Il faut lui garder là où il aura accès à tout, mais pas en dehors du pays ».

Mohamed Lamine Konaté, fonctionnaire au secrétariat général du gouvernement

Mohamed Lamine Konaté, fonctionnaire en service au secrétariat général du gouvernement : Il n’est pas bon de se précipiter dans cette transition. Il est important que la junte ait du temps pour refonder les institutions de ce pays. Je pense à quatre ou cinq ans de transition. Je m’inscris dans la logique de la CEDEAO concernant la libération d’Alpha Condé. Il faut le libérer ».

Diarouga Aziz Balde pour Guineematin.com

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