Faya Millimouno en colère : « la CEDEAO est en train de blaguer avec l’avenir de la Guinée »

Dr Faya Millimouno, président du Bloc Libéral

C’est avec surprise et stupéfaction que Dr Faya Millimouno, président du parti Bloc Libéral, a accueilli les décisions prises lors du sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO, tenu hier, jeudi, à Accra, au Ghana. L’opposant guinéen trouve incompréhensible que l’organisation sous-régionale impose un délai transitoire de six mois, mais aussi des sanctions ciblées aux membres du CNRD, la junte militaire qui a pris le pouvoir en Guinée. Pour lui, ces décisions prouvent encore une fois que la CEDEAO est un syndicat des chefs d’Etat et non une organisation qui défend les populations. Il l’a dit au cours d’un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, ce vendredi 17 septembre 2021.

Faya Millimouno, président du parti Bloc Libéral, membre du FNDC

« Pour nous, c’est décevant cette décision de la CEDEAO. Elle prouve à suffisance que l’organisation sous régionale est en train de manquer cruellement de leadership en faveur des populations de la sous-région. Lorsque le coup d’État constitutionnel s’opérait en Guinée, nous avons été vers les institutions de la CEDEAO. Personnellement, avec d’autres leaders, nous avons effectué un déplacement à Abuja pour demander à la Cour de la justice de la CEDEAO d’intervenir en vertu des protocoles et des traités de la CEDEAO. Rien n’a été fait.

Ce coup d’Etat constitutionnel a causé beaucoup de dégâts dans notre pays en termes de perte en vie humaine, de destruction de biens publics et privés, beaucoup sont allés en prison. Le leadership de la CEDEAO n’a pas pensé que ceux qui ont perpétré cela devaient être sanctionnés, devaient avoir leurs avoirs volés au préjudice du contribuable guinéen gelés. C’est aujourd’hui que la CEDEAO veut sévir. Ça prouve que la CEDEAO est beaucoup plus une organisation du syndicat des chefs d’État qu’une organisation qui travaille véritablement aux côtés des peuples de la sous-région.

Six mois de période transitoire en Guinée, on est en train de blaguer avec l’avenir de ce pays ! Il y a 12 ans, on a connu un coup d’État après à la mort du général Lansana Conté. La même CEDEAO avec d’autres entités sont venues précipiter le pays à une élection. Mais aujourd’hui, nous sommes à la case-départ. Je crois que la CEDEAO devrait faire son propre Mea-culpa et laisser les Guinéens décider de comment conduire cette période transitoire. Les Guinéens que nous sommes, chacun doit pour une fois travailler non pas pour l’intérêt personnel, mais pour l’intérêt général.

Pour que nous ayons de véritables fondations d’un État de droit. Je ne suis pas d’accord avec la précipitation. Je dois rappeler qu’il n’y avait pas d’ordre constitutionnel normal en Guinée. Aujourd’hui, nous n’avons pas de constitution. Nous allons nous doter d’une nouvelle constitution et nous n’allons pas faire de plagiat ni de copier-coller cette fois-ci. Nous prendrons du temps et nous impliquerons les Guinéens. En tout cas, en ce qui nous concerne nous, au Bloc Libéral, nous nous impliquerons pleinement dans la façon dont les choses vont se passer pour que cette phase transitoire soit réussie.

La Guinée est en crise, et la crise est récurrente depuis 63 ans. Après 63 ans d’indépendance, nous n’avons pas pu nous doter d’institutions fortes. Si nous voulons faire la fondation d’un État de droit et de la démocratie, ce n’est ni en un an, ni en deux ans. Il faut aller au-delà. Je pense que même 5 ans, ce n’est pas trop dans la vie d’une nation. Si seulement si les Guinéens se donnent les mains pour réussir cette période transitoire. Mais il n’y a rien qui puisse se faire en 6 mois pour permettre au pays de prendre un bon départ », a dit Dr Faya Millimouno.

Propos recueillis par Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel: 626-66-29-27

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