Massacre du 28 septembre : les victimes interpellent le colonel Mamadi Doumbouya

Asmaou Diallo, présidente de l’AVIPA

Douze ans après le massacre du 28 septembre, les victimes attendent toujours que justice leur soit rendue. L’instruction du dossier est bouclée depuis 2017, mais aucune date n’est jusque-là donnée pour l’ouverture du procès. Une situation sur laquelle l’association des victimes et amis du 28 septembre (AVIPA) interpelle les nouvelles autorités guinéennes.

La chute du régime Alpha Condé redonne de l’espoir aux victimes des événements du 28 septembre 2009. Ces citoyens, qui ont été touchés affectés d’une manière ou d’une autre par les atrocités commises ce jour-là, à Conakry, espèrent qu’ils pourront enfin avoir justice. Chose qu’ils ont réclamé, en vain, pendant les 11 années de gestion de l’ancien chef de l’Etat guinéen, renversé par un coup d’Etat militaire, le 5 septembre dernier.

« Depuis dix ans, on se bat, on réclame justice, malheureusement on ne l’a pas obtenu pendant le règne du Pr Alpha Condé. Ces massacres ont eu lieu pendant une transition qui était dirigée par des militaires, à leur tête le capitaine Moussa Dadis Camara. Et l’avènement d’un civil au pouvoir avait suscité beaucoup d’espoir chez les victimes. On avait pensé qu’il allait tout faire pour juger ce dossier et rendre justice aux victimes.

Malheureusement, M. Alpha Condé n’a pas accepté de nous accompagner. Il n’a pas accepté de faire en sorte que ce dossier soit jugé. L’instruction de ce dossier a été clôturée depuis 2017. Depuis, rien ne pouvait empêcher la tenue du procès. Mais il a été mis dans les tiroirs », a déploré Asmaou Diallo, présidente de l’association des victimes et amis du 28 septembre, dans un entretien qu’elle a accordé à Guineematin.com, ce vendredi 24 septembre 2021.

C’est pour cette raison que cette dame salue l’avènement du comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) à la tête de la Guinée. Elle a été très marquée par le discours du colonel Mamadi Doumbouya, annonçant que la justice sera désormais la boussole qui va guider toutes les actions. Et c’est dans ce cadre que la présidente de l’AVIPA exhorte la junte militaire au pouvoir à mettre le dossier du 28 septembre parmi ses priorités.

« Nous voulons que le colonel Mamadi Doumbouya accorde un intérêt particulier au dossier du 28 septembre. Lorsque la transition va commencer, lorsque le gouvernement de transition sera mis en place, on aimerait que le dossier du 28 septembre soit le premier dossier devant la justice guinéenne. Ça, c’est l’une de nos attentes. Ensuite, nous voulons une reconnaissance totale pour les victimes du 28 septembre, suivie de réparations. Si on arrive à juger ce dossier, je suis sûre qu’on verra la lumière dans notre pays.

Ça sera une ouverture pour nous qui nous mènera vers une justice transitionnelle, une réconciliation nationale », a laissé entendre Asmaou Diallo, tout en demandant aux nouvelles autorités de faire attention à certains magistrats guinéens, qui s’étaient mis au service du régime Alpha Condé. « Les magistrats qui ont travaillé sous la coupe du Pr Alpha Condé, qui ont accepté tout ce qu’il voulait tout en brimant la population, j’aimerais que le colonel fasse beaucoup attention à eux.

Si ces magistrats doivent revenir encore et continuer à travailler, ils doivent prêter serment à nouveau devant le peuple de Guinée pour dire la vérité, rien que la vérité. Dans le cas contraire, je ne pourrai pas croire à leur engagement. Parce qu’ils ont réussi à tromper le peuple de Guinée sous le règne du Pr Alpha Condé. Donc, je demande au colonel Mamadi Doumbouya de faire attention à eux ».

Le 28 septembre 2009, des milliers de Guinéens se sont rassemblés au stade du 28 septembre de Conakry pour manifester contre une éventuelle candidature du capitaine Moussa Dadis Camara (le chef de la junte militaire alors au pouvoir) à l’élection présidentielle qui se préparait. Mais, l’armée a violemment réprimée ce manifestation pacifique. Selon plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, au moins 157 personnes ont été tuées, des centaines d’autres blessées et de nombreuses femmes violées.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel. 620 589 527/664 413 227

Facebook Comments Box