Transition en Guinée : la contribution d’Alfa Oumarou BARRY3, fils de Barry 3

Alfa Oumarou BARRY3, fils de Barry 3

Mes réflexions sur la situation qui prévaut dans notre pays depuis le 5 septembre 2021.

Une situation exceptionnelle, le pays étant à la croisée des chemins et comme l’a dit l’instigateur de ce coup de force inédit le Cl Doumbouya il est peu probable qu’une telle occasion se représente à nouveau. 

Il est à noter que c’est la première fois qu’un Chef d’Etat vivant en exercice, a été démis de ses fonctions et devra répondre de ses actes, devant la justice de son pays. Pour rappel, en 1984, le Gl Conté a pris le pouvoir à la mort de Sékou Touré et le Capitaine Dadis, à la suite du Gl Conté.

Ce coup de force a été salutaire, ayant eu le double avantage d’abréger l’insoutenable souffrance des populations et de tempérer les velléités de tous les acteurs politiques à vouloir vaille que vaille, briguer la magistrature suprême.

De sérieux troubles pouvant mener à

une guerre civile ont pu ainsi être évités, s’il y avait eu une vacance du pouvoir. Nous devons soumettre cette opportunité à toutes les institutions régionales, sous-régionales et autres et réaffirmer énergiquement notre entière souveraineté à résoudre nos problèmes internes, sans être soumis à une quelconque tutelle. Les ressources minières ne sont le seul enjeu, le défi majeur pour la Guinée sera avant tout l’agro-pastoral afin d’assurer notre souveraineté et sécurité alimentaire, l’un des premiers points à être inscrit dans notre prochaine constitution soumise au référendum.

J’ai pris bonne note des intentions du Cl Doumbouya, Chef de la Junte, de n’occulter aucun pan de l’histoire de notre pays, depuis son accession à l’Indépendance à nos jours, c’est très honorable.

Je l’ai vu procéder à des commémorations à la mémoire des fils de notre pays, Samory Touré, Alfa Yaya Diallo qui eux, ont lutté contre la pénétration des colonnes françaises sur leurs territoires et n’ont été en rien comptables d’aucun crime d’Etat.

En parlant de ces crimes, nous ne 

pouvons faire l’impasse de la période allant de 1958 à 1984. En revisitant l’histoire réelle de notre pays, il est établi que Sékou Touré n’a pas été le seul artisan de notre indépendance, précision de taille, il y est venu après ses opposants BARRY3, BARRY Diawandou, Koumandian KEÏTA, véritable syndicaliste et les jeunes d’alors de la FEANF. Pour aller plus loin, la paternité réelle revient aux populations, par leur vote massif au référendum de 1958, ce qui a permis la naissance de la République de Guinée.

La controverse avec Sékou Touré, vient du fait que l’homme est entièrement responsable et comptable avec son appareil répressif le PDG, des innombrables crimes commis à partir de 1959, au nom de l’Etat; de valeureux guinéens sont tombés, premiers des crimes impunis et ce geste commémoratif du Cl Doumbouya sur le tombeau de Sékou Touré est, je pèse mes mots, incongru.

C’est un signal inaudible qui ne sert pas les aspirations profondes à en finir avec cette nébuleuse.

La Paix en Guinée ne fera pas l’économie d’un inventaire sur 

l’histoire politique de notre pays dans ses moindres détails. Des comptes doivent être rendus à au moins 70.000 morts, au nom et au seul motif de la violence d’État, pendant la gouvernance de Sékou Touré.

Tous les jeunes tombés, sous les balles meurtrières de la soldatesque du Gl Conté,le 25 janvier 2007 au pont Tumbo, ils se sont battus pour une meilleure vie.

Comment oublier le massacre du 28 septembre, les femmes violées, O! ironie du sort dans le stade du même nom, souillant à jamais cette date historique, sous le magistère de Dadis Camara.

Alpha Condé leur a emboîte le pas avec son lot d’exactions, de tortures, d’assassinats de jeunes, filles et garçons en pleine fleur de l’âge, de tripatouillage de la constitution dont il devient parjure rien que pour se maintenir au pouvoir.

Le Cl Doumbouya qui souhaite s’inspirer de Rawlings, que j’ai connu, ne devrait pas se laisser distraire par le jeu subtil et habituel de cette pieuvre tentaculaire, qui commence déjà à le happer.

La tâche est colossale, ardue, il faut

très vite s’y mettre. J’aurais voulu participer à la force de propositions et contributions, j’attends de voir la réelle volonté affichée de la junte, ses véritables intentions, sa physionomie et une feuille de route, concernant la transition, sa durée.

S’y ajoute qu’en dehors du cadre du moment, de large consultation des guinéens, instauré par le CRND, toutes les autres plateformes devraient s’abstenir de faire des déclarations intempestives et encore moins s’ériger en tribunal populaire, rappelant les vieux démons des années 1970, ayant envoyé à l’échafaud des milliers d’innocents.

L’urgence n’est point aux tergiversations, aux postes à octroyer, en parlant d’équilibre ou de parité mais de prise de conscience de notre martyr depuis plus de 60 ans. 

Des systèmes de gouvernance se sont succédé, mettant sur le bas côté de la route, l’immense majorité de nos concitoyens, toutes périodes et générations confondues.

Si l’intention du CRND est d’aider à assainir la Guinée, à mettre de l’ordre, il faudra, comme Rawlings, nettoyer au sein de sa propre écurie.

Suggestions immédiates:

– Convoquer immédiatement les Etats généraux de la Justice,

La Justice assure l’équité, le travail, l’engouement de la solidarité qui fonde, elle, la Nation, c’est notre seul rempart.

Il sera créé un cadre obligeant les exécutifs à procéder au jugement des crimes qualifiés; à procéder à la réhabilitation nationale de toutes les victimes reconnues innocentes, avec réparations à hauteur des prejudices subis.

Chacun devra rendre compte sur ses actions,  sur l’origine de ses biens. Au terme de cet exercice préalable, tous les crimes tant des droits humains qu’économiques, tous imprescriptibles, seront répertoriés.

– Recensement urgent de tous les guinéens, où qu’ils se trouvent, en tenant compte des volets socio-économique et socio-professionnel.

– Prendre le temps suffisant pour permettre à la Guinée de bénéficier de toutes les chances pour le bonheur du plus grand nombre avant de faire des élections précipitées. Bien entendu nous veillerons à respecter nos engagements envers nos partenaires qui eux devront dans le même temps se soucier de nos priorités et intérêts.

– Stopper la prolifération des partis politiques en les organisant autour de 3 grandes orientations,  gauche, droite, écologique ou vert, ce qui fera taire les questions à relents ethniques.

Alfa Oumarou Barry, fils de feu Barry 3

GEW

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