Indépendance guinéenne : les dessous si fascinants

Halimatou Baldé
Halimatou Baldé

L’indépendance guinéenne est généralement racontée de façon brève et généraliste bien qu’étant particulière dans tous les sens. Pourtant, il est nécessaire voir indispensable d’expliquer le miracle par lequel la Guinée avait réussi à emprunter un chemin particulier parmi une dizaine de colonies françaises et s’en sortir gagnante, car aucune goutte de sang ne coula, ni de maquis ni d’exilés sur son territoire. Il est primordial de comprendre comment la Guinée réussit là où le Cameroun et le Niger eurent échoué.

Sachez que cela fut possible grâce à la grandeur d’âme dont fut preuve ces 3 hommes : Ahmed Sékou Touré, Barry Diawadou et Ibrahima Barry 3, leaders politiques de l’époque.

Bien qu’étant leader du parti majoritaire PDG, Sékou s’était privé de jouer la carte de l’orgueil et du mépris des partis minoritaires (BAG, DSG), en ne se fiant qu’au poids de son parti. Il avait tendu la main avec humilité à ses adversaires politiques pour aller vers une indépendance consensuelle et apaisée.

Quant à Diawadou Barry, il refusa de céder aux alléchantes offres de la métropole et de faire jouer sa position de privilégiée devant la métropole : ancien combattant, l’un des premiers députés à l’assemblée française, ancien fonctionnaire. D’ailleurs, faisant preuve de bonne foi pour faciliter l’indépendance, il renonça à ses primes dues à son rang. Il mit la patrie au-dessus de son adversité avec AST en acceptant l’unité vers l’essentiel.

Barry 3, bien qu’étant fougueux et toujours sûr de lui, il emprunta la même direction pour la cause commune. Il refusa de s’inscrire dans une logique de choisir le chao que l’arrivée d’un adversaire politique au sommet une fois l’indépendance obtenue.  

C’est ainsi, que de leur entente la Guinée échappa aux scénarios nigérian et camerounais. Ce qui a permis notre indépendance d’être apaisée malgré le chemin singulier (Indépendance immédiate) qu’avait emprunté la Guinée parmi les colonies de l’AOF et l’AEF. Pour toujours continuer dans cette élogieuse direction, après indépendance ils formèrent un gouvernement d’union nationale, qui était rare à leur époque. Même si la suite ne fut agréable, nous ne devons occulter cet élément de notre histoire sous aucun prétexte. Que les pages sombres de la période post-indépendance ne soient un alibi pour gommer cette phase ni pour tronquer notre histoire commune. Surtout prenons cet exemple au quotidien pour faire avancer notre Guinée. 

Vivement une nouvelle réconciliée avec elle-même où chanter leurs noms ou les mettre ensemble, n’irritera et ne blessera aucun compatriote.

Gloire au peuple de 1958 à qui l’honneur revient en premier ressort car il rendit l’indépendance effective par les urnes avec un score soviétique.

Hommages aux compagnons de l’indépendance sans exception. Mention spéciale à Ahmed Sékou Touré, Barry Diawadou et Barry 3.

Halimatou Baldé

Halimatou Baldé, Professeure d’Histoire au secondaire et écrivaine

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