Conakry : les écoles franco-arabes interpellent les nouvelles autorités

L’Union des écoles franco-arabes de Guinée, en collaboration avec le Club de littérature arabe en Guinée et l’Association des élèves et étudiants arabophones de Guinée, a célébré en différé samedi dernier, 9 octobre 2021, les 63 ans d’indépendance de la Guinée. La cérémonie s’est déroulée au quartier Simabossia, dans la commune de Ratoma. Et, elle a été mise à profit pour évoquer les problèmes auxquels les cadres, enseignants, élèves et étudiants diplômés des écoles franco-arabes sont confrontés. L’union des écoles franco-arabes de Guinée a également profité de cette occasion pour dénoncer la « stigmatisation » dont les cadres arabophones sont victimes dans l’administration et dans les organes de prise de décision, rapporte un journaliste que Guineematin.com avait dépêché sur place.

En célébrant en différé la fête qui commémore l’accession de la Guinée à la souveraineté nationale (le 02 octobre 1958), l’Union des écoles franco-arabes de Guinée compte surtout s’affirmer et dénoncer « l’abandon » dont les cadres arabophones sont victimes dans notre pays. Car, selon Kalil Mohamed Koné, enseignant franco-arabe, la Guinée regorge plusieurs cadres qui ont étudié dans les plus grandes universités du monde. Mais, ces cadres ne sont pas mis en valeur dans notre pays ; alors qu’ils sont capables d’apporter une importante contribution à l’édification d’une Guinée émergente et épanouie.

Mohamed Kalil Koné

« On a vu que nous les arabophones avons besoin de beaucoup de choses. C’est pour cela qu’on s’est réuni entre nous pour discuter. Nous les arabophones, on doit participer au développement de la Guinée, en profitant des 63 ans d’indépendance. On veut montrer aux nouvelles autorités qu’on est capable de faire beaucoup de choses sur le plan politique, sur le plan économique et dans d’autres affaires courantes dans notre pays. Aujourd’hui, il y a beaucoup de jeunes talentueux sur le marché de l’emploi, ils ont étudié dans de grandes universités ailleurs comme en Arabie Saoudite, Turquie et dans les pays du Maghreb. Mais, ils ne sont pas approchés par les autorités pour discuter avec eux et leur demander leurs problèmes. On a beaucoup de propositions à montrer à ces autorités. Nos parents qui ont étudié au temps du régime Sékou Touré ont fait beaucoup de choses dans le sens du développement de notre pays. Mais, pourquoi aujourd’hui les arabophones sont oubliés ? On ne s’intéresse pas à eux. Nous voulons être associés. On n’a rien à envier à ceux qui ont étudié le français. On veut s’associer à eux pour travailler et collaborer. On ne peut pas se séparer d’eux, on ne veut pas de stigmatisation. On veut juste que l’idéologie qui se trouve aujourd’hui sur le terrain change. Il faut que les gens arrêtent de penser que ceux qui ont étudié l’arabe doivent aller dans les mosquées ou dans les écoles pour enseigner. Il y a bien de choses qu’on peut faire dans l’administration, dans tous les domaines. Au ministère des affaires étrangères, les consulats ainsi de suite », a indiqué Mohamed Kalil Koné. 

Dans le même sillage, Mohamed Sékou Keïta, le président de l’Union écoles franco-arabes de Guinée, a fustigé « l’interruption des bourses d’études » que l’État octroyait aux lauréats des écoles franco-arabes. Il a aussi dénoncé les préjugés dont les cadres arabophones sont encore victimes dans notre société.

Mohamed Sékou Keïta, président de l’Union écoles franco-arabes

« C’est suite au 63 ans d’indépendance de la Guinée que nous organisons cet événement. Nous avons étudié en Guinée et nous voulons aider notre pays. Nous voulons apporter quelque chose à la Guinée. Il y a très longtemps qu’on se plaint pour la cause des élèves des écoles franco-arabes. Depuis 2012, la bourse d’études que recevaient les lauréats est bloquée et interrompue. Il y a certaines écoles en Guinée qui enseignent 4000 élèves. Mais, le gouvernement guinéen n’a pas besoin d’eux. L’année dernière, 700 élèves sont entrés à l’université. Imaginez, durant 5 ans, 700 élèves entrent à l’université chaque année, il y aura combien de diplômés sur le marché ? Le gouvernement n’a pas besoin d’eux. Ce n’est pas bon. On en a assez parlé avec les anciennes autorités, mais rien n’a changé. Certains considèrent les arabophones comme des terroristes. Nous demandons aux nouvelles autorités de tenir compte de nos revendications. Parce que c’est nous tous qui allons construire la Guinée. On prie pour les nouvelles autorités pour que les choses aillent mieux », a dit Mohamed Sékou Keïta. 

Au-delà de la commémoration de l’an 63 de l’indépendance guinéenne, l’union écoles franco-arabes de Guinée a fait de cette fête une journée de sensibilisation et de concertation à travers trois thématiques. 

Ibrahima Mansaré

« L’historique et l’apprentissage de la langue arabe de l’indépendance à nos jours. Deuxièmement, on a connu de grandes écoles littéraires et scientifiques de langue arabe en Guinée. C’est de répertorier ces gens qui ont effectué ces travaux culturels et surtout scientifiques et littéraires, à travers leur plume, qui sont des poètes en langue arabe. Troisième thématique, aujourd’hui nous constatons et c’est un cas général par rapport à la baisse de niveau. Que ça soit au niveau des écoles françaises et franco-arabe. C’est de faire un diagnostic général par rapport à ce problème là et quelles sont les pistes de solution qu’on peut apporter afin de redorer l’image de l’école guinéenne », a laissé entendre Ibrahima Mansaré, porte parole de l’union des écoles franco-arabes de Guinée et consultant en finance islamique.

Mohamed Guéasso Doré pour Guineematin.com

Tel : 622 07 93 59

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