Cellou et Sidya ou ce duo qui dérange tout le temps

Quand Alpha Condé déclare pendant sa campagne pour le troisième mandat qu’il ne laissera pas le pays entre les mains des bandits, nul ne pouvait imaginer que ce discours du vieil homme était prémonitoire. Au moment où l’ancien président a fait cette déclaration beaucoup de personnes avaient estimé qu’il faisait allusion aux anciens Premiers ministres. Plus particulièrement au duo Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré. Avec le recul, on se rend compte que, sans le savoir, les hommes auxquels il faisait allusion n’étaient d’autres que ses propres compagnons.

Les anciens Premiers ministres ont donné de l’insomnie au vieil homme jusqu’à sa chute. Cette chute était censée mettre fin à l’hostilité entre les protagonistes. Et pourtant, même après leur descente aux enfers, les partisans du régime déchu continuent à combattre les anciens Premiers ministres. C’est dans cette logique qu’il faudrait voir le débat autour de deux sujets qui défraient actuellement la chronique.

Le premier sujet est relatif à la durée de la transition. Pour les partisans de l’ancien régime, plus la transition dure plus les portes du palais Sékoutouréya se ferment pour les deux anciens Premiers ministres. Ils pensent que le temps va défavoriser les deux hommes qui seront devenus tous septuagénaires. Pour ce premier groupe, éliminer des adversaires politiques par les textes de loi serait moins facile que par leur état physique et mental. D’où, pour eux, la nécessité de faire durer le plus longtemps possible la transition afin que la nature fasse son travail.

Le deuxième sujet qui polarise l’attention est le rajeunissement de la classe politique. Mais l’objectif est le même. Ce sont les approches qui sont différentes. Contrairement au premier groupe, qui souhaite éliminer les adversaires de manière plus subtile, le deuxième ne va pas par quatre chemins pour atteindre son objectif. Pour cet autre groupe, il faut tout simplement rajeunir la classe politique. Autrement dit voter des lois qui limitent l’âge pour être candidat à une élection. Notamment une présidentielle.

C’est cette fonction qui cristallise le débat. Pour ceux qui veulent empêcher les anciens Premiers ministres de diriger la Guinée, tous les moyens sont bons pour arriver à leurs fins. Reste à savoir si, l’autre duo, Doubmouya et Béavogui, va céder aux caprices des gens qui n’ont d’autres programmes de société que l’élimination des adversaires politiques plutôt gênants par leurs expériences, leurs compétences et leur rigueur dans la gestion de la chose publique.

Et pourtant, les soucis de Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo ne commencent pas avec Alpha Condé. Les deux hommes furent la bête noire des caciques du PUP durant le règne du président Conté. Devant les difficultés auxquelles il fait face après la mutinerie de 1996 qui l’a fortement fragilisé, le président Conté cède devant les pressions des partenaires de la Guinée et nomme Sidya Touré Premier ministre. Lequel contrôle en même temps les finances et le budget.

Les caciques sont furieux. L’homme, venu d’Abidjan, a mis en place un système de gestion et de contrôle qui met à l’abri l’arent public. Ils s’agitent et disent à Conté que s’il ne fait pas attention son Premier ministre prendra sa place. La réaction de l’officier est immédiate. Il dépouille Sidya de l’essentiel de ses prérogatives avant de le limoger.

Les mêmes causes entrainant les mêmes effets, le chef de l’Etat est toujours acculé par les partenaires pour nommer un technocrate à la tête du gouvernement. Entre temps, Cellou Dalein a fait ses preuves à la tête de certains départements ministériels. Le choix de Conté porte sur lui. Mais le pouvoir de nuisance de l’entourage a plus qu’augmenté. Cet entourage n’entend pas obéir au nouveau Premier ministre. Ce dernier subira le même sort que Sidya. Surtout quand il a la témérité de faire signer un décret au chef de l’Etat lui donnant les pleins pouvoirs. Conté, qui a commencé à faire une chose le matin et son contraire le soir, revient sur son décret. Il va plus loin en limogeant son Premier ministre pour « faute lourde ».

Il est inutile de dire qu’Alpha Condé, en tant que principal opposant au régime, a suivi toute cette situation de très près. A sa prise du pouvoir, il savait qui, dans l’entourage de Conté, est à même de l’aider à neutraliser voire déstabiliser les anciens Premiers ministres. C’est principalement à cause du duo Cellou et Sidya que certains responsables du PUP se sont fait une place au soleil durant le règne du RPG qu’ils ont réprimé autrefois. Et parfois dans le sang. Pour Alpha Condé c’était la fin qui justifiait les moyens.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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